Le football est-ce du sport ? N'est-ce pas de la guerre ? De la paix ? Du spectacle ?
Nos blogueurs se mobilisent du monde entier pour commenter cet événement planétaire organisé pour la première fois sur le continent africain. En Algérie ou en Chine, au Canada ou en Afrique du Sud, au Brésil ou en Roumanie, en Russie ou aux États-Unis, que l'on soit impliqué ou pas, sous toutes les latitudes, nul n'échappe à la frénésie du ballon rond. Retrouvez leurs contributions ici !
Et voilà - fin du premier mondial africain
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 13 juillet 2010, 14 h GMT
Le mondial vient de s’achever avec la victoire de l’Espagne qui ,en terre bénie d’Afrique, a sa première étoile. On garde de ce premier mondial en terre africaine une belle fête au son du vuvuzéla. Au-delà du spectacle et du bon football, c’est surtout le côté business que les commerçants attendaient. Les lampions atteints à Johannesburg, on se retire dans l’arrière boutique pour faire le bilan des ventes. Pour ce qui est du bilan financier, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. « Nous nous attendions à un chiffre d’affaires un peu plus important mais malgré la qualité de nos produits nous n’avons vraiment pas vendu. Les chiffres sont pratiquement les mêmes que les jours ordinaires » soutient N’gatta Diop, responsable d’un groupe de commerçants sénégalais. En effet sur une commande de 1.500.000 de gadgets divers et de tee-shirts, les 7 commerçants ont juste fait un bénéfice de 500.000, un chiffre inférieur à celui réalisé lors de la CAN. Dans la rue les petits revendeurs ont plutôt le sourire. « Ça bien marché pour nous ! » souligne Kevin Koffi. « J’ai fait des bénéfices importants car sur 25.000 par commande, je me retrouve après 4 ventes à 115.000 de bénéfice ». La stratégie des vendeurs ambulants consiste à traquer le client ! Se faufilant entre les véhicules sur l’autoroute, ils ont pu vendre un nombre important de produits dérivés aux couleurs des pays en compétition.
Pour avoir plus, il fallait traquer les clients sur le bitume Chez les restaurateurs et les propriétaires de maquis et bars on ne peut pas vraiment se plaindre. « Les Ivoiriens sont déjà habitués à suivre les matchs en consommant une bière entre amis ! Le match nul face au Portugal a fait triplé mon chiffre d’affaires et le jour de la défaite ça n’a pas trop bougé » souligne Vamoussa dit chef Amouss, propriétaire d’un maquis. Dans l’univers des espaces publics, seuls ceux qui avaient investi dans l’achat d’un écran ont pu vraiment avoir des clients. Ont-ils pu amortir cet investissement ? Réponse avec Dame Allah Ahou :« Oui pour moi, mais les autres je ne sais pas » souligne-t-elle dans un éclat de rire. « On peut être satisfait du mondial. Dans l’ensemble il y a juste eu une ou deux bagarres entre supporteurs d’équipes adverses mais rien de grave ». Chez les tours opérateurs c’est le silence radio : on se refuse à tout commentaire car les difficultés ont été énormes. Bon nombre d’Ivoiriens partis au pays de Mandela se plaignent de la publicité mensongère des tours opérateurs. « Rien de ce qui se disait ici n’était vrai sur place » souligne un supporteur énervé. Petits commerçants ambulants, propriétaires de grandes surfaces et tenanciers de débit de boissons font tous le même constat : l’élimination précoce des éléphants footballeurs a beaucoup joué sur les retombées financières de ce mondial. « Si nos gars étaient allés loin dans la compétition ,je pense que chacun aurait pu avoir un peu plus » soutient Irié Marcelin. Israël Yoroba Guebo est journaliste et blogueur.
L'Espagne championne du monde de foot !
Par Kichka, de Jérusalem, 12 juillet 2010, 08h15GMT
Kichka est l'un des caricaturistes en vue d'Israël. Dernier recueil paru en français - "Dessins désarmants" - coédition Berg et TV5Monde.
Ghana - la défaite en chantant
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 5 juillet 2010, 06 h GMT
Depuis 48 heures Abidjan est aux couleurs nationales du Ghana et la raison est toute simple : ce pays ami et frère de la Côte d’Ivoire est le dernier représentant africain en coupe du monde. Les drapeaux et gadgets aux couleurs des blacks stars ont le vent en poupe ! Vuvuzéla, tee-shirt, bracelets et perruques venus d’Accra se vendent très bien sur les marchés. Les familles ghanéennes vivants en parfaite harmonie avec les autres communautés ont ouverts les portes de leurs domiciles aux amis. On a même profité dans la foulé pour chacun choisir un nom ghanéen ! Ainsi pour voir le match du Ghana les Ivoiriens ont pris d’assaut les espaces publics, les maquis et les bars. C’est autour d’une bière entre amis que le coup d’envoie est donné. Dès les premières minutes les blacks stars sont absents sur le terrain : malmenés par Diego Forlán, ils jettent des doutes au sein des supporteurs. « Ah ! Ghana quel est ce jeu ? » lance Obam Williams un supporteur camerounais. « Remuez-vous » hurle Blé Sidonie. C’est seulement à la 46 mn que Souley Muntari permet aux supporteurs africains de retrouver la voix. Son but libère tout un peuple. A la mi-temps la température des villes ghanéennes est prise au téléphone. « C’est la joie dans les rues de Takoradi, les gens ici hurlent de joie comme si le Ghana avait déjà gagné ! » indique Annie N’Bra étudiante Ivoirienne au Ghana. Dès la reprise c’est le même Diego Forlán dit kachavacha la sorcière aux cheveux d’or qui rétablit la parité. C’est le retour de la tristesse. Après ce but plus rien ne se passe sur le terrain et il faut se résoudre à vivre les prolongations. « J’espère qu’Assamoi Gyan va scorer comme il l’a fait face aux USA » souligne Bah. Les contres ghanéens et les frappes à mi distance font crier ou bouger les uns et les autres. Puis sur une balle arrêtée suivit d’un cafouillage. Une main. C’est le pénalty à la dernière seconde. Tout le monde se lève dans le bar : les cardiaques s’éloignent mais Assamoi Gyan le rate ! Offah éclate en sanglot « Assamoi Gyan nous a tué ! ». L’épreuve tant redoutée des tirs aux buts s’impose donc aux deux équipes ! Kwame s’improvise pasteur pour une longue prière en vue que la victoire soit ghanéenne. Mais ce soir Dieu était Uruguayen ! C’est donc la victoire de l’Uruguay et la chute du dernier représentant africain. Larmes, tristesse, désolation et amertume pour les supporteurs africains et surtout les Ghanéens dont nombreux ont perdu l’appétit. « Ne vous découragez pas votre pays au moins a fait honneur à l’Afrique » lance Blé Sidonie aux jeunes Ghanéens en pleurs avant de conclure « on ne dira plus blacks stars du Ghana mais plutôt Blacks Stars d’Afrique » Israël Yoroba Guebo est journaliste et blogueur.
