Cela fait deux ans et demi que l'équipe d'
Ushahidi travaille sur ce projet web. Nom de code : Uchaguzi - élection en swahili, la langue d'Afrique de l'Est. L'objectif est de contribuer à un scrutin paisible le 4 mars, jour des élections générales kenyanes [voir ci-contre "Elections au Kenya : repères"].
La plate-forme
Uchaguzi fonctionne selon les principes du participatif ou "crowdsourcing" (en français, "l'information qui provient de la foule") et de la géolocalisation. Il s'agit d'une carte interactive du Kenya qui est renseignée en temps réel par tous. Par exemple, si vous êtes témoin d'émeutes, si vous entendez des propos haineux ou s'il n'y a plus de bulletins dans votre bureau de vote, vous pouvez le signaler en envoyant les informations via SMS, mail, Twitter ou Facebook.
Les contributions des citoyens sont ensuite vérifiées et le cas échéant mises en ligne par 200 volontaires installés au
iHub, pépinière d'entreprises innovantes et siège d'Ushahidi à Nairobi. "Nous croisons les données avec nos partenaires sur le terrain. Si besoin, nous pouvons aussi compter sur la
StandBy Task Force (en français, force de soutien), explique Daudi Were, directeur de projet à Ushahidi et responsable de l'opération Uchaguzi. Elle regroupe 900 personnes basées un peu partout dans le monde. Au total, environ 400 volontaires sont mobilisés, basés au Kenya et ailleurs."
Blogueuse influente
Ce sera la seconde fois que les Kényans tenteront de participer à la bonne marche de leurs élections grâce aux nouvelles technologies.
En effet, Ushahidi est né pendant les violences post-électorales en 2008. Après la réélection contestée du président sortant Mwai Kibaki en décembre 2007, le pays se retrouve rapidement
à feu et à sang.
Effarée par l'ampleur des heurts et dépassée par le nombre de messages qui lui sont adressés, l'avocate et blogueuse kényane Ory Okolloh lance un appel à l'aide sur son blog
Kenyan Pundit. Elle réunit ainsi trois autres personnalités du web africain : au Kenya, Erik Hersman, entrepreneur et expert en nouvelles technologies, alias "White African" - l'Africain blanc - sur la Toile ; et aux Etats-Unis, David Kobia, développeur et programmeur, et Juliana Rotich, informaticienne.
Tous se sont rencontrés quelques mois plus tôt à Arusha en Tanzanie lors de la conférence sur les nouvelles technologies
TED Global consacrée à l'Afrique. En deux jours, par-delà l'Atlantique, ils développent ensemble un outil cartographique 2.0 en s'appuyant sur Google Maps,
outil qu'ils appelleront Ushahidi ("témoignage" en swahili). Les Kényans se transforment alors en journalistes-citoyens pour signaler les exactions mais aussi les efforts de paix dont ils sont témoins autour d'eux. Au total, 45 000 internautes utiliseront cette carte interactive.