Depuis le 1er mai dernier, une loi dite du "dépôt" s'impose aux demandeurs d'asile, en Israël. 20% de leur salaire est ponctionné puis mis de côté par l'Etat. Cet argent ne leur sera rendu que s'ils quittent un jour le sol israélien. Les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent une manoeuvre pour faire fuir ces migrants.
Depuis le 1er mai, Michaël Teklit a perdu 20% de pouvoir d'achat. 20% de son salaire est prélevé tous les mois, sur ordre du gouvernement israélien car ce jeune cuisinier a le malheur d'être demandeur d'asile. "Cette loi ne m'aide pas à vivre en Israel ou à survivre en tant qu'être humain... Au contraire, cela me brise, moralement, et ça ne me donne aucune possibilité de vivre dignement, raconte-t-il. Je suis un survivant, moi mais beaucoup d'autres aussi, nous avons survécu à la dictature, au génocide. On est là pour demander l'asile, pas pour piquer le travail des israéliens, on n'est pas venu pour rester définitivement."
Michaël Teklit a quitté son Érytrée natale, il y a 9 ans. Comme des milliers d'autres jeunes Érythréens, il a fui le service militaire obligatoire qui peut durer là-bas, des années, et s'apparente souvent à du travail forcé. Après avoir traversé le Sinaï, il a atterri en Israël et trouvé du travail dans un restaurant de Tel aviv. Son patron, Ido Breier est très mal à l'aise avec cette nouvelle taxe dite du "dépôt" qui s'impose aux seuls demandeurs d'asile :"L'État me demande d'être l'exécutant, le messager, et en gros d'être celui qui vole mes employés - mes employés qui sont loyaux et professionnels et qui ne viennent que pour faire leur boulot du mieux possible, tous les jours - et bien, je leur prends 20% de plus sur leur salaire net!", regrette-t-il.
Tous les mois, cet argent est mis de côté par l'État israélien qui ne le rendra à son propriétaire que s'il quitte, un jour, le pays. 40 000 demandeurs d'asile, pour la plupart érythréens et soudanais, sont potentiellement concernés par cette nouvelle loi que'" Hotline for refugees and migrants" dénonce. Pour cette association basée à Tel Aviv, elle ne vise qu'à appauvrir les migrants qui travaillent pourtant et à les dégoûter de leur vie en Israël "C'est est en fait le dernier décret d'une longue liste de décrets que le gouvernement israélien utilise, met en oeuvre pour malmener les demandeurs d'asile, dénonce l'une de ses coordinatrices, Sigal Rozen. L'État israélien veur les forcer à quitter le pays de leur propre initiative parce qu'il ne peut pas à les expulser de force".
Hotline for refugees and migrants, avec d'autres organisations de défense des droits de l'Homme ont saisi la Haute Cour de justice israélienne pour qu'elle invalide la loi. Une audience sur le sujet doit avoir lieu avant la fin du mois juillet.