Au terme d'années de rebondissements multiples et souvent sanglants, plus de cinq millions d'électeurs guinéens (Guinée dite "Conakry") sont appelés aux urnes ce samedi 28 septembre 2013 pour l'élection de leur parlement, trois ans après une présidentielle qui avait donné une courte victoire - reconnue par son principal adversaire - à Alpha Condé. Entre violences et rumeurs de coups d'Etat, le contexte est très tendu.
Au soir du 28/09, le point avec Olivier Rogez de Radio France Internationale
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Ouverture des bureaux de vote
La correspondance d'Oliviez Rogez de Radio France Internationale
28.09.2013
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Présentation du scrutin
27.09.2013
Une trentaine de partis et près de 1800 candidats sont en lice pour 114 sièges de députés. Les législatives auraient dû avoir lieu dans les six mois suivant l'investiture, en décembre 2010, du président Alpha Condé. Mais faute de consensus sur leur organisation, elles ont été reportées à plusieurs reprises. Supposé confirmer la transition démocratique du pays, le scrutin apparaît aussi comme un "troisième tour" pour les perdants de justesse de la présidentielle de 2010 - celle-ci s'était jouée entre les formations d'Alpha Condé, le RPG, en quête de majorité pour avoir une liberté de gestion jusqu'à la fin de son mandat, en 2015, et l'UFDG de Cellou Dalein Diallo, en quête de revanche. Tour d'horizon des principaux partis en présence :
Rassemblement pour la Guinée - Arc-en-ciel
Le bloc du Président Alpha Condé
Issu du Mouvement National Démocratique qui, dans la clandestinité, s'était opposé naguère au "père de l'indépendance" Sékou Touré, le RPG (Rassemblement du Peuple Guinéen) est très implanté dans la communauté malinké mais aussi étroitement lié à la trajectoire de celui qui fut son président avant de devenir celui du pays : Alpha Condé. Celui-ci, dans les années 90, fut un opposant virulent de la dictature de Lansana Conté et, à deux reprises, son concurrent à des scrutins présidentiels. Emprisonné près de deux années, il s'est alors réfugié en France avant de se présenter une nouvelle fois - après le décès de Conté et l'épisode Camara - en 2010. Malgré un résultat médiocre au premier tour (18 % des voix), il est élu au second tour - grâce à des ralliements et contre toute attente - contre Cellou Dalein Diallo (43 % des voix au premier tour). Une défaite du parti présidentiel serait évidemment préoccupante pour lui.
L'Union des forces démocratiques de Guinée
Pour Cellou Dalein Diallo
Fondée en 1991 à la faveur de l'avènement du mutipartisme, l'U.D.F.G. (Union des forces démocratiques de Guinée) fut longtemps l'une des principales forces d'opposition du pays. Quoique ancien Premier ministre de Lansana Conté, Cello Dalein Diallo la rejoint en 2007 et en devient le président. Arrivé largement en tête de l'élection présidentielle de 2010 (43 % des voix), il est battu de peu au second tour par Alpha Condé, dont il reconnait la victoire avec une élégance assez rare mais peut-être aussi la sagesse d'attendre le tour suivant. Les législatives qui s'apparentent pour certains à un troisième tour lui offrent, ainsi qu'à son mouvement très implanté notamment dans la capitale et dans la population peule, l'occasion de confirmer sa place prépondérante.
L'Union des Forces Républicaines
Le mouvement de Sidya Touré
L'Union des forces républicaines (UFR) existe depuis 1992, et se situe dans l'opposition au président guinéen. Son président et fondateur, Sidya Touré, fut Premier ministre de Guinée de 1996 à 1999. Candidat en 2010 à l'élection présidentielle, il avait obtenu 13 % des voix, surtout récoltées en Guinée côtière parmi les populations soussou. Il avait appelé à voter pour Celou Dalein Diallo au second tour. L'un des slogans de ses partisans : "pardon, Sidya Touré, on s'est trompé".
Le Parti de l'espoir pour le développement national (P.E.D.N.)
