Fil d'Ariane
Il y a une semaine, l'Open Arms, le navire d'une ONG espagnole, croise au large de la Libye lorsque les garde-côtes italiens lui signalent deux embarcations de migrants en difficulté.
L'opération de sauvetage commence mais Rome leur demande finalement par radio de laisser la main aux garde-côtes libyens arrivés sur zone, les secouristes refusent.
Après un long moment de tension, les humanitaires quittent finalement les lieux, font une halte à Malte pour faire hospitaliser une mère et son bébé, puis mettent le cap vers l'Italie qui ne leur donnera l'autorisation de débarquer en Sicile que 24 heures plus tard avec, à la clé, la mise sous séquestre du bateau et des poursuites pour "association de malfaiteurs" en vue de favoriser l'immigration clandestine.
Apparemment, le procureur (italien) nous soupçonne de ne pas vouloir collaborer avec les Libyens et d'avoir livré des personnes par la force, à un groupe armé dans les eaux internationales.
Oscar Camps, fondateur de Proactiva Open Arms
Après des accords très controversés de l'Italie avec la marine libyenne mais aussi avec certaines milices sur place, le flux de migrants aurait baissé de plus de 60 % depuis l'été 2017. Mais à un prix que dénoncent les ONG : pour elles, pas question de laisser les migrants aux mains des garde-côtes libyens régulièrement accusés de complicité avec les passeurs et de mauvais traitements sur les candidats à l'exil.
Les ONG ne sont pas très appréciées dans les eaux internationales car nous rapportons ce que nous voyons.
Oscar Camps, fondateur de Proactiva Open Arms
La justice italienne a désormais jusqu'à mardi prochain pour valider ou non la saisie du bateau. Il ne reste, aujourd'hui, qu'un seul navire d'ONG en Méditerranée, alors qu'ils étaient 10 il y a encore un an.
A relire :
- Migrants : Fabienne Lassalle, directrice de SOS Méditerranée : "Ces migrants cherchent à fuir l'enfer de la Libye !"
- Alice Gautreau, sage-femme à bord du bateau l'Aquarius
L'équipage de l'Open Arms, lui, risque une peine allant jusqu'à sept ans de prison pour avoir facilité la traite de personnes.