Raila Odinga, candidat malheureux de cette élection présidentielle, s'est exprimé mardi 16 août. Il annonce qu'il va intenter un recours devant les tribunaux kenyans pour contester les résultats donnés par la Commission électorale. Ses partisans se mobilisent depuis la publication des résultats. Des manifestations violentes ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale Nairobi.
Raila Odinga, arrivé en deuxième position à lors de l'élection présidentielle du Kenya, s'est enfin exprimé pour la première fois depuis l'annonce de sa défaite ce mardi 16 août.
L'ancien candidat soutenu durant sa campagne électorale par le président sortant Uhuru Kenyatta conteste les résultats. Il a affirmé mardi qu'il poursuivrait "
toutes les options légales" possibles en ce sens. "
Nous poursuivrons toutes les options légales et constitutionnelles à notre disposition. Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a indiqué Raila Odinga.
Odinga dénonce une "parodie" d'élection
Lundi 15 août, la Commission électorale a déclaré William Ruto vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga. Ce vétéran de la politique kényane a qualifié mardi de "parodie" ce résultat. "
Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la constitution", a-t-il affirmé.
Des manifestations violentes mais localisées étaient signalées lundi soir dans des quartiers populaires de Nairobi et dans la grande ville de l'Ouest, fief luo, de Kisumu. Ces zones sont des bastions d'Odinga. Le calme était revenu mardi matin. Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote il y a une semaine, suscitant l'impatience de la population.
"
C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien local People Daily, tandis que le Standard titrait "
Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963. "
La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", estimait Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi.
Des tensions au sein de la Commission électorale
Un coup de théâtre a semé le trouble lundi à Nairobi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre des sept membres de la Commission électorale s'en sont désolidarisés. Ils ont pris position pour dénoncer un processus au "caractère opaque".
Mardi 16 août, le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.
Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017. Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.
Vers un recours devant la Cour suprême ?
"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.
Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.