Dans la même mouvance politique, Madjid Messaoudene, élu municipal à Saint-Denis en banlieue parisienne, alerte sur les risques d'islamophobie en France. « Cette intervention a permis à des intervenants très divers de remettre le musulman au centre des préoccupations françaises. On ne va pas tarder à nous dire qu'il y avait des Français parmi ceux qui ont mené la prise d'otages en Algérie. Et de là, à faire le raccourci en disant que dans les banlieues ça recrute à tour de bras pour le djihadisme et que chaque musulman est un ennemi potentiel de la République parce qu'on ne sait pas faire la différence entre les musulmans et ces personnes qui se revendiquent djihadistes. On est dans un climat où l'islam n'est pas perçu comme une religion à part entière. On pousse les gens à se refermer sur eux et sur leur religion. » Chez les écologistes, dès le 16 janvier, le député Noël Mamère a fait entendre sa
« voix discordante » , en dénonçant, dans les couloirs de l'assemblée nationale, « la propagande » du gouvernement. « J'entends la propagande, j'entends ce qui est dit par les militaires. Les militaires ne font que répéter ce qu'on leur dit au plus haut niveau. » « Quand on dit qu'on a répondu à l'urgence, a-t-il poursuivi, on a d'abord répondu à l'appel du président malien qui n'est que la marionnette des militaires, lesquels militaires s'apprêtaient à le déposer dans la semaine. Alors qui a-t-on sauvé ? Le président du Mali ou le peuple malien ? […] Nous avons toujours combattu la "Françafrique". Les gouvernements de droite ou de gauche qui se sont succédé n'ont fait qu'aider des dictateurs, des spoliateurs et des corrompus. Nous en payons le prix fort aujourd'hui avec cette intervention militaire. » Quelques jours plus tard, Eva Joly, l'ancienne candidate écologiste à la présidentielle, lui a emboité le pas en évoquant le risque d'un « remède pire que le mal ». Mais ces mises en cause restent isolées parmi les Verts. Le 20 janvier, le conseil fédéral d'Europe Ecologie les Verts a adopté massivement une motion approuvant l’intervention militaire de la France au Mali, réaffirmant son soutien au parti socialiste. Quant à l'"opinion publique", elle a été soumise aux inévitables sondages sur la question. La dernière enquête en date,
réalisée par l'institut IFOP et publiée en fin de semaine dernière, estimait que 65% des Français soutenaient l'engagement de la France dans la guerre au Mali.