Pauvre Maradona !
Par Kichka, de Jérusalem, 4 juillet 2010, 8h45GMT
Kichka est l'un des caricaturistes en vue d'Israël. Dernier recueil paru en français - "Dessins désarmants" - coédition Berg et TV5Monde.
Vu de Russie, qu'est-ce donc que cette foi-là ?
Par Pavel Spiridonov, de Saint-Pétersbourg, 3 juillet 2010, 18 h GMT
Pour quelqu’un comme moi, élevé dans la société majoritairement athée ou au moins là où les expressions de foi ont été plutôt malvenues, la profusion des signes de croix ou des gestes de prières sur les terrains de foot me paraît légèrement étrange. L’évocation de la « main de Dieu » quand les joueurs trichent ou la communion avec leurs fans quand ils gagnent. Le brésilien Luís Fabiano a parlé de l’origine divine de son but et, tout récemment, l’attaquant de l’équipe d’Uruguay Luis Suárez après avoir écarté le ballon avec sa main a déclaré que c’est la « main de Dieu » qui a joué. Comme si leurs exploits ne peuvent pas être attribués à leur entrainement ou à leur volonté de gagner. Nous pouvons bien évidemment tout mettre sur le compte de la ferveur religieuse des pays latins, mais pour moi, ceci est de l’infantilisme et la fuite de ses responsabilités, car dans ce championnat du monde nous sommes tous les témoins de l’éloignement de foot de ce sport des gentlemen qu’il a été il y a encore quelques décennies. Il est devenu le sport des gros sous où tout les coups sont permis pour gagner, simulations, coup bas, etc. Sauf que dans notre temps de hautes technologies et de diffusions en direct, il est très difficile de cacher toutes ces petites magouilles. À mon avis, c’est le rôle des dirigeants du football mondial de redresser la barre éthique dans ce sport, car si rien n'est fait prochainement, ses fans croiront de moins en moins dans les jugements impartiaux des arbitres ainsi que dans l’honnêteté des organisateurs des tournois. Et moi, j’aimerais toujours avoir la foi dans ce sport qui peut réunir les peuples de tous les continents et qui aujourd'hui joue le même rôle que des Jeux Olympiques dans l’antiquité. Pavel Spiridonov est chercheur, avec pour thème le rôle d'Internet dans la littérature russe
N’Pôchô - The Black Stars did it! (Les black stars l’ont fait!)
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 27 juin 2010, 22 h GMT
Peter, Adou, Chou maker, Biggy Jacob et les autres sont des jeunes ressortissants ghanéens vivants en Côte d’ Ivoire depuis des années. Certains d’entre eux sont même nés ici, ils ne se sentent certes pas à 100% ghanéens mais plutôt africains ! Ils ont abandonnés leur lucratif commerce de chaussures et de vêtements pour suivre la rencontre entre leur pays et les États Unis d’Amérique. « Aujourd’hui Asamoah, Ayewu, Inkoom, Kingson et les autres ne jouent pas pour le Ghana mais ils jouent pour l’Afrique » soutient heureux Peter Akwom avant de conclure « on voulait coûte que coûte voir une équipe africaine au second tour ; je voyais la Côte d’Ivoire et aucune autre équipe africaine mais si le Ghana a réussi l’exploit nous devons tous soutenir les blacks stars ! ». Assis dans une concession du vieux quartier ghanéen de Treichville les supporteurs des blacks stars n’ont pas attendu longtemps avant de pousser les premiers cris de joie. Dès la cinquième minute c’est Boateng qui fait hurler le beau monde attroupé dans le salon. On profite de la mi-temps pour appeler les uns Kumassi, les autres Accra ou Takoradi pour avoir l’ambiance du pays. Dès la reprise on sent une fébrilité chez les Blacks stars cette situation conduit au but des USA. L’égalisation sur pénalty des Américains jette un coup de froid sur les supporteurs mais chacun croit aux chances du Ghana. « Je sais que le Ghana va gagner ! Il reste un but ! On va gagner ! » souligne Biggy Jacob. Sur une longue ouverture d'Ayew, Gyan prend le dessus sur Bocanegra et résiste au retour de De Merit pour tromper Howard d'une lourde frappe à bout portant. C’est la joie au sein du petit club de supporteurs. On manque dans le feu de l’action de renverser la bouteille de liqueur sur la table. Après ce but, plus personne ne tient sur place. Certains sortent pour éviter de voir un possible but des Américains. D’autres termineront la rencontre arrêtés ! Au coup de sifflet final c’est la joie. On se congratule et on formule dans la foulée des vœux pour que les blacks stars aillent plus loin dans cette compétition. Israël Yoroba Guebo est journaliste et blogueur. *N’Pôchô : expression passe partout des fantis du Ghana qui signifie "ici mon ami".
Maintenant nous sommes tous Ghanéens !
