Des Kényans allument des bougies devant des croix blanches pour chaque victimes de l'attaque de l'université Garissa à Uhuru Park à Nairobi, le 7 avril 2015.
Le groupe islamiste Harakat Al-Shabaab Al Mujaheddin (mouvement des jeunes combattants) qui a perpétré l'attaque de l'université de Garissa le 2 avril, est plus connu sous le nom de « Al Chabab » qui signifie « la jeunesse » en arabe.
Ce mouvement naît en Somalie en 2006 et sert alors de branche militaire radicale aux combattants de l’Union des tribunaux islamiques. Ces islamistes viennent de prendre le contrôle de Mogadiscio au mois de juin 2006. La capitale est reprise fin 2006 par les troupes éthiopiennes, soutenues par les Etats-Unis, et qui viennent aider le gouvernement somalien de transition. Mais les troubles persistent dans le pays.
Alors que l’Union des tribunaux islamiques se disloque, les Chabab gagnent en force et s’imposent dans la lutte contre les troupes étrangères éthiopiennes. « Le soutien aux Chabab n’a jamais été aussi populaire que pendant ces années-là », écrit dans une étude de 2011 Roland Marchal, chercheur du CNRS
En 2008, l’Ethiopie finit par retirer ses troupes du pays. Seules les forces de l’Union africaine font face aux islamistes qui prêtent officiellement allégeance à Al Qaida en 2009 et en 2012. Les Chabab contrôlent alors les deux tiers de la Somalie.
Progressivement, la force de paix de l’Union africaine reprend du terrain : l'Amisom (African Union Mission In Somalia) profite des divisions qui gagnent les rangs des Chabab. En 2011, les islamistes perdent la capitale somalienne puis leur bastion, la ville portuaire Kismayo en septembre 2012.
Mais sans gouvernement national, les Chabab règnent toujours sur de vastes zones rurales, surtout dans le Sud du pays, où ils imposent la charia. Ils poursuivent également des attaques sporadiques en Somalie et dans les pays limitrophes comme au Kenya ces derniers jours ou à Kampala (Ouganda) en 2010.
A la création de leur mouvement, leur but est de recruter des membres jeunes (d’où le nom de leur groupe), en usant du discours religieux, explique le chercheur Roland Marchal dans son étude de 2011. L'état de guerre dans lequel s'enlise le pays et la présence des forces étrangères sur le sol somalien a aussi facilité le recrutement.
Différents chiffres circulent sur le nombre de combattants qui seraient entre 5 000 à 9 000. Tous ne sont pas somaliens, certains viennent aussi de pays arabes et du Pakistan.Le cerveau présumé de l’attaque de l’université de Garissa, Mohamed Mohamud, de nationalité kenyane et qui serait d'ailleurs né en Ethiopie.
Après la mort de leur chef Ahmed Abdi « Godane », tué par une frappe américaine, les Chabab nomme en septembre dernier : Ahmed Oumar également connu comme Abou Oubaïda, qui dirigeait auparavant le renseignement au sein du mouvement.
Le groupe est parvenu à diversifier ses sources de financement. Leur popularité semble leur assurer des dons depuis l’étranger. En Somalie, les Chabab récolte de l’argent par un système de taxe, de donations mais aussi par l'intermédiaire de services rendus et qu'ils font payer. « Des finances, les Chabab en ont, explique le chercheur Roland Marchal à Libération. Avec leur économie de protection, des milieux d’affaires leur payent des dîmes mais aussi avec la partie de la diaspora qui leur reste favorable. Et par ailleurs via Al-Qaeda dans la péninsule islamique (Aqpa) avec qui ils travaillent main dans la main depuis qu’ils ont obtenu leur affiliation en 2013. »
Pendant 20 ans, Nairobi a tenu ses distances, ne s’impliquant pas dans le conflit subit par ses voisins. Mais plusieurs enlèvements de civils sur le sol kényan vont mettre à mal le tourisme, l’une des plus importantes ressources économiques du pays.
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