Fil d'Ariane
La Côte d'Ivoire exige la libération immédiate des 49 militaires ivoiriens interpellés dimanche à l'aéroport de Bamako. Ils sont accusés par l'État malien d'être des "mercenaires", ce que nie Abidjan.
49 militaires ivoiriens sont retenus au Mali depuis lundi 11 juillet "pour vérification" par les autorités maliennes. Arrivés dimanche à Bamako par un vol spécial, selon des sources concordantes, ils sont accusés d’être des “mercenaires” par l'État malien.
"Il a été établi que 49 militaires ivoiriens se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali (...) en possession d'armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation", déclare ainsi le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maiga dans un communiqué lu lundi soir à la télévision nationale.
"Le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l'ordre constitutionnel", a indiqué le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga.
Selon Abidjan, la présence de ses soldats, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la mission des Nations unies au Mali (Minusma), est "bien connue des autorités maliennes". "La Côte d'Ivoire, qui a toujours oeuvré au sein des instances sous-régionales, régionales et internationales, pour la paix, la stabilité et le respect de l'État de droit, ne peut s'inscrire dans une logique de déstabilisation d'un pays tiers", indique un communiqué de la présidence ivoirienne publié à l'issue d'un Conseil national de sécurité (CNS) extraordinaire. "Aucun militaire ivoirien de ce contingent n'était en possession d'armes et de munitions de guerre", ajoute le texte.
Des militaires ivoiriens sont présents à l'aéroport de Bamako, depuis juillet 2019 et la signature d'une convention avec l'ONU, a précisé le CNS mardi. "Depuis cette date, 7 contingents se sont relayés périodiquement sur ce site, sans aucune difficulté", ajoutent les autorités ivoiriennes qui assurent avoir transmis "une copie de l'ordre de mission" à Bamako. Elles affirment par ailleurs vouloir continuer "d'oeuvrer pour le maintien du climat de paix et de fraternité qui a toujours prévalu entre la Côte d'Ivoire et le Mali".
Mardi, le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan Haq a expliqué que les militaires interpellés ne faisaient pas "formellement partie de la Minusma" mais qu'ils étaient des "Eléments nationaux de soutien (NSE)", c'est à dire des effectifs déployés par les pays contributeurs de troupes "en soutien à leurs contingents". "C'est une pratique commune dans les missions de maintien de la paix" a-t-il ajouté. Une partie des militaires ivoiriens retenus sont venus au Mali sur la base d'une convention pour travailler sur la base logistique de la société Sahelian Aviation Services (SAS).
De son côté, le gouvernement malien affirme que ces militaires ont avancé quatre versions différentes pour justifier leur présence sur le territoire malien : "la mission confidentielle, la rotation dans le cadre de la Minusma, la sécurisation de la base logistique de SAS et la protection du contingent allemand".
Le colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire malienne, a indiqué mardi dans un tweet avoir eu un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous avons évoqué l'appui" de l'ONU "au processus de transition au Mali et j'ai réitéré la nécessité pour les partenaires de respecter la souveraineté du Mali", a-t-il écrit. L'entretien a été confirmé par l'ONU.
L'information de l'arrestation de militaires ivoiriens a commencé à être diffusée dimanche sur les réseaux sociaux avant de devenir virale, certains accusant ces soldats d'être venus commettre un putsch.
À la suite de l'adoption de ce calendrier, les pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont fait partie la Côte d'Ivoire, avaient levé les sanctions économiques et financières qui frappaient le Mali depuis janvier.
La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement, en 2012, d'insurrections indépendantistes et d'actions jihadistes sanglantes dans le nord. La junte au pouvoir à Bamako s'est détournée de la France et de ses partenaires et s'est tournée vers la Russie pour tenter d'endiguer la propagation jihadiste qui a gagné le centre du pays ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins. Avec ses quelque 13.000 soldats, la Minusma - créée en 2013 pour soutenir le processus politique malien - a été prolongée d'un an le 29 juin.