Par Liesl Louw, de Johannesburg, le 26 juin 2010, 11 h GMT
Quelle Coupe du Monde sans les Bafana Bafana ? Les organisateurs, conscients des mauvaises performances de l’équipe sud-africaine bien avant la Coupe du Monde 2010, s’inquiétaient d’une baisse d’enthousiasme et des places vides dans les stades si les Bafana ne se qualifiaient pas pour le deuxième tour de la compétition. La victoire de 2-1 contre la France n’était certes pas suffisante pour cette qualification. Malgré cela, il semble que l’enthousiasme des Sud-africains est toujours au beau fixe. Les résultats des matches éclipsent toujours toutes les autres actualités dans les journaux et le pays vit toujours au rythme de la Coupe de Monde. L’espoir, semble-t-il repose maintenant sur le Ghana. La preuve : le vendeur de rue dans mon quartier se balade maintenant avec les drapeaux vert, jaune et rouge, avec l’étoile au milieu des Black Stars du Ghana. L’hebdomadaire The Mail&Guardian demande aussi dans son édition de ce vendredi 25 juin aux Sud-africains de se rappeler du rôle que le reste de l’Afrique a joué dans le choix de la Fifa d’accorder cette Coupe du Monde à l’Afrique du Sud. « On n’a pas eu cette Coupe du Monde parce que nous sommes un économie émergente d’une taille moyenne, plein de problèmes, ou qu’on s’est laissés coloniser par la Fifa. On l’a eu parce que nous sommes le seul pays africain qui pouvait le faire avec le minimum de crédibilité, » dit le journal. En ce qui me concerne, je pense que la Coupe du Monde a déjà porté ses fruits, surtout pour remonter le morale des Africains. Pendant quelques semaines on parle de l’Afrique positivement : oubliés pendant un petit instant les pirates de la Somalie, la famine au Niger et la guerre dans l'Est de la RDC. Bien que les problèmes de l’Afrique soient très graves et très réels, on avait besoin de rêver. Et bien sur, nous les journalistes sont plus conscients que d’autres de l’effet presque pervers d’un seul évènement sur l’image de toute un pays ou tout un continent. La façon dont nous sommes vus à l’étranger pèse tellement lourd le regard que nous portons sur nous-mêmes… J’ai été très sensible à l’approche des journalistes étrangers en visite en Afrique du Sud pendant la Coupe du Monde. Il y avait de très bons reportages, et d’autres moins bons. Il y avait surtout beaucoup de Soweto. « La seule image qu’on voit à la télévision ici c’est les enfants dans les rues poussiéreuses de Soweto » se plaint une amie vivant à Londres aujourd’hui au téléphone. On est fier de l’histoire de la lutte anti-apartheid qui symbolise cette partie de Johannesburg. Mais l’Afrique du Sud est beaucoup plus que ca. Liesl Louw-Vaudran est rédactrice en chef de African.org, revue de l'Institut d'Études de Sécurité en Afrique du Sud
La tristesse des Albanais : après la France c’est l’Italie qui s’en va
par Ilir Yzeiri, de Tirana, le 26 juin 2010, 7 h GMT
La France et l’Italie sont deux pays avec lesquels les Albanais ont des relations un peut particulière. L’Albanie a vécu une des dictatures les plus dures. Mais notre dictateur Enver Hoxha était aussi un francophone et un francophile. Une des caractéristiques significative de dictature a été l’isolement total. Mais en Albanie il y avait un paradoxe. L’unique pays ou les post universitaires albanais pouvaient étudier comme boursiers d’État était La France, le pays où notre dictateur a passe quelques années de sa vie universitaire à Montpellier. Dans notre imaginaire collectif, la France était projetée comme le centre du monde littéraire, politique, culturel etc. Nous sommes un des rares pays des Balkans dont les programmes scolaires sont à peut près comme les programmes scolaires de la France en ce qui concerne l’apprentissage de l’histoire européenne. En 1998, quand la France a gagné le Mondial, en Albanie le soutien et les supporters des bleus ont grossi. Les grands joueurs comme Platini et Zidane sont très populaires chez nous. D'un autre côté, c’est l’Italie notre voisine, qui est le reflet d’un monde à rattraper. Durant les 50 années de la dictature, l’Italie et ses chaînes de tv Rai ont été pour nous le monde des rêves. C’est à cause de ça, que les Albanais s'y sont réfugiés en masse juste après la chute de la dictature, dans les années 90. C’était la deuxième fois que les Albanais s’enfuyaient de leurs pays, la presse de ce temps avait appelé ce moment l’exode biblique. Le dernier exode de ce type s'était déroulé 500 ans auparavant, après la mort de notre héros national Skanderbeg, quand les Ottomans avaient envahi notre pays et rasé tout. La plupart des Albanais soutiennent l’Italie. La première ligue italienne est l'un des événements les plus vus et les Albanais se divisent selon ses équipes. Tout ça a fait qu’hier la brutale chute des Italiens s'est très fort ressentie ici. Pour me consoler un peu, mon amis Enis m' a dit : "C’était aussi la faute de l’arbitre qui nous a annulé deux buts." Il disait « nous » comme si l’Italie était son pays. Ilir Yzeiri, journaliste et professeur à l’université de Tirana
Les Vuvus à Abidjan, on se les arrache !
