Guinée : la CEDEAO suspend la Guinée "de toutes ses instances de décision"

Les dirigeants des Etats ouest-africains (Cédéao) ont suspendu la Guinée de leur organisation régionale à la suite du coup d'Etat militaire de dimanche, mais se sont gardés de mesures économiques en attendant l'envoi d'une mission diplomatique.
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Coup d'état en Guinée - la junte salue le drapeau
Sur cette capture d'écran de la télévision guinéenne, le chef de la junte le Colonel Mamady Doumbouya salue les cadres de l'armée du pays le 7 septembre à Conakry. En signe de bonne volonté, la junte a libéré 80 prisonniers ce mercredi 8 septembre.
© Radio Télévision Guinéenne via AP
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Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont tenu ce mercredi 8 septembre après-midi un sommet virtuel sur ce que le chef de l'Etat ghanéen Nano Akufo-Addo a qualifié de "violation claire de notre charte sur la bonne gouvernance".

La Cédéao n'avait pas publié son communiqué en fin d'après-midi.

L'instance a pris une première sanction politique en suspendant la Guinée "de toutes ses instances de décision", comme l'a déclaré à des journalistes à Ouagadougou le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, au sortir de la visioconférence.

Les dirigeants ont "exigé le respect de l’intégrité physique du président Alpha Condé", déposé par les putschistes dimanche, sa "libération immédiate" ainsi que celle de toutes les personnes interpellées et réclament, "très rapidement", un retour à l’ordre constitutionnel.

M. Alpha Barry n'a pas évoqué de sanction économique. Cependant, une "mission de haut niveau" sera dépêchée dès le 9 septembre en Guinée et la Cédéao réexaminera ensuite ses positions, a-t-il rajouté.

La Cédéao se retrouve dans une situation comparable à celle qu'elle a connue avec le putsch d'août 2020 au Mali voisin.

A l'époque, elle avait suspendu le Mali de l'organisation, mais aussi pris des sanctions économiques, comme l'arrêt des échanges commerciaux hors produits de première nécessité, et la fermeture des frontières. Ces sanctions avaient été levées à la suite de l'engagement des militaires maliens sur la voie d'une transition de 18 mois maximum pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d'élections.

Menaces de sanctions

Dès dimanche, la Cédéao avait brandi la menace de sanctions, sans en préciser la nature éventuelle.

Comme un an plus tôt, la Cédéao était amenée à se prononcer alors que les militaires emmenés par le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, peuvent se prévaloir d'une certaine popularité, comme en attestent les manifestations de sympathie dans différents quartiers de Conakry, encore alimentée par la libération mardi soir d'un premier groupe de dizaines d'opposants au régime déchu.

Les sanctions économiques de la Cédéao ont été très mal perçues par la population malienne éprouvée. Le contexte économique et social était très détérioré et encore plus dégradé par la pandémie de Covid-19.

Avec la Guinée, un des pays les plus pauvres de la planète lui aussi plongé dans une crise profonde, les dirigeants de la Cédéao doivent se prononcer sur un important producteur de bauxite, minerai essentiel à la fabrication d'aluminium, employé dans des industries aussi diverses que l'automobile ou l'alimentation.

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Les incertitudes sur l'approvisionnement international à la suite des évènements de Guinée ont fait monter l'aluminium à son prix le plus haut depuis 13 ans sur le marché des métaux à Londres.

Les putschistes disent avoir agi pour mettre fin à "la gabegie financière", la "corruption" et le "piétinement des droits des citoyens".

Ils ont dissous le gouvernement et les institutions et aboli la Constitution qu'avait fait adopter M. Condé en 2020 en invoquant ce changement de loi fondamentale pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang.

80 détenus libérés

Les putschistes ont promis une "concertation" nationale en vue d'une transition politique confiée à un futur "gouvernement d'union nationale". Mais ils n'ont pas fourni plus de précisions pour le moment, ni donné de calendrier. Aucune information n'a été fournie sur Alpha Condé, sinon qu'il était en bonne santé et bien traité.

Le nouvel homme fort du pays s'est employé à rassurer les investisseurs et ses concitoyens en affirmant que les nouveaux dirigeants respecteraient tous les engagements internationaux et miniers et ne se livreraient pas à une "chasse aux sorcières"

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Mardi 7 septembre dans la soirée, très symboliquement, la junte a fait libérer près de 80 détenus, dont plusieurs des principales figures de la contestation contre Alpha Condé, sortis de la prison civile de Conakry sous les vivats de leurs partisans et de leurs proches.

Aucun décès lié au putsch n'a été rapporté officiellement. Mais des médias guinéens ont fait état d'une dizaine à une vingtaine de morts dans les rangs de la garde présidentielle, des informations invérifiables faute d'accès aux hôpitaux.