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C'est un épisode peu connu de la Libération de la France du joug nazi en 1944. Il y a 80 ans, des Algériens du 7ème régiment de tirailleurs, aux côtés de goumiers marocains, entraient dans Marseille pour libérer la ville. Au bout de trois jours de combats, 11 000 soldats allemands déposaient les armes et se rendaient à l'armée française. Retour sur l'histoire de ces libérateurs africains.
Les tirailleurs algériens montent vers le sommet de Notre Dame de la garde ce 26 août 1944.
Nous sommes les 15 et 16 août 1944. Plus de 350 000 hommes débarquent sur les côtes de Provence, non loin de Toulon. L'armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny compte un peu plus de 250 000 hommes.
Près de 150 000 d'entre eux sont des soldats africains, essentiellement du Maroc et d’Algérie. Plus de 20 000 hommes sont des tirailleurs sénégalais. 80 000 Français d'Algérie sont également enrôlés dans cette armée.
Le 19 août 1944, le général de Lattre de Tassigny reçoit l’ordre du général Patch, commandant de la 7ème armée américaine, de libérer Marseille et Toulon. Deux groupes d'armée sont donc constitués. Le premier groupe chargé de libérer Toulon est placé sous les ordres du général de Larminat.
Emmanuel d'Astier de la Vigerie passe en revue des tirailleurs algériens le 28 août 1944 à Marseille.
Un autre groupe d'armée, essentiellement composé de la troisième division d'infanterie algérienne, et sous le commandement du général de Montsabert, doit libérer Marseille, deuxième ville de France.
L'occupant allemand, quelques heures après le débarquement des Alliés en Provence, fait sauter les installations portuaires de Marseille. Plus de 200 navires sont coulés. Les soldats allemands se retranchent dans des bunkers.
Dans un scénario assez comparable à la libération de Paris, les FFI, les résistants de Marseille, commandés par Henri Simon et par, celui qui deviendra plus tard maire de Marseille pendant plus de trente ans, Gaston Defferre, lancent le 21 août l'insurrection. Mais mal armés et peu nombreux, la position des résistants est critique face à l'armée allemande ce 23 août 1944.
La troisième division d'infanterie algérienne accompagnée de groupes de tabors marocains approche de Marseille. Le 22 août, Aubagne est libérée. Le 23 août, les tirailleurs algériens franchissent les collines qui encerclent Marseille et les premiers éléments du 7ème régiment de tirailleurs algériens rentrent dans la ville dans la soirée. Les premiers combats sont particulièrement violents autour de la gare Saint-Charles, dans le centre de Marseille.
Des soldats du 7ème RTA à l’assaut des bunkers allemands entourant Notre Dame de la garde.
De Lattre de Tassigny envoie le 25 août un nouveau régiment de tirailleurs algériens, le 3ème, renforcer les éléments déjà présents dans la ville. Les combats souvent au corps à corps, vont durer près de trois jours. Le 26 et le 27 août, les tirailleurs algériens montent à l'assaut de Notre Dame de la garde, dominant toute la ville et le port, où les Allemands ont placé de l'artillerie. Les combats sont âpres. Le sommet rocheux sur lequel a été construite la basilique est cernée de fils de barbelés. Les soldats allemands y ont installé des nids de mitrailleuses.
Le 27 au soir, les hommes du 7ème RTA rentrent dans la basilique, presque intacte. Une messe y est célébrée. Marseille est définitivement libérée le 28 août.
La garnison allemande commandé par le général Hans Schaefer dépose les armes. Plus de 11 000 soldats allemands sont faits prisonniers. Le bilan est lourd, plus de 1800 morts et blessés du côté des résistants et des soldats de la troisième division d'infanterie algérienne.
80 ans après, la mémoire du sacrifice de ces soldats algériens est-elle entretenue dans la ville phocéenne ?
En 2022, Marseille a ainsi rebaptisé une "école Bugeaud", maréchal de France, artisan d'une sanglante répression pendant la conquête de l'Algérie, en "école Ahmed-Litim", tirailleur algérien tué le 25 août 1944 sur les pentes de l'emblématique basilique Notre-Dame de la Garde lors de la libération de la ville.