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 23 juin 2010, 14 h GMT
De mémoire d’être humain jamais un objet n’a autant défrayé la chronique et les passions lors d’une phase finale de la coupe du monde que le célèbre Vuvuzéla d’Afrique du Sud. Cette trompette arme de joie première des supporteurs présent au pays de Mandela est aujourd’hui l’objet de toutes les controverses. Si certains militent pour sa suppression des stades, il continue de faire la joie des fans du ballon rond. A Abidjan le Vuvuzéla est aussi présent dans les clubs de supporteurs des éléphants et surtout il fait l’objet d’un commerce « très » lucratif. Avoir entre ses mains un vuvuzéla fait toujours plaisir car au-delà du fait qu’il est un objet qui identifie les amoureux du foot, il est aujourd’hui le symbole de l’identité africaine. Certains à Abidjan refusent qu’on l’interdise car pour eux il s’agit de propagandes inutiles visant à ternir l’image de l’Afrique. « Ils ont tout essayé pour nous refuser le mondial et ils n’ont pas pu. Après le problème d’insécurité et même du taux de prévalence du VIH aujourd’hui on s’acharne sur le vuvuzéla. Que les ennemis de l’Afrique nous laissent célébrer le foot sur notre continent à notre manière » soutient Libam un ressortissant camerounais. A Abidjan il faut du courage pour dénicher un vuvuzéla qu’on baptise ici vuvu. Seuls quelques boutiques et magasins le proposent. Le prix du vuvu OBV est fonction de sa taille : entre 400 et 2000 f CFA (entre 0,61 et 3.05 euros NDLR) . Sur le marché les vuvus de 25 cm à 600 f, 50 cm sont 800 f, 75 cm à 1500 f et 1 m 05 à 2000 f. Il faut reconnaitre qu’ils s’arrachent comme des petits pains ! Les revendeurs nous indiquent que le magasin qui fournit la quasi-totalité des autres points de vente est le Chic-shop du forum des marchés d’Adjamé. Une fois sur les lieux nous remarquons qu’il y a une véritable foire aux couleurs des éléphants. Malheureusement entre les tee-shirts, les bracelets et les perruques le vuvu est absent. « On est en rupture de stock : les vuvuzélas seront là samedi car la Côte d’Ivoire joue dimanche. Les clients passent des commandes et attendent que nous soyons livrés » souligne un responsable de rayon. Au-delà de la vente, au village Africa United de MTN, les vuvus sont distribués gratuitement aux supporteurs. Certains vuvus sont des vestiges de la coupe CAN au Ghana. En effet ceux-ci sont de couleur noire et ont été distribués par Guinness aux occupants des grey side (tribune grise). Les vuvus bien qu’appréciés par les supporteurs font l’objet de toutes les études scientifiques qui démontrent qu’elles sont dangereuses pour les 16.000 cellules de l’oreille externe. Les fabriquants de vuvus ont donc été priés de passer des 130 décibels à 105 pour éviter tous risques de lésions. Malgré les nombreuses protestations le vuvu a encore de beaux jours de devant lui. Israël Yoroba Guebo est journaliste et blogueur.
Vu d'Israël, la déculottée de l'équipe de France
Par Kichka, de Jérusalem, 23 juin 2010, 8h45GMT
Kichka est l'un des caricaturistes en vue d'Israël. Dernier recueil paru en français - "Dessins désarmants" - coédition Berg et TV5Monde.
Les Français tiennent le bon bout
Par Dilem, d'Algérie, le 22 juin 2010, 14h30 GMT
Dilem est le caricaturiste du Kiosque de TV5Monde et du quotidien algérien Liberté - Dernier recueil paru en français "Dessine moi le monde", ed TV5-L'Aube
Equipe de France : faut-il hurler avec les loups ?
Par Bernard Vassor, de Paris, le 21 juin 2010, 16h00 GMT
"Voir un monde dans un grain de sable. Et un ciel dans une Fleur. Tenir l'infini dans la paume de la main. Et l'éternité dans une heure" William Blake Pour celles et ceux qui préfèrent entrer en méditation, plutôt que de bêler avec les moutons, ou encore de hurler avec les loups... Faut-il participer à des critiques contre ceux qui étaient encensés par ceux-là même qui il y a quelques temps les portaient aux nues. Il suffit de relire les titres des journaux, presse radios ou télévisés qui tous organisaient la grande séance de décervelage. Ils avaient convoqué pseudo-philosophes autoproclamés, écrivains, hommes et femmes politique de tous bords, unanimement cocardiers. Plus la peine de penser braves gens ! On a convoqué pour vous depuis des mois, jusqu'à la nausée : philosophes auto-proclamés, écrivaillons, chanteurs pour minettes hystériques, publicitaire hâlé, l'inévitable financier converti en procureur honnête, condamné pour avoir truqué un matche, et tous ceux, presse, radios, télévisions, hommes et femmes politiques étaient unanimes : Il fallait soutenir "les bleus"! Du jour au lendemain "Pâtres chiens moutons et bergers, toute la bergerie", ceux-là même qui les avaient porté aux nues leur sont tombé dessus.... Pourquoi tant de haine ? Ce qui s'est dit dans le vestiaire ? Ce que l'on entend sur les stades toutes les semaines lors de rencontres de matches de football. Pas plus, pas moins. Même pas un "Casse-toi pôve con!", ni "Pas vu pas pris!", encore moins "Mets ton doigt dans mon …" en quatre langues. Je dis à tous ces gens là: Allez-les-boeufs !!!! Bernard Vassor est historien et blogueur.
Les Bleus, les Drama Queens du Mondial
Par Rodica Pricop, de Bucarest, le 21 juin 2010, 14h30 GMT
Beaucoup de fans du football parlent des mésaventures des Bleus à Johannesburg, comme si l’équipe du très contesté ces jours-ci Raymond Domenech était pourchassée par un mauvais karma. Surtout en Irlande, ou la défaite écrasante de l’équipe de France face au Mexique jeudi dernier, a eu le goût d’une douce vengeance, car les irlandais ont raté la qualification à la Coupe Mondiale face à la France et surtout à cause d’un but controversé. La réaction de la presse irlandaise selon laquelle "La France est la risée du monde" a donné le ton d’une avalanche d’articles et commentaires acides contre Les Bleus à travers le monde. Leur mauvais jeu, caractérisé par bon nombre de journalistes bien au-dessous de leur vanité - un stéréotype bien ancré dans l'esprit du public, a été amplifié par l’attitude arrogante du sélectionneur français face aux médias. La fameuse expression française "cherchez la femme" pourra désormais être remplacée par "cherchez le traître", après que les footballeurs français aient accusé la presse d'obtenir des "informations" de l’intérieur de l’équipe par l’intermédiaire d’une "taupe"…
Vu de l’extérieur, il faut dire que l’humiliation sur le terrain a été surpassée de loin par les scandales qui ont entouré l’équipe de France dès le début de la Coupe du Monde, qui ont culminé avec l’expulsion de Nicolas Anelka et le refus des footballeurs de s’entraîner. La vérité est que le plus intéressant spectacle que l’équipe de France a offert en Afrique du Sud jusqu'à présent s’est donné en dehors du terrain de jeu, ce qui fait que le football est resté malheureusement en deuxième plan. Il faut aussi dire que les scandales font aussi le grand délice des supporteurs des équipes rivales, car les journalistes utilisent au mieux ce filon afin d’augmenter les ventes et de créer du sensationnel. Mais ils sont aidés aussi par la réaction disproportionnée des responsables français qui ont décidé d’intervenir dans ce scandale. Même le président de la République a eu une réaction "intransigeante" face aux insultes proférées par Anelka contre Domenech, en disant que celui-ci a eu "un comportement inacceptable". Comme si on s’attendait à ce que le langage des vestiaires soit le même que celui des chancelleries… Alors, soyons sérieux et gardons le sens des proportions. La France a été vaincue par le Mexique sur le terrain de foot, pas sur un champ de guerre et même si l’orgueil national a prix il ne faut pas faire un drame national. Car, comme le disait le prix Nobel de littérature, l’Argentin Jorge Luis Borges, la grandeur d’un pays n’a rien à voir avec la manière dont onze hommes frappent un ballon rond. Rodica Pricop est Rédactrice en chef adjointe à Nine O’Clock, éditorialiste a Bucarest Hebdo.
