Des échauffourées ont éclaté ce jeudi matin dans plusieurs bastions de l'opposition, entre forces de sécurité et manifestants. Le leader de l'opposition Raila Odinga avait appelé ses partisans à boycotter ce scrutin présidentiel. On dénombre déjà le premier mort. Etat des lieux Sophie Roussi.
Nairobi, Kisumu, Mombasa... le Kenya est sous très haute tension. Une journée électorale à risque se joue à travers le pays. La capitale est comme coupée en deux. D'un côté, les fiefs de l'opposition où des barricades se dressent. Dans le bidonville de Kibera, un face à face violent a lieu avec la police. Impossible d'aller voter. De l'autre côté, les quartiers alliés du président sortant Uhuru Kenyatta. Les gens votent dans le calme, mais apparemment ils sont moins nombreux que lors du scrutin d'août dernier.
Dans la matinée, Uhuru Kenyatta s'est présenté confiant. Son principal adversaire Raila Odinga a décidé de ne pas se présenter et les six autres candidats ne risquent pas de lui faire d'ombre.
Nous espérons que les électeurs seront nombreux à participer à ce scrutin pour choisir leur leader. Nous devons maintenant tourner la page et aller de l'avant comme nous l'a indiqué la Cour Suprême dans sa décision.
Uhuru Kenyatta, président sortant
Dans l'ouest du pays, autre bastion de l'opposition : la ville de Kisumu avec les mêmes scènes de tension. On dénombre déjà le premier mort. L'appel au boycott lancé mercredi par Raila Odinga semble suivi.
Notre leader, Raila Odinga, nous a dit hier de ne pas voter et je veux émettre un message : ces élections devraient être un facteur unificateur pour unifier les gens mais ces élections se tiennent aujourd'hui et je ne pense pas que le Kenya en ressortira uni.
James Onyango, habitant de Kisumu
Les rues et les bureaux de vote sont vides. L'intimidation et la peur de sortir expliquent aussi ce désert électoral.
John Ngutai Muyekho, responsable :
"Ici, c'est un bastion pour la coalition d'opposition donc leur position, c'était "pas de réformes, pas de vote" donc l'intérêt de la majorité ici, c'est qu'il n'y ait pas de votes, et ils effrayent les représentants pour atteindre leur but."
Sauf coup de théâtre ou nouvelle invalidation du scrutin, Uhuru Kenyatta devrait être réélu, mais avec quelle légitimité et quel taux de participation? Depuis de longues semaines, le Kenya s'enfonce dans une profonde crise politique qui fait ressurgir divisions sociales et ethniques.