Kenya : début des autopsies des victimes d'une secte chrétienne

Les opérations d'autopsie et d'identification de plus d'une centaine de corps retrouvés dans une forêt du sud-est du pays, où se réunissaient les adeptes d'une secte, ont débuté lundi 1er mai, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki.
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Kenya autopsie
La police et les résidents locaux chargent les corps exhumés des victimes d'un culte religieux à l'arrière d'un camion, dans le village de Shakahola, près de la ville côtière de Malindi, dans le sud du Kenya, le 23 avril 2023.
AP
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"Le processus d'autopsie des corps commence immédiatement", a déclaré le ministre kenyan de l'Intérieur, Kithure Kindiki, à la presse présente devant la morgue de l'hôpital de district de la ville côtière de Malindi, au matin du lundi 1er mai. Il a qualifié ces opérations d'"étape cruciale. Ce processus devrait prendre environ une semaine, si tout se passe bien."

Des opérations d'identification par prélèvement ADN sont menées simultanément. Les résultats complets pourraient ne pas être connus avant "des mois", a précisé le chef des services nationaux de médecine légale, le Dr Johansen Oduor.

(Re)voir : Kenya : une centaine de personnes décédées à la suite d'un jeûne
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Selon un bilan encore provisoire, un total de 109 personnes, dont une majorité d'enfants, sont mortes dans la forêt de Shakahola. C’est là que se réunissaient les adeptes d'une secte appelée Eglise Internationale de Bonne nouvelle. Les autopsies doivent permettre de déterminer les causes des décès. Les recherches de corps et de fosses communes dans cette forêt ont été "temporairement arrêtées" en raison des fortes pluies, a fait savoir le ministre de l’Intérieur.

Les enquêteurs soupçonnent que de nombreux adeptes sont morts de faim après avoir suivi les préceptes du pasteur autoproclamé de la secte, Paul Mackenzie Nthenge. Ce dernier prônait le jeûne jusqu'à la mort "pour rencontrer Jésus." Mais "les rapports préliminaires que nous obtenons indiquent que certaines victimes ne sont peut-être pas mortes de faim", a souligné, vendredi 28 avril, Kithure Kindiki. Il a ajouté que certains corps portaient des blessures.
 

Deux pasteurs en comparution 

Sous le choc après la révélation de ce qui est désormais appelé le "massacre de la forêt de Shakahola", le Kenya a vu l'affaire prendre un rebondissement inattendu, jeudi 27 avril, avec l'arrestation d'un des plus célèbres pasteurs du pays, Ezekiel Odero, soupçonné d'y être lié.

"Il existe des informations crédibles reliant les corps exhumés (...) à Shakahola" avec "plusieurs adeptes innocents et vulnérables (de l'église d'Odero, ndlr) qui auraient trouvé la mort", estiment les procureurs dans un document judiciaire. Les deux pasteurs, actuellement détenus, doivent comparaître, mardi 2 mai, devant des tribunaux de deux villes différentes.
 Le gouvernement du président Wiliam Ruto a promis, le 24 avril dernier, des mesures contre ceux qui "utilisent la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable". Le dirigeant les a comparés à des "terroristes."

Cette semaine, le chef de l'Etat annoncera la création d'"un groupe de travail pour traiter (...) de la manière dont nous encadrons les activités religieuses dans notre pays", a annoncé Kithure Kindiki.  Il aura la charge d'étudier comment préserver "le droit sacré à la liberté de culte, d'opinion et de conviction." Ce, sans toutefois permettre "aux criminels d'abuser de ce droit pour blesser, tuer, torturer et affamer les gens."

Selon des données officielles, le Kenya, pays majoritairement chrétien, le Kenya compte quelque 4.000 "églises" différentes.