Guinée : un accord de 15 milliards de dollars signé pour le gisement de fer de Simandou

Un accord-cadre de 15 milliards de dollars a été signé entre l'Etat guinéen, Winning Consortium et Rio Tinto Simfer en vue de l'exploitation de l'immense gisement de fer de Simandou (sud-est), a annoncé la télévision publique guinéenne RTG.
Image
junte conakry
Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, Conakry, 10 septembre 2021.
(AP Photo/ Sunday Alamba)
Partager3 minutes de lecture

L'accord tripartite de 15 milliards de dollars, signé vendredi soir, d'une durée de 35 ans prévoit un co-développement entre Rio Tinto avec sa filiale Simfer (bloc 3 et 4) et Winning Consortium (bloc 1 et 2) en vue de l'exploitation de l'immense gisement de fer de Simandou (sud-est).

L'anglo-australien Rio Tinto est allié à Chinalco dans une joint venture pour l'exploitation du gisement et le singapourien Winning Shipping au producteur chinois d'aluminium Shandong Weiqiao, au groupe Yantaï Port et à la société guinéenne United Mining Supply.

Simandou est un des plus vastes gisements de fer au monde, mais aussi un serpent de mer. 

(Re)lire Afrique de l'Ouest : la Cédéao maintient la pression sur le Mali, la Guinée et le Burkina Faso

Litiges sur les droits miniers

Le contrat concerne "les infrastructures, le développement minier, le port", selon Fadi Wazni responsable de Winning Consortium s'exprimant à la RTG. Il prévoit la construction d'un chemin de fer d'environ 670 km pour relier le corridor minier à un port minéralier sur la côte guinéenne au sud de Conakry.

Le chemin de fer et le port en eaux profondes devraient être terminés en décembre 2024, selon les termes de l'accord annoncé à la RTG. Et la première production commerciale devrait voir le jour au plus tard le 31 mars 2025.

L'exploitation est entravée depuis des années par les litiges sur les droits miniers, les soupçons de corruption et l'ampleur des investissements à réaliser dans une région enclavée et un pays cruellement dépourvu d'infrastructures.

Avant on avait 0% donc 0 francs. On a négocié et on a réussi a avoir 15% des rails, du port, des minesMoussa Magassouba, ministre guinéen des Mines et de la Géologie

Le 10 mars, le chef de la junte guinéenne Mamady Doumbouya avait ordonné la cessation de toute activité sur le site de Simandou, pour réclamer que les intérêts de la Guinée soient "préservés" par les exploitants.

Le ministre guinéen des Mines et de la Géologie, Moussa Magassouba, a déclaré à la RTG que l'Etat guinéen avait "négocié" avec les sociétés minières. "Avant on avait 0% donc 0 francs. On a négocié et on a réussi a avoir 15% des rails, du port, des mines", a-t-il dit.

L'ensemble du projet représente plusieurs milliers d'emplois directs.

(Re)lire : Coup d'État en Guinée : "Il n'y a pas de raison que les grands groupes miniers soient inquiets 

Le fléau de la corruption

Selon des experts, la Guinée pourrait disposer des plus importantes réserves mondiales non exploitées de fer à haute teneur, parmi d'autres ressources naturelles et minières considérables (bauxite, or, diamants, capital hydrologique), mais celles-ci n'empêchent pas le pays d'être très pauvre.

Simandou est toutefois aussi affligé par la corruption réputée chronique en Guinée.

Le colonel Doumbouya, qui s'est fait investir président le 1er octobre, a fait de la lutte contre la corruption l'un de ses grands combats.