Le 28 septembre 1958, la Guinée dit "non" au référendum du général de Gaulle sur l'Afrique-Occidentale française et s'engage sur la voie de l'indépendance. Le début d'une période compliquée pour le jeune pays, sous l'emprise de son héros et désormais président Ahmed Sékou Touré.
En 1958 un vent de revendications indépendantistes souffle sur l'Afrique de l'Ouest et les colonies françaises. Le Général De Gaulle est en tournée sur le continent et cherche à maintenir la main domination de la France sur ces pays.
Mais c'est en Guinée que la contestation est la plus forte. Malgré un accueil chaleureux des guinéens, le président français va se heurter aux velléités anticoloniales portées par le maire de Conakry Sékou Touré. S'en suivra un référendum le 28 septembre 1958 qui consacrera le "non" au maintien du pays dans l'Afrique-occidentale française.
Dans sa maison Hadja Andrée Touré est la Gardienne de l'héritage de son défunt mari, Ahmed Sékou Touré, le premier président de la Guinée. Chez elle, les photos nous racontent une histoire, celle de ce jour de 1958 lorsque la Guinée dit "non" au Général De Gaulle. C'est le discours de Sékou Touré qui marque le premier acte du processus de décolonisation.
Le discours a été remis à De Gaulle, mais il n’a pas lu le discours. Il était très sûr de lui-même parce qu’il a été bien accueilli par le peuple . C’est pour cela que je crois que cela lui a fait un choc. Hadja Andrée Touré, veuve d'Ahmed Sékou Touré
Ahmed Sékou Touré devient un héros panafricain et une figure de l'anticolonialisme.
Un héritage que sa veuve défend encore aujourd'hui bec et ongle. Mais le règne de Sékou Touré, qui a duré jusqu'en 1984, va laisser une marque indélébile sur le pays, celle du sang.
La Guinée connaît alors une répression sanglante, les opposants sont emprisonnés, certains emmenés à la Prison de Boiro à Conakry, pour être torturés. Trente ans plus tard et malgré 4 années passées en prison à la mort de son mari, Andrée Touré refuse de considérer son époux comme un tyran.
On n’amène pas quelqu’un comme cela dans un camp, s’il n’a rien fait. Tous les guinéens ne sont pas allé au camp, ceux qui ont fini dans le camp n’ont qu’à se poser la question pourquoi.Hadja Andrée Touré, veuve d'Ahmed Sékou Touré
Beaucoup ne partagent pas cette vision. Djibril Tamsir Niane est considéré comme le plus grand historien de la Guinée, la mémoire de son pays. Pour lui, le visage sanguinaire du régime Touré ne peut pas être occulté par le mythe de l'indépendance. Cette face sombre de l'histoire, il est nécessaire pour lui de la raconter, quitte à se heurter à la légende de l'indépendance.
On est parti de la révolution avec Sékou Touré et on a débouché sur une dictature sanglante. Il y a eu des centaines, de milliers de morts, mais le nombre est difficile à connaître. Mais ce qui est sûr c’est que toute la Guinée était concernée. Hadja Andrée Touré, veuve d'Ahmed Sékou Touré
Des vérités qui doivent être mises sur la table pour mieux en effacer les stigmates.
Comme ceux laissés sur le pont de Kaka à Coyah, où se trouve toujours les cordes qui ont servi à pendre les opposants. Aucun chiffre officiel n'existe mais ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont été tués pendant cette époque.
Désormais en Guinée, un lent travail de mémoire commence pour donner leur place à ces victimes.