La Corne de l'Afrique menacée par une sécheresse généralisée

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Des enfants somaliens rapatriés depuis le camp de Dadaab au Kenya, jusqu'au camp de réfugiés de Mogadiscio (Somalie), novembre 2016.
©AP Photo/Farah Abdi Warsameh
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Plus de 17 millions de personnes risquent de souffrir de graves pénuries alimentaires dans la Corne de l'Afrique, selon l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. La FAO appelle à intervenir immédiatement afin d’empêcher que cette grave sécheresse n’entraîne une catastrophe.


 
"Une intervention humanitaire immédiate et de grande échelle est indispensable", insiste dans son communiqué la FAO.

La situation est particulièrement préoccupante en Somalie, déclarée en alerte de "pré-famine", mais aussi dans le Nord-Est et sur le littoral du Kenya, dans le sud-est de l'Ethiopie et dans la région d'Afar (nord-est), qui peine déjà à se relever de deux années de sécheresse dues à El Niño.

 
El-Nino : depuis le début de l’année 2015, l’Ethiopie est l’un des pays les plus touchés par le phénomène climatique El-Nino. Son impact sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations est très important. Le pays a déjà connu deux autres épisodes d’El-Nino (1997-1998 et 2002-2003) mais fait aujourd’hui face à la pire sécheresse depuis 30 ans. (Site Action contre la Faim)

Près de 12 millions de personnes ont déjà besoin d'une aide alimentaire en Somalie, en Ethiopie et au Kenya, estime la FAO.

Situation de pré-famine


De graves pénuries alimentaires et des signes de malnutrition ont aussi été relevés au Soudan du Sud et au Darfour, dans l'ouest du Soudan, ainsi que dans la région de Karamoja, en Ouganda.

Or, les prochaines pluies, si elles arrivent enfin, ne sont pas attendues avant deux mois et la prochaine grande récolte ne devrait pas commencer avant juillet.

Dans toute la région, des épisodes répétés de sécheresse avaient déjà provoqué une série de mauvaises récoltes, des épidémies et une diminution des cheptels, en partie à cause de la détérioration des pâturages.
 

"Il s'agit avant tout d'une situation d'urgence humanitaire, il faut également protéger les moyens d'existence. Il est temps d'agir maintenant", écrit dans le communiqué Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de la FAO chargée des ressources naturelles et du climat.
 

« L'ampleur de la crise requiert d'intensifier nos efforts et notamment ceux de coordination au niveau régional et national. Il s'agit avant tout d'une situation d'urgence humanitaire, il faut également protéger les moyens d'existence. Il est temps d'agir maintenant », a déclaré Mme Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe chargée des ressources naturelles et du climat. « Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre qu'une catastrophe telle que la famille de 2011 ne se reproduise.»

famine 2011
« Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre qu'une catastrophe telle que la famine de 2011 ne se reproduise», déclare Maria Helena Semedo (FAO). Ici dans un camp de réfugiés de Mogadiscio (Somalie), le 31 août 2011.
©AP Photo/Khalil Senosi

Maria Helena Semedo s'exprimait au nom du Directeur-général de la FAO à l'occasion du Panel de haut-niveau sur la situation humanitaire dans la Corne de l'Afrique, un événement présidé par Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, en marge du 28eme Sommet de l'Union Africaine qui a débuté lundi 30 janvier 2016 à Addis-Abeba.

La sécheresse impacte les moyens d'existence

Des épisodes répétés de sécheresse ont provoqué plusieurs mauvaises récoltes consécutives, des épidémies de maladies, la détérioration des pâturages et un accès limité à l'eau sans compter le décès de nombreux animaux.

« L'insécurité et les chocs économiques affectent les populations les plus vulnérables» a averti Bukar Tijani, Sous-Directeur général et Représentant régional pour l'Afrique. « La situation se détériore rapidement et le nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire d'urgence pour leurs moyens d'existence augmente au fur et à mesure que la saison sèche et creuse continue, avec notamment des répercussions importantes sur les moyens d'existence, sur les avoirs des ménages et sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des communautés rurales affectées » a-t-il ajouté.

garçon refugié
Un jeune garçon somalien, dans le camp de réfugiés de Mogadiscio (Somalie), septembre 2016. 40% de la population somalienne ne mange pas à sa faim, selon un rapport des Nations Unies publié en 2016. Le nombre de "réfugiés de la faim", ou "réfugiés climatiques" a augmenté de 300 000 personnes depuis février dernier.
©AP Photo/Farah Abdi Warsameh



De plus, le nombre de réfugiés et de demandeurs d'asile est passé de 500.000 en 2015 à 3 millions en 2016 du fait de l'insécurité dans la région.