Fil d'Ariane
Aissatou Diallo est une survivante du massacre du 28 septembre. Douze ans après jour pour jour, elle demande que justice soit faite dans des propos tenus devant la Fédération internationale des droits de l'homme. "Cette année doit être la dernière commémoration avant la justice. Il est impérieux que le procès soit organisé et que les réparations soient accordées avant que toutes les victimes ne meurent », espère cette survivante.
Il est impérieux que le procès soit organisé et que les réparations soient accordées avant que toutes les victimes ne meurent
Aissatou Diallo, survivante du massacre du 28 septembre
Ce massacre avait suscité l'émotion de la communauté internationale. Le parlement européen avait qualifié cet acte de "crime contre l'humanité".
En effet, ce 28 septembre 2009, le Forum des forces vives de Guinée, un regroupement d'ONG et de partis d'opposition, organise un rassemblement dans le principal stade de Conakry. Des milliers de personnes sont présentes et manifestent contre la décision du chef de la junte militaire Moussa Dadis Camara de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Le pouvoir envoie ses troupes d'élite, les bérets rouges sur place. L'intervention des militaires tourne au carnage.
Le massacre du 28 septembre, un acte prémédité
Commission d'enquête de l'ONU
Plus de 1500 personnes sont bléssées. Plus de 150 opposants sont tués. Plus d'une centaine de femmes sont violées. L'ONU met en place une commission internationale d'enquête. Elle conclut que ce que les Guinéens appelent "le massacre du 28 septembre" était bien un "acte prémédité" par la junte militaire. La France suspend sa coopération militaire. Isolée la junte militaire est en proie à des divisions.
Le 3 décembre 2009, Moussa Dadis Camara se rend au camp militaire de Koundara, ou se trouve le chef de la garde présidentielle, Aboubacar Sidiki Diakité. Ce dernier tire sur Moussa Dadis Camara, le blessant. Le chef de la junte quitte le pays et se réfugie au Maroc. Il part ensuite en exil au Burkina Faso.
Après une présidence par intérim, le pays connaît donc des élections démocratiques. Alpha Condé, opposant alors de la junte militaire est élu. Il promet lors de son élections aux victimes des poursuites contre les auteurs du massacre.
Plus de 392 victimes se constituent partie civile. Treize personnes sont inculpées en 2010 dont le chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara. Le procès est cependant plusieurs fois ajourné. Le pouvoir en place estime que l'ampleur et l'envergure du procès prennent du temps
En 2018, un comité de pilotage est finalement mis en place pour trouver un lieu adéquat pour la tenue de ce procès. Un bugdet est avancé. Il coûtera plus de 7 millions d'euros. La France et les États-Unis proposent une aide financière mais rien ne bouge.
L'ouverture de ce procès serait un signal fort, démontrant la volonté des autorités de placer le respect des droits humains et la lutte contre l'impunité au centre de leurs priorités
Six ONG de défense des droits humains
Six ONG de défense des droit humains dont Amnesty International et Human Rigts Watch et la FIDH demandent aujourd'hui la tenue d'un procès le plus rapidement possible. "Alors que la Guinée s'engage dans un processus de transition politique (...) l'ouverture de ce procès serait un signal fort, démontrant la volonté des autorités de placer le respect des droits humains et la lutte contre l'impunité au centre de leurs priorités", soulignent les ONG dans un communiqué.
Pour l'instant la junte militaire dirigée par le colonel Doumbouya n'a pas encore donné de reponse.
Revoir : Guinée : les oubliés du massacre du 28 septembre 2009