Guinée : le pouvoir militaire interdit quatre médias

Les militaires au pouvoir ont interdit, mercredi 22 mai, quatre radios et une télévision privées très suivies dans le pays. Il s’agit d’un nouveau tour de vis dans un contexte de sévères restrictions sur la liberté d'informer.

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Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, surveille un défilé militaire organisé à l'occasion de la fête de l'indépendance à Bamako, au Mali, le 22 septembre 2022.

Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, lors d'un défilé militaire organisé à l'occasion de la fête de l'Indépendance à Bamako, au Mali, le 22 septembre 2022.

AP
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Les autorités militaires guinéenes ont retiré les agréments d'exploitation des radios FIM FM, Radio Espace FM, Sweet FM, Djoma FM et de la télévision Djoma TV, selon un arrêté du ministère de l'Information. Il invoque un "non-respect du contenu des cahiers des charges", sans plus de précision.

"La répression des médias doit cesser !", s'est insurgée Reporters sans frontières (RSF). L’organisation non gouvernementale rappelle que les autorités se sont engagées auprès d'elle à débloquer "une situation déjà dramatique" pour les médias.

Quatre stations de radios privées font l’objet d’un brouillage constant depuis novembre 2023, trois chaînes de télévision privées sont quasiment inaccessibles, et au moins trois sites d’information ont été bloqués pendant plusieurs semaines sans explication en 2023, rappelle l'ONG sur son site internet.

En outre, les autorités ont également imposé, fin 2023 et début 2024, des restrictions d'accès à internet. Elles ont évoqué un problème de "sécurité nationale", et détenu un responsable syndical de la presse pendant plus d'un mois, à l'origine d'une grève générale.

Le pays est classé 78ème sur 180 pays dans le classement 2024 de RSF pour la liberté de la presse.

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Manifestations interdites

Le pouvoir militaire a aussi interdit toute manifestation depuis 2022. Il a fait arrêter, engagé des poursuites ou poussé à l'exil un certain nombre de dirigeants de l'opposition. La répression des manifestations y a fait au moins 47 morts depuis 2021, selon un rapport d’Amnesty International publié en mai 2024.

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Les militaires ont pris le pouvoir par la force en 2021. Elle avait accepté, sous la pression de la Communauté des États ouest-africains (Cédéao), de laisser la place aux civils d'ici la fin 2024, au terme d'une période dite de "transition" au cours de laquelle elle disait vouloir mener de profondes réformes.

Mais le nouveau Premier ministre, Amadou Oury Bah, a reconnu ces dernières semaines que les militaires ne pourrait tenir cet objectif, comme pressenti de longue date, et qu'elle devrait rester à la tête du pays au moins jusqu'en 2025. Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, est resté silencieux sur le sujet.

Un collectif de la société civile, le Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), moteur de la contestation en Guinée ces dernières années, a menacé, mardi 21 mai, de reprendre les manifestations si le pouvoir militaire ne s'engage pas à rendre le pouvoir d'ici à la fin de l'année. Une coalition de l'opposition, l'Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (Anad), a fait la même demande samedi 18 mai.

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