Quelle leçon tirer du verdict prononcé contre Hissène Habré ? L'avocat américain Reed Brody a longtemps bataillé pour que ce procès ait lieu et que justice soit faite. Pour lui, il y aura "un avant et un après" la condamnation à perpétuité de l'ex-dictateur tchadien.
"Aujourd’hui, j’étais assis aux côtés de Souleymane et d’autres survivants dans une salle d’audience du Palais de Justice de Dakar lorsque Habré a été condamné pour les atrocités qu’il a commises par une cour spéciale au Sénégal, pays dans lequel il profitait d’un exil doré depuis sa chute du pouvoir en 1990." extrait article de Reed Brody, site internet Human Rights Watch
Reed Brody en a fait le combat de sa vie : qu'un jour l'ex-dictateur tchadien Hissène Habré comparaisse face à ses juges, ses victimes. Aujourd'hui, il peut dire qu'il a rempli sa mission.
Trois jours après le verdict condamnant Hissène Habré à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, viols, et tortures, l'avocat américain, porte-parole de "Human Rights Watch" réagit sur le plateau de TV5monde, et répond aux questions des internautes.
A la question : est-ce une victoire pour la justice africaine, cela montre-t-il qu'elle est plus crédible aux yeux de la population pour juger ses dirigeants ? Il répond: "la particularité de ce procès, c'est qu'il s'agit du fruit d'un combat des victimes, ce procès n'a pas été imaginé par le Conseil de sécurité ou bien un procureur à La Haye, mais par les rescapés eux-mêmes. Hissène Habré, même s'il crie 'A bas la Françafrique', ne peut pas se présenter en victime, car les vraies victimes sont là, face à lui!"
Malgré le fait que les avocats de l'ancien président tchadien vont probablement faire appel, et qu'il y aura un nouveau procès, le dossier à suivre maintenant sera la réparation, via les indemnisations aux victimes. L'état tchadien doit mettre en place ces réparations, mais rien ne semble encore gagné pour les victimes et leurs proches. Une nouvelle bataille commence.