Guerre en Éthiopie : l'ONU évacue, Abiy Ahmed sur le front

L'ONU va évacuer d'ici le 25 novembre les familles de ses employés internationaux en Éthiopie. La France appelle ses ressortisants à quitter "sans délai" le pays. Les combats ses rapprochent de la capitale après plus d'une année de guerre entre forces gouvernementales et rebelles dans le nord du pays.
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Des soldats de l'armée éthiopienne montent au front. Les insurgés ne seraient plus qu'à 190 kilomètres de la capitale.
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Un document interne des services de sécurité de l'ONU, daté de lundi et consulté demande à l'organisation de "coordonner l'évacuation et d'assurer que tous les membres éligibles des familles du personnel recruté à l'étranger quittent l'Ethiopie au plus tard le 25 novembre 2021."

L'ONU évacue, la France demande à ses ressortissants de quitter le pays


Parallèlement, "tous les ressortissants français sont formellement appelés à quitter le pays sans délai", affirme l'ambassade de France à Addis Abeba dans un courriel envoyé aux membres de la communauté française.

Avant la France, plusieurs pays dont le Royaume-Uni et les États-Unis, ont exhorté leurs citoyens à quitter l'Éthiopie.

L'ambassade française, qui dit prendre cette décision au vu de "l’évolution de la situation militaire", ajoute prévoir de faciliter le départ des ressortissants sur des vols commerciaux en réservant des sièges et "si nécessaire" d'affréter un vol charter.
Selon l'ambassade, plus de 1.000 Français vivent en Éthiopie.
 

Les combats se rapprochent d'Addis Abeba


Le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé début novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré afin de destituer les autorités de cette région, issues du Front de libération du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

Abiy Ahmed, Prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l'essentiel du Tigré et ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.
 

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Des soldats éthiopiens détenus par les forces insurgés.
AP



Fin octobre, le TPLF a revendiqué la prise de deux villes-clés en Amhara, se rapprochant ainsi de la capitale - ce qu'avait démenti le gouvernement éthiopien.

Le TPLF, qui s'est allié avec un groupe rebelle oromo actif dans la région qui entoure la capitale, a affirmé cette semaine se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d'Addis Abeba. Selon des diplomates au fait de la situation sécuritaire, certains combattants rebelles auraient atteint la localité de Debre Sina, plus proche d'environ 30 km de la capitale.

Lundi 22 novembre, Abiy Ahed a dit vouloir aller sur le front pour diriger les soldats affrontant les rebelles.
 

Ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l'histoire, levez-vous pour le pays aujourd'hui. Retrouvons-nous au frontLe Premier ministre Abiy Ahmed

"Je serai mobilisé sur le front pour mener les forces armées", a déclaré le Premier ministre dans un communiqué posté sur Twitter. "Ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l'histoire, levez-vous pour le pays aujourd'hui. Retrouvons-nous au front".

Cette déclaration ne devrait pas rassurer la communauté internationale, qui a ces dernières semaines intensifié ses efforts diplomatiques pour tenter d'obtenir un accord de cessez-le-feu. Les chefs d'Etat sud-africain et kényan, Cyril Ramaphosa et Uhuru Kenyatta, ont réitéré l'appel à un cessez-le-feu lors d'une rencontre à Pretoria.

De leur côté, l'émissaire de l'Union africaine pour la Corne de l'Afrique, l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, et son homologue américain Jeffrey Feltman se sont rendus une nouvelle fois en Ethiopie jeudi dernier.

Deux millions de déplacés



Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a récemment averti des risques "d'implosion" de l'Ethiopie si aucune solution politique n'est trouvée.

Par ailleurs, des centaines de milliers de personnes sont selon l'ONU au bord de la famine au Tigré en raison du conflit, qui a également fait des milliers de morts et plus de deux millions de déplacés.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a annoncé mardi à Genève le lancement d'une "importante" opération d'aide humanitaire pour aider plus de 450.000 personnes dans le nord, à Dessie et Kombolcha.