La Belgique veut «tourner la page» de l’élection et soutient Félix Tshisekedi
Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères a affirmé vouloir « soutenir le changement » en cours en République démocratique du Congo après avoir rencontré Félix Tshisekedi à Washington. Trois mois après son élection controversée, le président congolais est en quête de légitimité à l'international.
Cette rencontre entre Didier Reynders et Félix Tshisekedi, c’est « la consolidation d’un processus de réchauffement diplomatique » entamé dès son accession au pouvoir, estime Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l’université de Liège.
« Exécrables » sous l’ère Kabila, les relations entre l’ex-puissance coloniale et la RDC ont pris un virage radical. Plusieurs émissaires se sont rendus à Bruxelles ces derniers mois tandis que le Congo a consenti à la réouverture de la maison Schengen, guichet unique de délivrance de visa, fermée depuis plus d’un an par la précédente administration.
Autre signe d’apaisement : la reprise de sept vols hebdomadaires entre les deux capitales opérés par Brussels Airlines. Prochaine étape : « rouvrir le consulat général belge de Lubumbashi » espère Didier Reynders, tout en souhaitant que la Belgique fasse de même à Anvers. Le ministre évoque aussi le retour d'un ambassadeur en RDC et la reprise de la coopération militaire.
Le soutien des Etats-Unis
C’est la première visite de Félix Tshisekedi hors du continent depuis son élection. Et ce n’est pas un hasard s’il a choisi de se rendre à Washington. Les Etas-Unis semblent fermement résolus à soutenir le nouveau président congolais.
« Nous sommes déterminés à travailler avec lui pour la mise en œuvre de son programme visant à combattre la corruption, renforcer l’Etat de droit, améliorer la sécurité et protéger les droits humains » , a déclaré Robert Palladino, le porte-parole de la diplomatie américaine.
Félix Tshisekedi est parti à la conquête de sa légitimité à l'internationalBob Kabamba, professeur de science politique à l’université de Liège
Hasard du calendrier, Martin Fayulu -qui revendique toujours la victoire à l'élection- était aussi aux Etats-Unis. Pas de face à face entre les deux hommes, qui ont par contre rencontré peu ou prou les mêmes officiels américains. De la médiation pour unir les rangs de l'opposition et des sanctions à l'encontre des caciques du régime sortant. Le Trésor américain a notamment gelé les avoirs de plusieurs hauts responsables de la Commission électorale congolaise il y a quelques semaines. Une manière de « fragiliser les piliers de l’ancien régime et donc de renforcer Tshisekedi », analyse M. Kabamba.
"Conquête de légitimité"
Depuis son élection controversée, « Félix Tshisekedi est parti à la conquête de sa légitimité». D’abord dans la sous-région en rencontrant ses pairs de l’Union Africaine et désormais « aux yeux de la communauté internationale », estime Bob Kabamba.
Pour lui, le nouveau président congolais doit consolider son pouvoir à l’étranger avant de pouvoir s’opposer « à Kabila et à son régime ». Le président sortant a en effet raflé la majorité absolue à l’Assemblée nationale et contrôle désormais le Sénat. Bien qu'en retrait, « le raïs » semble bien décider à peser sur la vie politique.