Propagande et détournement de la réalitéL'affaire Kony 2012 est loin d'être terminée, des dizaines de stars se sont engagées "pour la cause" comme l'affiche
"The Culturemakers" le démontre sur le site de l'association. Des hommes et femmes politiques aussi. Et c'est là que le principe du petit documentaire aux 100 millions de spectateurs devient inquiétant et pose de graves problèmes, qui peut-être, ne font que commencer : la majorité des spécialistes politiques de l'Ouganda savent que Joseph Kony à la tête de "l'Armée de résistance du Seigneur" (LRA en anglais) n'est quasiment plus actif depuis 2006. Un mandat d'arrêt a été lancé à cette époque à son encontre par Cour pénale internationale (CPI) et si ce révolutionnaire illuminé a beaucoup de sang sur les mains, ce que décrit le film de Jason Russel n'est pour autant plus d'actualité en 2012. Personne ne nie les massacres de la LRA, l'enrôlement des enfants, les viols, l'esclavage sexuel perpétrés par Joseph Kony et ses proches (voir encadré) parmi les détracteurs d'Invisible Children. Mais ce qui pose par contre problème est la présentation de la situation ougandaise, tronquée, arrangée, et les conclusions tirées par le film à ce sujet. Kony 2012 est un film de qui utilise les rouages de la propagande et est destiné à un public d'adolescents. C'est d'ailleurs "cette cible" qui, la première touchée, s'emballe pour la cause avec de nombreuses actions comme le "
Cover the night" prévue pour la nuit du 20 avril, visant à placarder en une nuit, le plus possible d'affiches, autocollants et posters dans des lieux publics, pour alerter l'opinion publique.
L'ONG demande une intervention militaire visant à stopper Kony : la petite association humanitaire ne voit visiblement pas de problèmes à prendre partie dans un conflit quasiment éteint mais complexe où les deux parties en cause ont commis chacune des exactions. Et tandis que
l'administration Obama se félicite du succès de la campagne Kony 2012 , aucune clef n'est donnée au spectateur pour comprendre les tenants et les aboutissants de la situation en Ouganda, puisqu'avec ce "nouvel activisme", les choses sont simples : il y a les "méchants rebelles de la LRA" et les "gentils militaires du gouvernement ougandais". Un enfant de 5 ans pourrait donc comprendre la situation, selon l'ONG, ce que Jason Russel ne manque pas de faire en expliquant dans son film la situation et les solutions à apporter, à son fils...de 5 ans, justement.