Guinée : la réinsertion des personnes handicapées

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Une journée mondiale était dédiée ce mardi 3 décembre aux personnes handicapées. En Guinée, certaines font la mendicité dans les rues de la capitale. Mais d'autres ont rejoint une association où ils travaillent. Couture, tricot, cordonnerie et même musique et danse. Un moyen de contrer les préjugés. Reportage. 
 
Il a fait cela toute sa vie... S'installer à un carrefour passant de la capitale pour mendier. Mamadou est né avec les deux pieds paralysés. 

"Dieu n'a pas permis que j'obtienne le soutien du gouvernement d'abord, nous raconte Mamadou Sadio Baldé. Peut-être que ça se fera, qui sait. Mon fauteuil roulant, je l'ai eu grâce à ma belle famille. Il était destiné à un membre de la famille victime d'accident, mais il ne l'a pas utilisé. Alors il me l'a donné. Je gagne ma vie grâce aux dons que je reçois des passants. Mendier, c'est toute ma vie."

Comme lui, ils sont nombreux à ne vivre que de ça. Aucune aide de l'Etat n'est prévue pour les personnes handicapées. Une défaillance du système qu'Ibrahima tente de réparer depuis des années. Lui aussi est handicapé. En 2012, il monte une association : "Action pour le Futur des personnes handicapées de Guinée". Ici, couture, tricot, et cordonnerie sont au programme. De quoi gagner sa vie. Et créer du lien.

"Grâce à cette ONG, certains qui sont parmi nous aujourd'hui qui faisaient la mendicité avant mais qui ne font plus la mendicité, ne veulent plus voir un handicapé qui fait la mendicité", raconte Ibrahima Diané, président fondateur de AFHAG.
 

Stigmatisation au quotidien

Le travail est au coeur de son action. Comme une dizaine d'autres membres, Mama Camara, membre de l'association,  a appris le tricot et la couture.  "Je ne pouvais pas rester à la maison et ne rien faire, il faut apprendre quelque chose, car le handicap, c'est les pieds, pas la tête."

Elle regrette la stigmatisation dont elle est victime au quotidien malgré son métier de couturière. "Cette journée représente pour moi un jour de joie car ça a été décrété pour nous personnes handicapés, pour que nous aussi on ne se sentent pas écartées, raconte Ibrahima Diané."

Pour cette journée, répétition d'un spectacle, danse et percussion sont au programme. Tous ici espèrent un jour obtenir une aide concrète du gouvernement.

Au département de l'action sociale justement, des projets sont annoncés. Une loi vient d'être votée et promulgée contre les préjugés.

"Notre combat, c'est d'aider la société guinéenne à être consciente de ses droits, explique Mohamed Diaby, directeur national adjoint au ministère de l'Action sociale. Nous pensons que lorsque les gens vont être conscients de l'existence de ces droits, ils vont être enclins à accpeter et ce que nous recherchons."

Plus de 160 mille personnes vivent avec un handicap en Guinée. Très peu arrivent à s'insérer dans la société.