Le Joola avait chaviré au large de la Gambie le 26 septembre 2002, alors qu’il reliait Ziguinchor (au sud du Sénégal) à Dakar, la capitale. La catastrophe était survenue vers 22h50, quatre heures et demie après le départ de l’escale de Karabane. La mer était agitée et le bateau transportait 1928 passagers, au lieu de 536 autorisés. Lors de l’enquête, les juges d’instruction ont identifié de « multiples causes » au naufrage, dont un « chargement aberrant, l’effet inclinant du vent et du roulis, l’absence de fermeture des hublots » ainsi que des « carences dans le dispositif des secours ». Les experts ont également constaté « l’absence de contrôle sur la structure, de conformité du navire aux règles internationales et nationales, un mauvais entretien général, une mauvaise préparation de l’équipage… ». Sur près de 1900 passagers, une soixantaine seulement avait pu être sauvée.
En 2003, la justice sénégalaise avait classé le dossier en concluant à la seule responsabilité du commandant de bord, disparu dans le naufrage. C’est à ce moment là également qu’une information judiciaire avait été ouverte en France des chefs d’homicides et blessures involontaires par violation délibérée des règles de prudence ou de sécurité et non-assistance à personne en péril.
Coup dur pour les familles
« C'est un déni de justice, répète Etienne Rosenthal. Les familles de victimes françaises n'ont rien pu faire au Sénégal à cause du classement sans suite immédiat pour des raisons politiques à l'époque de Wade. En France, on leur a laissé entendre pendant près de 12 ans que justice serait rendue. Finalement, on nous prive de débat. Je vois cela comme une porte que l'on claque sans aucune motivation ». Il confie que les familles sont « écoeurées» et ne « comprennent pas » cette décision du parquet d’Evry.
L'association des familles des victimes « va faire appel », affirme Etienne Rosenthal. « Plusieurs famille que j'ai eu au tel me l'ont confirmé ». Et si les choses ne se passent pas comme prévues, l'avocat n'exclut pas de poursuivre l'Etat français devant la Cour européenne des droits de l'Homme.