Donner le sang plutôt que le verser
De ce "catalogue raisonné des armes", commissionné par le ministère français de la culture, le photographe enchaîne sur le cœur du sujet : le sang.
"One blood" est un projet qui a vu le jour il y a 4 ans. Traumatisé par tant de sang versé autour de lui depuis l’enfance, Hady Sy est aussi directement concerné par l’importance de ce liquide vitale : sa sœur Youmna souffre depuis la naissance de drépanocytose, une maladie qui la force à recevoir des perfusions régulièrement. Donner le sang plutôt que le verser, c’est l’idée maîtresse de cette exposition. "Le sang est ce qu’on a de plus précieux. Qu’y a-t-il de plus beau que le don du sang ? Peu importe nos origines et nos religions, peu importe nos différences, nous somme tous dépendants du sang. Et le sang a la même couleur pour tous."
Hady Sy décide donc de se lancer dans un tour du monde, à la rencontre de ces donneurs anonymes dont dépendent tant de vies. Du Groënland au Bhoutan, du Maroc à l’Angleterre, il sillonne le monde pour capturer ce moment de vie universel qu’est le don du sang. Et pour immortaliser les visages, afin de nous proposer aujourd’hui 366 portraits, pour la plupart en noir et blanc, accompagnés d’autant de photos de poches ou de gouttes de sang.
Sur les murs de la salle d’exposition, des chiffres, dont le photographe est fier : "276 lieux de naissance, 140 croyances religieuses différentes, 161 nationalités, 153 métiers…mais une seule couleur de sang. Dorénavant je veux travailler sur ce qui nous unit, ce qui fait qu’on se ressemble malgré notre diversité, et pas sur ce qui nous séparent les uns des autres."
Au centre de la pièce, l’artiste a créé une sorte de boîte circulaire dont les murs sont recouverts de portraits à l’extérieur, de photos de sang à l’intérieur. Deux photos sont mises en avant à l’entrée de ce petit temple : sur la droite, celle de Rita, un nouveau-né. "En général les gens ne le savent pas mais le sang contenu dans le cordon ombilical est compatible avec tous les autres. A la naissance de Rita, ses parents ont décidé de faire don de ce sang si précieux. Rita est le début de la chaîne." L’autre photo, sur la gauche, est celle de Youmna, la sœur de l’artiste. "Ma sœur dépend du sang des donneurs pour vivre, elle est le dernier maillon."