Depuis l'Albanie, la crise que traversent les Bleus est à l'image de la crise de l'identité nationale française
Par Ilir Yzeiri, de Tirana, 21 juin 2010, 13h30 GMT
Rien de plus beau et de plus significatif que le vuvuzela ne caractérise ce Mondial de foot. Le vuvuzela est devenu une métaphore large et dense qui peut caractériser le bruit immense et l’incompréhension de tous et de tout. Le vuvuzela est une sorte de bruit globalisant, une sorte de cri international qui sert à exprimer les sentiments sportifs d’un anglais désespéré autant que d’un français furieux. Ce Mondial de foot porte tous les signes de notre ère globalisée. C’est un Mondial sans émotion, c’est un évènement où comme dans l’économie, on a démontré qu’il n’existe plus les puissances comme La France ou l’Angleterre, c’est un Mondial qui ne porte plus le signe de la nation. L’exemple brillant et triste en même temps c’est l’équipe des Bleus. Il illustre d’une manière « excellente » toute la discussion sur l’identité. Au lieu de l’identité de la nation c’est l’identité de la profession, de l’image de la star. Ce qu’a produit l’équipe des Bleus a démontré la crise profonde de l’identité qui a eu lieu en France avant le Mondial. J’ai l’impression que la fierté nationale de la France a diminué un peu, que l'image des joueurs français ressemble de plus en plus à l'image de petits enfants bien aisés, c’est plutôt l’image des gens désespérés d’une nation pleine d’incompréhension. Ce Mondial de vuvuzela n’a pas encore réussi à devenir une grande fête internationale. Il montre chaque jour qui passe que nous vivons sur une planète fatiguée, pleine de problèmes, que le vuvuzela comme le pétrole qui a envahi le Golfe du Mexique caractérisent notre manière d’agir, a savoir beaucoup de bruit, tant de bruit et une nappe noire qui couvre notre horizon et notre avenir. Au moins jusqu’a maintenant a part le vuvuzela rien de neuf et de beau de ce Mondial. Même l'image des Bleus était plutôt un geste médiocre qu’un geste héroïque ou un héroïsme sans objet. Ilir Yzeiri est journaliste et professeur à l'université de Tirana.
Les déboires de l'équipe de France vus d'Israël
par Kichka, de Jérusalem, le 21 juin, 12h30GMT
Kichka est l'un des caricaturistes en vue d'Israël. Dernier recueil paru en français - "Dessins désarmants" - coédition Berg et TV5Monde.
Défaite des éléphants contre le Brésil, soirée morose à Cocody
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 21 juin 2010, 11 h GMT
Désolation, tristesse, amertume. Voilà ce que ressentent les Ivoiriens après ce match Brésil-Côte d’Ivoire. La déception est grande. On y croyait encore même quand à la mi-temps les éléphants étaient menés au score 1-0. Justin Koffi, spectateur du match : «Je sais qu’à la deuxième mi-temps les Ivoiriens vont égaliser pour mener au score ». La réalité est amère à la fin du match. Il faut se rendre à l’évidence. La Côte d’Ivoire s’est inclinée face au géant brésilien (1-3). A Cocody Mermoz, la tristesse est grande. Les résidents de la cité universitaire refusent de se rendre compte que la réalité est bien là. Difficile de quitter devant son petit écran. On est cloué. Mieux, on y trouve encore des sujets à polémique. Le deuxième but du Brésil est contestable car on voit bien l’attaquant brésilien toucher de la main le ballon. Dans les rues de Cocody centre (commune présidentielle) l’atmosphère est très morose. « On aurait souhaité que la Côte d’Ivoire gagne le match ou qu’elle fasse un match nul pour avoir plus de chance de passer au second tour», regrette un riverain. Malgré tout, certains comme Comoé Amani, fervent supporteur des éléphants, restent optimiste jusqu'au bout : « Nous ne sommes pas encore éliminés et je crois que la Côte d’Ivoire passera le premier tour. J’ai foi en cela ».
En Côte d'Ivoire, tout le monde est OVB !
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 13 juin 2010, 12 h GMT
Les tee-shirts et accessoires OBV (orange-blanc-vert) qui marquent l’attachement des Ivoiriens à leur pays dans l’univers de la mode sont de nouveau visibles dans les rues d’Abidjan. La raison est toute simple : les éléphants de Côte d’Ivoire sont pour a deuxième fois à une phase finale de la coupe du monde et pour montrer son amour aux 11 Ivoiriens, chacun a sorti son tee-shirt, sa perruque, son chapeau, sa banderole… La nouvelle tendance à Abidjan n’est plus vraiment le choix d’un maillot en boutique. On le personnalise grâce aux services d’un sérigraphe. Avoir son maillot avec son nom, son tee-shirt avec l’enseigne de son magasin ou de son maquis c’est possible. Nestor Asseké a une douzaine d’année d’exercice dans les travaux de sérigraphie. Son atelier situé à Treichville (quartier populaire) ne désemplit pas à l’occasion du mondial. Il passe d’une banderole à un tee-shirt ou une enseigne lumineuse.
