Je crois qu'il y a des Soleils qui ne marcheront plus les tympans du destin
Des soleils amers et oppressants, versés en travers des voix d’ébènes
Pour les contraindre à épeler la Liberté en lettres de foi
Et Elle les a bus, ces Soleils, du bout de ces rêves tuméfiés
D'ailleurs, elle les a hissés en ses ciels bigarrés
Pour cracher à sa négritude le prix d’un sourire
Ou le sentiment d’un vœu inachevé
Pourtant chaque sentier couru au nom de la liberté
S’est éteint sous le poids des désirs prodigues de ses fils
Et végétant dans des cœurs où aucune politique ne la porte
Elle vacille, étranglée en des indignations hypocrites
Et Elle crie son crime, celui d’avoir cru aux Siens
Car ce n’est pas de ces Soleils qu’Elle a rêvé
Surtout pas ce collier scintillant étreignant ses pas
Car s’ils l’appellent Démocratie, elle l’appelle Silence
Au départ... une Libération, et elle se résigne à l’Errance
Alors Non ! Rendez à cette brave son illusion
Fils d’amertumes ! Reprenez vos civières d’espoirs
Larguées au seuil de ses craintes
Car Elle veut encore croire, bien des pas après
Que la marche entamée n’entamera pas son oraison
Et moi aussi je veux croire, en une Afrique faste
libre de son expression, solidaire et audacieuse, où
Leurre ou pas, ses Lueurs regorgeront de Nous
Incandescentes à l’incrédulité
Une Afrique... Fière.
Car il y a de ces Soleils qui ne marcheront plus les tympans du destin
Ce texte d'Esther Doko est inspiré du célèbre roman de l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, Les soleils des Indépendances, paru en 1968, aux Presses de l'Université de Montréal.
Dans l’ordre chronologique, il s’agit du Cameroun, du Sénégal, du Togo, de Madagascar, du Bénin, du Niger, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Tchad, de la République centrafricaine, du Congo, du Gabon, du Mali et de la Mauritanie. A cette liste, s’ajoutent la République Démocratique du Congo, le Nigeria et la Somalie, colonisés respectivement par la Belgique, la Grande-Bretagne, puis l’Italie et le Royaume-Uni.