Guinée : un référendum constitutionnel et des élections législatives fixées au 1er mars

Le président guinéen Alpha Condé a fixé au 1er mars la tenue d'un référendum constitutionnel et d'élections législatives, malgré l'intense contestation de l'opposition. Cette dernière dénonce une manoeuvre pour briguer un troisième mandat fin 2020 et annonce un boycott des deux scrutins.
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Alpha Condé, 81 ans, tenté par un troisième mandat ?
AP/ Pablo Martinez Monsivais
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Le décret présidentiel a été lu mardi 4 février sur les médias d'Etat - télévision et radios -, provoquant une série de réactions outrées de l'opposition, qui entend empêcher le bon déroulement des législatives et de cette consultation constitutionnelle.

Lundi soir, un autre décret du chef de l'Etat avait annoncé que les élections législatives, prévues le 16 février après avoir été déjà maintes fois reportées, auraient finalement lieu le 1er mars.

La tentation du troisième mandat pour Alpha Condé, 81 ans


L'annonce de la date du référendum, attendue depuis des semaines, risque d'accroître les tensions déjà vives. La Guinée est le théâtre depuis mi-octobre de protestations contre le projet prêté de longue date au président, élu en 2010 et réélu en 2015, de chercher à se succéder fin 2020. L'actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels.


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L'avant-projet de nouvelle Constitution divulgué en décembre et qui sera soumis à référendum dans moins d'un mois maintient cette limite. Mais l'opposition soupçonne que l'adoption d'une nouvelle Constitution serve à Alpha Condé de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.

Une grande partie de l'opposition boycotte le scrutin


Alpha Condé, 81 ans, dénonce l'actuelle loi fondamentale, datant de 2010, comme un "concentré d'intérêts corporatistes" comportant des "lacunes et incohérences". La communauté internationale, dont l'ONU et la France, s'inquiète des troubles dans le pays, il a récemment averti que "personne ne dicte à la Guinée ce qu'elle doit faire".

La majorité de l'opposition a décidé de boycotter et même d'empêcher la tenue du scrutin. Abdourahmane Sanoh, figure de l'oppsition, estime que le couplage des législatives et du référendum n'est qu'une "astuce pour amener davantage de personnes aux urnes".
 
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Les manifestations contre la possibilité d'un troisème mandat se sont multipliés en 2019, comme ici le 24 octobre 2019 à Conakry.
AP/ Youssouf Bah

Alpha Condé garde jusqu'ici le silence sur ses intentions, ne disant pas s'il compte se représenter à la fin de l'année. Mais l'éventualité d'un troisième mandat a fait descendre à plusieurs reprises dans la rue des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens à l'appel d'un collectif de partis d'opposition, de syndicats et de membres de la société civile, le Front national pour la Défense de la Constitution (FNDC).

Au moins 28 civils tués dans les manifestations contre le pouvoir

Le mouvement a été plusieurs fois durement réprimé et s'est accompagné de troubles à travers le pays. Au moins 28 civils et un gendarme ont été tués depuis mi-octobre. Les manifestations ont toutefois été suspendues par le FNDC.

Opposant historique qui connut l'exil et la prison, Alpha Condé a été le premier président démocratiquement élu en 2010. Son avènement a marqué l'instauration d'un gouvernement civil après des décennies de régimes autoritaires et militaires. L'opposition dénonce toutefois une dérive "dictatoriale".