« La mode est OBV en ce moment, mondial oblige ! Je reçois des commandes de maquis et bars qui veulent habiller leurs personnels aux couleurs de notre équipe nationale » affirme Nestor Asseké. « Au-delà de ces commandes classiques, la tendance est à une véritable personnalisation des tee-shirts. Des clubs d’amis viennent avec leur tee-shirt et leur chemises pour qu’on puisse imprimer le nom du groupe ou le nom de l’individu ». Un responsable d’espace de restauration vient chercher une banderole invitant les clients à voir les matchs sur écran géant. « Je trouve que les sérigraphes Ivoiriens ont du talent à l’image de Nestor. L’année dernière nous avons acheté des tee-shirts d’origine asiatique à des prix exorbitants et ceux-ci n’étaient pas de qualité. Cette année nous avons décidé de consommer ivoirien et personnellement je ne suis pas déçu ». Il est vrai que les éléphants font vendre mais Nestor souligne une inquiétude que beaucoup d’Ivoiriens partagent. « Pour le moment il y a de l’affluence mais elle n’est pas encore grande. J’espère que les éléphants iront loin dans ce tournoi pour que les affaires puissent marcher véritablement ». Supporteurs, tenanciers de débit de boisson et d’espace de restauration, sérigraphes et tour opérateur, chacun retient son souffle et prie pour que nos pachydermes aillent loin. Allez les éléphants, le plus loin possible pour que vive le business ! Israël Yoroba Guebo est Journaliste ivoirien et blogueur
En Grèce, c'est la décadence, paraît-il...
par Alexia Kefalas, d'Athènes, le 12 juin 2010, 18 h 45 GMT
Les Grecs sont étonnants. En regardant le match Grèce – Corée du Sud ce midi, depuis une cafétéria du Pirée, sous 35 degrés, j’avoue avoir été étonnée de la réaction des Grecs. Pas de nationalisme, peu de patriotisme, un enthousiasme mesuré mais le besoin de crier à chaque but manqué. A la table voisine, quatre quinquagénaires et trois jeunes férus du ballon rond. Pour eux, l’équipe nationale grecque reflète l’état du pays « c’est la décadence » disent-ils (en français dans le texte), en voyant leur pays perde 2 à zéro. Les champions d’Europe 2004 n’ont plus la même forme, ni la même composition et la méthode de l’entraîneur allemand, Otto Rehagel, basée sur la défense, a perdu de sa superbe. Les Grecs le savent, sans être en Afrique du Sud.
La crise économique, les mesures d’austérité, l’incertitude de l’emploi, l’augmentation des prix et toutes les cassandres sur la situation du pays pèsent sur la ferveur du mondial. Les bars, restaurants et cafétérias espèrent pourtant que la consommation reprendra jusqu’au 11 juillet (fin du mondial). Ils multiplient les efforts pour attirer la clientèle : Écrans géants sur les plages, plasmas au dessus des bars, certains ont même des tables VIP avec des écouteurs pour les commentaires. Le match le plus attendu reste celui du 22 juin, Grèce-Argentine. Deux pays « sous la tutelle du FMI » comme disent les journalistes sportifs ici, mais dans le cas de la Grèce, un pays qui fera son possible pour repartir la tête haute, même si c’est mal parti... Alexia Kefalas est journaliste au quotidien grec I Kathimerini
En Algérie, le fennec est un petit renard du désert... et un footballeur
par Ghania Mouffok, d'Alger, 11 juin 2010, 14 h GMT
Sélectionnée après des matchs homériques face à l’Egypte, l’Algérie jouera son premier match dimanche face à la Slovénie au pays de Mandela. Pour l’instant, la rue se fait discrète et personne ne croit aux chances des Fennecs, après leurs résultats jugés médiocres lors des matchs préparatoires. À 24 heures de ce premier match, Rabah Saadane vient de changer le capitaine d’équipe, ce qui n’augure rien de bon pour la suite des événements. Yazid Mansouri sera remplacé par Antar Yahia. Et si ces noms ne vous disent rien, ne vous inquiétez pas, à moi non plus. Il faut dire que la presque totalité des joueurs de l’équipe nationale sont des joueurs importés qui évoluent habituellement ailleurs qu’en Algérie. Comme nous importons quasiment tout en Algérie, grâce à l’argent du pétrole, il n’y a pas de raison pour que le foot fasse exception. Il n’empêche que nous serons l’un des sept pays africains à participer à ce mondial historique puisque c’est la première fois qu’un pays africain organise cette rencontre, et quel pays ! Nous représentons l’Afrique et le monde arabe, et nous sommes tantôt « les verts », tantôt les « fennecs », la mascotte du onze algérien. « Les verts » à la façon européenne, « les fennecs » à la façon africaine. Le fennec est un petit renard du désert, on l’appelle le « renard de poche », un peu comme l’équipe algérienne aujourd’hui face aux géants du foot, mais il a de grandes oreilles pour entendre les bruits du désert et il peut presque se passer d’eau. Les équipes africaines, pour se nommer, piochent dans la zoologie, s’appropriant ainsi le regard occidental sur leurs performances, des performances « animales », « instinctives » avant d’être des performances techniques.
