Fil d'Ariane
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- Guinée-Bissau : l'armée recherche les commanditair...
L'armée de Guinée-Bissau a lancé mercredi 2 février une vaste opération pour retrouver les commanditaires et les protagonistes de la tentative de coup d'État qui a eu lieu mardi 1er dans le pays. Selon un responsable militaire, ces opérations de recherche sont menées y compris au siège du gouvernement
La vie a prudemment repris son cours dans la capitale Bissau, ont constaté des correspondants de l'AFP. Les commerces et les banques ont rouvert, mais les militaires patrouillaient dans les environs du palais du gouvernement et en interdisaient l'accès.
Noelho Barboza, un habitant de Bissau de 27 ans, se désole de cet énième coup de force dans l'histoire agitée de la Guinée-Bissau. Ce petit pays ouest-africain de deux millions d'habitants a connu depuis son indépendance en 1974 quatre putschs (le dernier en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d'Etat et une instabilité gouvernementale chronique.
(Re)voir : Guinée Bissau : l'instabilité politique du pays illustrée par une nouvelle tentative de coup d'État
Noelho Barboza se souvient de l'assassinat de l'ancien président João Bernardo "Nino" Vieira en 2009 et redoute que "la prochaine" ne soit "la bonne" pour l'actuel chef de l'exécutif. "Il n’y aura plus de confiance de la part des investisseurs. Ces événements ramènent encore la Guinée-Bissau cinq ans en arrière. [Et ils ]risquent de la mener à une autre guerre civile", s'inquiète-t-il.
Les nouvelles venues de Bissau ont immédiatement fait penser à la série de coups d'États dont l'Afrique de l'Ouest est le théâtre depuis août 2020, à deux reprises au Mali, dernièrement au Burkina Faso et entre-temps en Guinée.
Mais, contrairement à ces pays où certains ont agi par exaspération face aux violences djihadistes ou aux abus du pouvoir, rien n'est venu accréditer chez les assaillants en Guinée-Bissau une volonté de prendre les commandes pour de telles raisons.
Les causes de l'attaque restent donc l'objet de spéculations: passage à l'action d'hommes dont Umaro Sissoco Embalo gênerait les trafics, jalousies militaires, rivalités politiques, voire un mélange de tout cela ?
Dans l'un des pays les plus démunis au monde prospèrent les trafics, de bois et de drogue. La Guinée-Bissau est considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe. Les élites accaparent historiquement les richesses et la corruption est répandue. Les bonnes places sont rares et disputées, y compris au sein de l'armée qui joue un rôle prééminent et opaque.
Vincent Foucher, chercheur au Centre nationale de recherche scientifique français (CNRS), conjecture que le président, ancien général, aurait pu fâcher du monde en voulant affirmer son autorité sur l'armée.
L'analyste sénégalais Babacar Justin Ndiaye évoque, lui, "un cocktail de divergences au sommet de l'État", en premier lieu entre le président et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam. Le tout sous une Constitution depuis longtemps critiquée en ce qu'elle favorise les crispations. Il mentionne aussi auprès de l'AFP le désaccord entre le chef de l'État et le parlement sur le partage des ressources pétrolières à la frontière avec le Sénégal.
#GuinéeBissau | La France condamne fermement la tentative de coup de force intervenue hier contre le président Umaro Sissoco Embaló. Elle appelle au respect de l'ordre constitutionnel et exprime son soutien aux institutions démocratiques.
— France Diplomatie (@francediplo) February 2, 2022
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La France a de son côté condamné "fermement" la tentative de coup d'État et a exprimé son appui au respect des institutions démocratiques. Dans ce communiqué, "elle appelle au respect de l'ordre constitutionnel et exprime son soutien aux institutions démocratiques bissau-guinéennes".