Fil d'Ariane
Lorsqu'un véhicule de la police entre au domicile de l'opposant Miguna Miguna ce matin, plusieurs de ses soutiens tentent de forcer le passage, la réaction des forces armées est immédiate: tirs de sommation puis gaz lacrymogènes pour les disperser.
Alors que Miguna est emmené, l'état de sa propriété témoigne de la violence de l'intervention policière: des explosifs ont été utilisés pour faire sauter la porte d'entrée, la déflagration a brisé les vitres des fenêtres, provoquant la colère de ses partisans qui découvre une maison saccagée.
Miguna Miguna est le deuxième membre de l'opposition, après le député TJ Kajwang, arrêté pour avoir participé mardi à la "prestation de serment" de M. Odinga comme "président du peuple". Une cérémonie symbolique du candidat à la présidentielle qui continue de clamer sa victoire et refuse de reconnaitre la réélection d'Uhura Kenyatta. A l'issue, Miguna avait mis au défi les forces de l'ordre de venir l'interpeller : "Si vous voulez venir m'arrêter pour avoir fait mon travail, allez-y les gars!", avait-il lancé, appelant par ailleurs à brûler les portraits de M. Kenyatta.
Suite à cette cérémonie, organisée devant des milliers de partisans de l'opposition à Nairobi, le ministre de l'Intérieur Fred Matiang'i a qualifié d'"organisation criminelle" le Mouvement de résistance nationale (NRM) lancé par l'opposition pour mettre en oeuvre un programme de désobéissance civile, dont cette investiture.
Dès son arrestation connue, dans le bidonville de Kibera à Nairobi, un face à face s'est installé entre manifestants et policiers. "S'ils arrêtent ces gens, s'ils arrêtent Raila Odinga, vous pensez que nous allons avoir la paix dans ce pays? Non! Non, pas du tout! ", a déclaré Kelvin Mkanga, un habitant de Nairobi.
La coalition d'opposition Nasa a elle dénoncé sur Twitter un "raid illégal sur la maison du général du NRM Miguna Miguna", qui avait perdu la course au gouvernorat de Nairobi en tant que candidat indépendant lors des élections d'août 2017 et n'occupe aucun poste officiel au sein de l'opposition.
Ce vendredi 2 février, trois chaines de télévision était toujours interdites d'émettre par le pouvoir en place, pour avoir voulu retransmettre la cérémonie symbolique d'investiture de Raila Odinga. Malgré l'ordre de la Haute Cour de Nairobi de leur laisser reprendre l'antenne, le gouvernement semblait, pour l'instant, décidé à ignorer la décision de justice.
Mercredi 31 janvier, lendemain de la fameuse cérémonie, le député d'opposition TJ Kajwang, avait été arrêté, et devrait être inculpé de trahison et rassemblement illégal pour sa participation dans la prestation de serment symbolique de Raila Odinga.