« Nous nous battrons comme des lions » rassure l’entraîneur de l’équipe algérienne, Rabah Saadane, réputé pourtant chez les supporters pour ne jamais bouger de son banc et ce, quelles que soient les performances de son équipe. Des lions, des fennecs, des éléphants, l’Afrique demeure dans son image de ménagerie, de jungle dominée quoiqu’on en dise. Pour former son équipe, l’Algérie pioche en Europe ses binationaux, ramène d’Europe ses médecins, ses diététiciens etc… Alors que nous sommes un continent d’un milliard d’habitants. Et l’Afrique du Sud est notre pays phare, notre dragon, c’est dire… Parce que par delà le charisme incontestable de Desmond Tutu, souhaitant au monde « la bienvenue en Afrique du Sud », par delà son émotion contagieuse, par delà son salut à Nelson Mandela, « viva madiba », par delà son optimisme, « la chenille est devenue papillon », et son magnifique « nous sommes le monde », ou encore « Afrique berceau de l’humanité », force est de constater que le berceau de l’humanité est en bien piètre état. À peine sorti de l’apartheid, ce pays s’est imposé face aux autres pays indépendants… depuis quand même les années 60. Regardant la télé pour suivre ce mondial, (que serait la coupe du monde de foot sans la télé ?) j’ai été frappée par la manière de communiquer algérienne. On ne voit, on n’entend aucun joueur, comme une armée de petits soldats ils se taisent pendant que le chef, en costume cravate, guindé comme un as de pique, s’exprime au nom de tous : « Nous nous battrons comme des lions ». Le malheur de l’Afrique ce sont ses monstrueux dictateurs et sa force, ce sont ses millions d’habitants qui, aujourd’hui, font la fête à leurs fennecs et autres éléphants comme on chante le désir de sortir des zoos qui nous tiennent lieu de nations. Ne plus être des fennecs, des papillons, des chenilles et même des lions mais juste des hommes et des femmes libres de garder le cap de bonne espérance. Ghania Mouffok est écrivaine et journaliste. Dernier article paru "Femmes émancipées dans le piège de Hassi Messaoud", Le Monde diplomatique, juin 2010
À Abidjan, la ruée vers les téléviseurs
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, le 11 juin 2010, 16 h GMT
Malgré une fine pluie sur la capitale économique de la Côte d’Ivoire, ils sont nombreux à négocier encore un poste téléviseur dans les magasins des quartiers commerçants que sont Treichville, Adjamé et pour certains le Plateau centre des affaires. « Il faut dire que depuis un mois l’appareil électronique le plus demandé est le poste téléviseur et si vous demandez à un consommateur pourquoi ce choix il vous dira qu’il ne veut pas rater un seul match du mondial » souligne Bachirou commerçant sur la célèbre avenue 12 de Treichville. Les marques Japonaises ont le vent en poupe : peu importe qu’elles soient d’occasion ou neuves. Nadjim quant à lui commence à sortir des postes téléviseurs venus d’Europe dans un conteneur. Ces appareils sont communément appelés "France au revoir’’. « Aujourd’hui c’est la veillée d’arme pour les supporteurs africains alors on baisse les prix : à partir de 35 000 CFA (environ 50 €) ou même moins on peut avoir une télé pour voir le mondial ». Les postes téléviseurs sont de toutes les tailles et l’on peut dire qu’il y en a pour toutes les bourses. Ici, dans le commerce populaire, on discute longuement le prix pour enfin tomber d’accord. Ceux qui ont plus de moyens se rendent dans les grandes surfaces comme ce père de famille qui veut suivre tranquillement le mondial avec ses amis. « Ce poste téléviseur je l’achète pour les enfants et leurs amis. Je veux éviter qu’ils viennent m’emmerder lorsque je vais suivre les rencontres avec notre club de supporteurs ». À la gare d’Adjamé, nous retrouvons Ahognisso Kokou, venu de Daoukro au centre de la Côte d’Ivoire il vient d’acheter un poste téléviseur avec le fruit d’un an d’économie. « Lorsque la FIFA a décidé d’attribuer l’organisation de la coupe du monde à l’Afrique du Sud, j’ai juré que je n’irai pas chez le voisin ou dans un espace public pour voir les matches. Aujourd’hui j’ai ma propre télévision et vais pouvoir profiter du mondial avec ma petite famille. » souligne ce jeune vulcanisateur, sourire aux lèvres. Pour la première fois la coupe du monde se tient en Afrique et certains ont aussi prévu de garder en souvenir des rencontres de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. En plus du traditionnel poste téléviseur, on a prévu un enregistreur VHS ou un câble vers l’ordinateur du salon pour capturer les plus belles images de ce mondial. Israël Yoroba Guebo est journaliste ivoirien et blogueur
En Haïti, baz foutbòl et affaire d'État
par Ladenson Fleurival, de Port-au-Prince, 11 juin 2010, 12 h GMT
En Haïti, comme dans beaucoup de pays dans le monde, le football est affaire d’État. Après la catastrophe naturelle, la vie peine à reprendre son cours. Cependant, durant un mois, les Haïtiens vont être suspendus aux exploits de Léo Messi, de Christiano Ronaldo, de Kaka, entre autres. Et pour comble, le gouvernement haïtien a décidé d’installer des écrans géants dans plusieurs endroits de la capitale, notamment au stade Sylvio Cator, la plus grande enceinte sportive du pays. Ils seront entièrement électroniques avec des images haute résolution. Notons que chaque écran géant contient deux faces, pour en démocratiser l’accès. Une cotisation de 10 gourdes (0,10 centimes d’euro environ) sera exigée à l’entrée. Les profits iront à la caisse de la Fédération haïtienne de football (FHF), dont les installations ont été détruites. Les gens se montrent très enthousiastes quant à cette perspective. André 23 ans, vêtu de son T-shirt aux couleurs de la sélection brésilienne, l’équipe la plus populaire dans le pays, salue cette initiative. « Nous sommes soulagés car beaucoup de personnes ne savaient où donner de la tête pour voir les matchs », explique-t-il. Pour Michel, le prix est assez dérisoire, car ils font d’une pierre deux coups. « Après la coupe du monde le football doit continuer dans le pays et cet argent sera d’un appui considérable à la fédération », estime-t-il. Mais ce ne sont pas seulement les populations des camps qui en profiteront. A cause des problèmes d’électricité beaucoup de gens vivant dans leur maison viendront au stade. Sa position étant central et son accès facile. De plus, par habitude, les Haïtiens aiment regarder les parties de football en compagnie d’autres supporters, pour des discussions enflammées. « Je me sens tout drôle quand je garde le foot en solitaire », dit Fanfan. Le terrain du stade Sylvio Cator a été complètement envahi dans les premiers jours du séisme. Le mois dernier, les gens ont été délogés pour permettre aux activités sportives de reprendre leurs droits.