Les partisans de Lansana Kouyaté
Ancien premier ministre, Lansana Kouyaté était candidat à la présidentielle de 2010. Il avait soutenu Alpha Condé lors du second tour face à son challenger Cellou Dalein Diallo, avant de rejoindre les rangs de l'opposition.Le PEDN milite désormais au sein d'une nouvelle alliance centriste dénommée "Agir ensemble pour la Guinée" aux côtés de l'ancien premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré.
et aussi...
Union nationale pour le renouveau (UNR), Nouvelles forces démocratiques (NFD),Union pour le progrès de la Guinée (UPG), Union des Forces Patriotiques (UFD), Guinée Pour Tous (GPT), Parti de l'unité et du progrès (PUP)...
Rumeurs de coup d'Etat émanant de l'étranger...
26.09.2013Sur le plateau de TV5monde
Rumeurs ou pas, un homme est pointé du doigt... Un milliardire franco-israélien qui serait au centre d'une tentative de déstabilisation. Pour en parler sur le plateau du JT de TV5MONDE, Abdoulaye Baïlo Diallo, porte-parole de l'UFDG, et Gaëlle Arenson, rédactrice en chef d'Africa Mining Intelligence.
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Scrutin “dans des conditions très agitées“
25.09.2013Avec AFP
Le ministre guinéen de la Sécurité, Madifing Diané, a estimé que les législatives prévues samedi risquaient de se dérouler dans la violence, après une campagne marquée par des heurts ayant fait au moins un mort et plus de 70 blessés. Le scrutin "s'annonce dans des conditions très agitées", a-t-il affirmé. Il a mis en cause, sans les nommer, des membres de l'alliance formée autour de l'UFDG dirigée par Cellou Dalein Diallo et principale formation d'opposition au parti du président Alpha Condé, le RPG - Alpha Condé avait été élu au second tour de la présidentielle en 2010 face à Cellou Dalein Diallo. Il y a "des hommes politiques de l'UFDG qui sont à l'étranger orientent et manipulent" des membres de l'opposition, a-t-il dit, en disculpant implicitement Cellou Dalein Diallo et des chefs de partis qui lui sont alliés. Cellou Dalein Diallo a réagi : "Je ne me sens pas concerné. Les Guinéens sont habitués à cela. Chaque fois qu'on veut éliminer un adversaire gênant, on agite le complot", a-t-il soutenu. L'histoire du pays, devenu indépendant de la France en 1958, est marquée par les violences politiques, militaires ou ethniques. Et dans certains milieux, on exprime des craintes de troubles pendant et surtout après les élections, même si le ministre de la Sécurité a fait part de la bonne foi du gouvernement en faveur de l'apaisement. "Nous ne serons jamais une force de répression. Nous ne nous engagerons jamais dans la tuerie. C'est le piège qui nous est tendu", a-t-il assuré.
Menaces contre la Guinée à la veille des élections
25.09.2013Avec AFP
"La Guinée est en danger, mais (...) la ficelle est tirée de l'extérieur et quelques politiques qui ont dérapé de leur option politique sont au coeur de cette agitation", a déclaré M. Diané, ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection civile. C'est en recevant une délégation de la Francophonie en présence de la presse que Madifing Diané a évoqué ces menaces émanant de l'étranger. De fait, dans son édition de mercredi, l'hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné indiquait que des notes de services secrets américains CIA et français DGSE annonçaient "un coup d'Etat à Conakry". Ce projet serait préparé par "des mercenaires français, sud-africains et israéliens, disposant de relais à Paris et en Afrique et soutenus par un 'roi du diamant'". "Les troubles pourraient être déclenchés dès la semaine prochaine", a écrit Le Canard enchaîné. Interrogé sur ces informations, M. Diané a décliné tout commentaire. "Ce sont des services plus structurés que les miens, la CIA et les services français, qui font allusion à ça", a-t-il simplement dit, ajoutant: "Il serait prétentieux de ma part (...) de dire que nous maîtrisons toute la situation." Selon Le Canard enchaîné, ce projet de déstabilisation est nourri par des convoitises sur les richesses minières importantes que recèle le sous-sol guinéen. Premier pays exportateur mondial de bauxite, la Guinée possède des gisements de minerai de fer, d'or, de diamant et de pétrole. Mais d'après les Nations unies, plus de la moitié de ses onze millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.