Fil d'Ariane
Des heurts ont éclaté entre des jeunes et les forces de sécurité, ce 10 mai, lors de manifestations contre le gouvernement de transition à Conakry. Selon un bilan provisoire, il y a eu huit blessés parmi les manifestants et deux parmi les forces de l'ordre.
À l'appel de l'opposition, notamment de la coalition des Forces vives de Guinée (FVG) les manifestations contre le gouvernement de transition ont repris en Guinée-Conakry.
Des groupes de jeunes très mobiles ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre qui répliquaient en lançant des gaz lacrymogènes dans plusieurs quartiers de la capitale. Des témoins ont rapporté auprès de l'AFP des manifestations à Labé (nord) et à Nzérékoré (sud-est).
Il y a eu deux blessés parmi les forces de l'ordre et huit parmi les manifestants, bilan qui pourrait s'alourdir à lire certains témoins sur twitter.
Les Forces vives de Guinée (FVG), une coalition des principaux partis, de syndicats et d'organisations non gouvernementales, avaient repris contact avec la junte et renoncé à ces manifestations pour donner une chance de succès à une médiation d'autorités religieuses.
Échec de la médiation
Mais le 28 avril, la coalition des FVG a estimé que cette tentative s'était soldée par un échec, comme le dit son communiqué :
"Compte tenu de cet échec imputable aux autorités, les FVG après avoir répondu à toutes les demandes faites par les chefs religieux pour favoriser le dialogue sans succès, décident de se retirer de ces consultations improductives et de reprendre les manifestations dans les rues et sur les places publiques".
Elles réclament l'ouverture d'un dialogue crédible en vue d'un retour rapide des civils à la tête du pays, la levée de l'interdiction de toute manifestation instaurée par la junte en 2022 et la libération de leurs membres emprisonnés ainsi que l'arrêt de ce qu'elles dénoncent comme un "harcèlement" judiciaire exercé par les autorités. Il s'agit de trois figures de la société civile, Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah.
La junte s'est dite prête à libérer Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah et à lever les mesures de contrôle judiciaire imposées à un certain nombre d'opposants, a indiqué la médiation dans un communiqué. Les avocats des trois hommes ont cependant rapporté que la junte conditionnait leur libération à un abandon de leur engagement de leur part, ce qu'ils ont refusé.
Les militaires se sont engagés sous pression internationale à rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps de mener de profondes réformes, disent-ils.
Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation Mory Condé affirmait le 28 avril dernier que la Guinée avait besoin de 5.812 milliards de francs guinéens (plus de 610 millions d'euros) pour financer le processus de retour des civils au pouvoir et "poser les jalons d’un développement socioéconomique durable".
Le 27 avril, le chef de la junte, le colonel Mamadi Dumbouya, a dissous par décret le Bataillon chargé de la sécurité présidentielle (BSP), donc de sa propre sécurité, sans donner d'explications. La veille, il avait limogé le patron des renseignements militaires.