Jour de vote ce dimanche au Mali avec le premier tour de l'élection présidentielle. Plus de 8 millions de Maliens sont appelés aux urnes pour départager les 24 candidats. Un scrutin attendu aux enjeux forts, notamment sur le plan sécuritaire.
Les Maliens votent ce dimanche pour un scrutin présidentiel censé relancer l'accord de paix de 2015 dans le pays, dont l'instabilité a gagné plusieurs Etats voisins du Sahel, malgré cinq ans d'interventions militaires internationales contre les jihadistes.
En dépit de la mobilisation de plus de 30.000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères, selon le ministère de la Sécurité intérieure, des incidents ont été signalés dans le nord et le centre du pays, tandis que l'affluence semblait encore timide dans la matinée à Bamako.
Les quelque 23.000 bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 18h, heures locales, les premiers résultats étant attendus dans les 48 heures, les résultats officiels provisoires le 3 août au plus tard, avant un éventuel second tour le 12 août.
Quelque huit millions d'habitants de ce vaste pays enclavé d'Afrique de l'Ouest, comptant une vingtaine d'ethnies, doivent décider de reconduire le président Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, ou élire un de ses 23 concurrents, dont le chef de l'opposition, Soumaïla Cissé, et une seule femme, Djeneba N'Diaye.
La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l'opération Serval lancée en 2013 contre les jihadistes, et avec les Casques bleus de l'ONU, attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards.
Malgré cet accord, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
Le président sortant a voté peu après 09H00 GMT à Bamako, tandis que le chef de l'opposition a accompli en fin de matinée son devoir civique à Niafounké, dans la région de Tombouctou (nord-ouest), selon des correspondants de l'AFP.
L'homme d'affaires Aliou Boubacar Diallo et l'ex-général Moussa Sinko Coulibaly, qui a quitté l'armée pour se lancer en politique, ont voté dans le même bureau à Bamako, a constaté un photographe de l'AFP.
Dans le Nord, où l'Etat est peu ou pas présent, les groupes armés signataires de l'accord participent également à la sécurisation du vote.
Urnes et bureaux incendiés
Malgré la présence renforcée des forces de sécurité, le scrutin était perturbé dans une série de localités.
Dans la commune rurale de Lafia, le vote ne pouvait se tenir, les urnes ayant été incendiées, selon les autorités locales.
"Dans la nuit de samedi à dimanche, des hommes armés sont arrivés devant la mairie où il y avait les urnes et le matériel électoral", auquel ils ont mis le feu après avoir tiré en l'air, a indiqué à l'AFP un élu local, précisant qu'il s'agissait de jihadistes.
Dans la commune rurale de Dianké, entre Tombouctou et Mopti (centre),
"deux bureaux de vote ont été brûlés ce matin par des hommes armés" qui ont emporté la moto d'un agent électoral, a déclaré à l'AFP un élu de la localité, Oumar Sall.
Le taux de participation est traditionnellement bas, sensiblement inférieur à 50%, au premier tour de l'élection présidentielle dans ce pays connu pour son rayonnement culturel, mais où moins d'un tiers des plus de 15 ans sont alphabétisés.
"L'ouverture s'est bien passée mais pour le moment il n'y a pas assez d'affluence", a indiqué le président d'un bureau de vote de Bamako, Oumar Camara, incriminant l'heure et la pluie matinales et se disant
"sûr qu'au milieu de la journée les gens vont commencer à venir massivement pour voter pour choisir leurs candidats".
"Je souhaite que le vote se passe dans la sérénité, dans le calme, je vote pour la paix dans mon pays", a confié un autre électeur, Soumaïla Keïta.
Vendredi, les jihadistes se sont invités dans la fin de campagne, par une vidéo du chef de la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, dirigeant d'un des groupes islamistes qui s'étaient emparés de tout le nord du Mali en 2012. Citant les exactions présumées de l'armée malienne à l'encontre de civils dans le centre du pays, le chef du "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans" a assuré que
"ces crimes ne resteront pas impunis".
Après l'élection de 2013 qui a permis de
"rétablir l'ordre constitutionnel", les Maliens doivent maintenant prouver que
"le processus démocratique est irréversible", a affirmé le chef de la mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif.