La compagnie aérienne Ethiopian airlines assignée en justice pour "discriminations" contre les Tigréens

La compagnie nationale éthiopienne Ethiopian Airlines est assignée le 9 juin devant un tribunal civil d'Addis Abeba par une association de défense des droits humains. Human Rights First l'accuse de "discriminations" envers les voyageurs originaires de la région du Tigré.
 

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Un Boeing 737 Max de l'Ethiopian Airlines à l'aéroport Bole d'Addis Abeba, mars 2019 (photo d'illustration).

Un Boeing 737 Max de l'Ethiopian Airlines à l'aéroport Bole d'Addis Abeba, mars 2019 (photo d'illustration).

© AP Photo/Mulugeta Ayene, File
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Après la signature en novembre d'un accord mettant fin à deux ans de guerre entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales tigréennes, Ethiopian Airlines, qui a le monopole des vols intérieurs commerciaux en Éthiopie, a repris en décembre ses liaisons aériennes entre la capitale éthiopienne Addis Abeba et le Tigré, interrompues durant 18 mois.

Selon l'association éthiopienne Human Rights First qui a assigné la compagnie, celle-ci a interdit la vente de billets des vols décollant des deux aéroports opérationnels au Tigré - Mekele et Shire - aux Tigréens et Tigréennes âgés de 15 à 60 ans.

"Les seules exceptions concernent les mères voyageant avec leurs enfants et les personnes munies d'un certificat médical", a expliqué à l'AFP un membre de l'association Human Rights First ayant requis l'anonymat. Dans une réponse écrite au tribunal, Ethiopian Airlines rejette les allégations de l'association et demande qu'elle soit déboutée.

Selon l'assignation, la compagnie aérienne applique aussi systématiquement la classe tarifaire maximale aux billets des vols du Tigré vers Addis Abeba. Human Rights First dit s'appuyer sur une note interne à la compagnie - consultée par l'AFP - et sur trois témoignages dont celui d'un ex-employé d'Ethiopian Airlines.

Dans son assignation, elle estime qu'Ethiopian Airlines "a violé le droit constitutionnel de tout citoyen éthiopien à voyager à travers le pays" ainsi que "le principe d'égalité" en imposant "des prix discriminatoires".

Human Rights First demande au tribunal d'ordonner à la compagnie "de cesser d'interdire aux 15-60 ans de voyager depuis le Tigré vers Addis Abeba", de "lever les prix discriminatoires sur les trajets Mekele-Addis et Shire-Addis" en appliquant "la gamme de prix en vigueur sur les autres vols intérieurs", ainsi que de "présenter des excuses".

"Si de telles interdictions ont eu cours, alors le demandeur doit déterminer quelle entité a édicté ces interdictions", a de son côté affirmé Ethiopian Airilines dans sa réponse au tribunal, rappelant que la sécurité du transport aérien relève de l'aviation civile, des services de renseignement intérieur et de la police fédérale.
En outre, "l'affirmation du demandeur selon laquelle il y avait des prix discriminatoires envers les Tigréens est fausse", assure Ethiopian Airlines, premier transporteur aérien d'Afrique en terme de flotte, de destinations ou de nombre de passagers et membre du réseau de compagnies Star Alliance.

Le quotidien britannique The Guardian a recueilli le témoignage d'un ancien employé d'Ethiopian airlines qui affirme - sous couvert d'annymat - le contraire. Mi -janvier, la compagnie lui a demandé de ne pas vendre de billets à des passagers entre 15 et 65 voyageant depuis le Tigré. La raison invoquée est que le gouvernement se préoccupe d'un possible exode de jeunes du Tigré qui traverse une importante crise humanitaire. Le Guardian a pu consulter un e-mail interne du directeur des ventes d'Ethiopian airlines, en date du 12 janvier, qui ordonne aux employés de dire aux clients que le nombre de sièges sur les vols en provenance du Tigré étaient limités en raison de la nécessité "de prioriser les passagers fragiles". L'ancien employé a dit au Guardian que "c'est faux. Les vols ne sont pas complets et des sièges sont disponibles."

Sollicitée pour des commentaires, Ethiopian Airlines n'a pas répondu dans l'immédiat à l'AFP.

La compagnie est coutumière du fait. Au moment du déclenchement du conflit, en 2021, le personnel d'origine tigréenne avait été remercié comme on peut le lire dans cet article.

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