Près de 21 000 hectares sont partis en fumée. 36 000 personnes ont été évacuées. C’est l’un des feux les plus dévastateurs qu’ait connu la forêt de la dune du Pilat en Gironde, dans le sud-ouest de la France. Au cœur de la catastrophe, un site mémoriel tirailleurs sénégalais était lui aussi menacé par les flammes. La nécropole nationale de La Teste-de-Buch rend hommage à 956 tirailleurs sénégalais morts entre avril 1916 et août 1917 dans le camp du Courneau, à proximité de la commune. Ils étaient à l'époque "en hivernage" avant d’être envoyés au front.
Lieu important d’Histoire, le conseiller régional écologiste de Nouvelle-Aquitaine Karfa Diallo était particulièrement inquiet du sort du site. Il avait interpellé les autorités préfectorales à plusieurs reprises pour en connaître l’état.
Laissé sans réponse, il s’était alors déplacé le 21 juillet pour constater par lui-même si le feu avait touché le monument. "Effectivement, ce cimetière a été menacé par le feu. Jusqu’à cette date, de la fumée s’élevait tout autour", explique-t-il. Une semaine après, le feu est maintenant "fixe." Mais des questions autour du site mémoriel restent en suspens.
En surface, aucune des stèles n’a été touchée. Mais on ne sait pas ce qu'il en est des tombes en dessous.Karfa Diallo, conseiller régional écologiste de la région Nouvelle Aquitaine.
Le cimetière se trouve sur une petite bosse de terrain. Au centre, un ossuaire contient les restes des disparus dont la concession est arrivée à terme. "En surface, on a des stèles en pierre. Au sol, on a des tombes", décrit Karfa Diallo.
“Aucune des cinq stèles des 956 tirailleurs sénégalais, ni la stèle des Américains ou des Russes n’ont été touchées”, explique l’élu local. Il assure en revanche ne pas connaître l’état des tombes, situées en dessous des stèles.
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De son côté, le Service Départemental d'Incendie et de Secours SDIS de Gironde assure que "le site n’a pas été touché. Il est resté à l’identique par rapport avant", ne faisant pas la distinction entre les stèles et les tombes.
Il y avait peu de risques. Les stèles sont en pierre et la forêt est assez dégagée autour. Le Service Départemental d'Incendie et de Secours SDIS de Gironde.
Karfa Diallo dénonce "la négligence" de la Préfecture à l'égard de ses différents appels. "Je n'ai jamais pu avoir directement la préfète". Il interprète cette attitude comme "un certain mépris vis-à-vis de ces soldats des colonies". Contactée par nos équipes, la Préfecture de Gironde n'a pas été en mesure de répondre à nos questions sur l'état des lieux du site.
S’il avait été question de soldats français blancs, le président de la République aurait eu un mot sur les moyens déployés autour d’un tel site.Karfa Diallo, conseiller régional de la Nouvelle Aquitaine.
Nous avons donc contacté la commune de La Teste-de-Buch. Elle nous a assuré que le site avait été épargné. Elle ne savait pas si des moyens supplémentaires avaient été déployés.
"Il y avait peu de risques", se défend lui le Service Départemental d'Incendie et de Secours SDIS. "La forêt est assez dégagée autour et les stèles sont en pierre". De fait, le site était difficilement inflammable. Le SDIS assure également que "tous les moyens nécessaires ont été mobilisés."
Malgré tout, l’élu régional Karfa Diallo dénonce le manque d’information au grand public."S’il avait été question de soldats français blancs, le président de la République aurait eu un mot sur les moyens déployés autour d’un tel site." La seule information qui lui a été communiquée à ce sujet vient de la ville de de La Teste-de-Buch. Chaque année, le 23 août, une cérémonie en hommage à ces tirailleurs sénégalais est prévue. Cette année, elle sera annulée en raison des incendies.