Dans tous les quartiers de la capitale et ses environs, les jeunes s’organisent pour pouvoir regarder dans les meilleures conditions le déroulement de la manifestation. Des espaces appelés en créole « baz foutbòl » sont aménagés pour la circonstance. Rue Dérénoncourt, un quartier populaire de Pétion-ville (Est), une quinzaine de jeunes qui s’identifient comme des fans du Brésil et de l’Argentine ont mis en commun leur argent pour aménager leur propre espace. Les discussions pour savoir quel drapeau figurera sur la façade principale de leur petit bâtiment, laissent présager que cet été sera une fois de plus très chaud. Néanmoins, ils se sont mis d'accord pour que les drapeaux de plusieurs pays soient hissés sur la place. Islin Pierre alias « Kiko » nous confie qu’il a dépensé tout son salaire mensuel pour préparer le lieu. « Sa a se zafè pa nou, menm lè nou sinistre n ap pran plezi nan Koup dimonn nan », à traduire littéralement par : "notre situation de sinistré ne peut pas nous empêcher de fêter l’événement". Au camp des Frères de l’instruction chrétienne (FIC), l’enthousiasme est pareil. Sous des arbres, des jeunes ont déjà préparé leur « baz ». Ti jan, fan de longue date de la sélection vert et or, faisant allusion au tremblement de terre, déclare : « Si nous sommes encore en vie après le violent séisme, c’est sûrement pour voir le 6ème sacre du Brésil ». Notons que les « baz » constituent avant tout, des lieux de détente. Pas étonnant que les jeunes se cotisent également pour acheter des boissons, notamment de la bière. Selon plusieurs chefs de « baz » rencontrés, la coupe du monde sera au plus haut point, bénéfique à la population. Ladenson Fleurival est journaliste au quotidien Le Matin de Port au Prince
Au Brésil, les mères plus folles de football que leurs fils
par Frederico Licks Bertol, de Porto Alegre, 11 juin 2010, 10 h GMT
Entretiens avec deux mères brésiliennes appartenant à différentes classes sociales sur le rapport de leurs fils avec ce qu'on appelle "la passion nationale". Jaqueline da Rosa, 44 ans Profession: femme de ménage Situation de famille: divorcée Nombre d'enfants: 4 (deux garçons et deux filles) Rosele Maria Luchese, 45 ans Profession: procureure générale Situation de famille: mariée Nombre d'enfants: 2 (un garçon et une fille) Quand et comment vos enfants se sont-ils intéressés au football ? Jaqueline : Mon fils aîné, depuis qu'il était petit, il aimait regarder son oncle jouer au ballon dans l'équipe de la ville, et le benjamin a suivi l'exemple de son frère. Rosele : Mon fils, qui a dix ans, a commencé à s'intéresser au football avec son père. Depuis tout petit, environ un an, il a commencé à montrer qu'il aimait jouer au football. Est-ce qu'ils veulent faire carrière dans le football ? À quel âge ont-ils commencé à y penser ? Jaqueline : Quand mon fils ainé avait environ huit ans, je l'ai inscrit à l’école de l’Inter [une des plus grandes équipes de football au Brésil]. Il a réussi le -peneirão- ["grand tamis", l'examen d’entrée à l'école] et il a joué dans l'équipe officielle des jeunes mais il l’a quittée parce qu'il s'est cassé la cheville et après je n'ai reçu aucune aide de leur part. Rosele : Il rêve d'être footballeur. Il a dit qu'il en rêve depuis son premier contact avec un ballon. Comment est l'école de football ? [les deux mères parlent de la même école] Jaqueline: Il faut payer l'école; elle n'est pas destinée aux enfants de pauvres. Rosele: Même s'il faut payer, l'école s'adresse à toutes les classes sociales. En plus, elle est liée à une grande équipe de football professionnel et, souvent, elle encourage les enfants à se consacrer à l'étude. À votre avis, quels sont-ils les objectifs de l'école de football ? Jaqueline : Gagner de l'argent car ils donnent très peu de soutien et il faut tout payer. Rosele : Elle apprend à bien jouer au football, encourage la pratique du sport et enseigne l'interaction sociale et les loisirs.
Si un de vos enfants avait réussi dans le football, pensez-vous qu'il préférerait jouer au Brésil ou à l'étranger? Jaqueline : À l'étranger. Rosele : D'abord au Brésil, puis à l'étranger. Qu'est-ce qui est le plus important : devenir un athlète bien rémunéré ou entrer dans une université ? Jaqueline : Devenir un joueur bien rémunéré. Rosele : Devenir un jouer bien rémunéré. Au Brésil, c'est le rêve de la plupart des gens. Pensez-vous que c'est plus facile d'atteindre le succés profissionnel en pratiquent du football ou en étudiant pour suivre une profession traditionelle ? Jaqueline : Ceux qui aiment le football le pratiquent mais ils étudient pour avoir d’une autre profession. Rosele : Je pense qu'il est plus facile de réussir par la suite d'une occupation traditionnelle. À votre avis, quelles sont les conséquences pour la société de cette passion des jeunes garçons pour le football ? Jaqueline : Le football discipline et apprend à vivre en groupe, à respecter la ponctualité et à ne pas prendre des drogues... Toutes l'écoles de footbal que je connais exigent que les enfants étudient. Pour la communauté c'est bon parce que les parents fréquentent les compétitions et là ils font des amitiés... Rosele : Je pense que le football n'encourage pas les enfants à abandonner l'école. Toutefois, ce n'est pas le vrai avec les jeunes quand ils commencent à jouer professionnellement, car en raison de leurs engagements dans le football, ils ne parviennent pas à se consacrer à leurs études. Je pense que le football est bénéfique pour tout le monde. Il génère de l'emploi, des loisirs, etc. C'est un sport sain. C'est bon pour la santé physique et mentale. Pensez-vous que la Coupe du Monde au Brésil en 2014 apportera des progrès à votre région ? Jaqueline : Oui, parce-que peut-être les écoles de football feront plus de "peneirão". Rosele : Oui, parce qu'il y aura des investissements dans les villes, avec la construction et l'amélioration des routes, rues, stades, etc. La Coupe du Monde au Brésil en 2014, ce sera quoi avant tout : la passion pour le sport, du patriotisme ou des chances de croissance économique pour le pays ? Jaqueline : Le patriotisme et des chances pour le Brésil croître économiquement... Rosele : Des chances pour le pays croître économiquement. Propos recueillis par Frederico Licks Bertol, membre de l´équipe du site Correio Internacional, Porto Alegre, Brésil
En Côte d'Ivoire, l'espoir et la fête partout
par Israël Yoroba Guebo, d'Abidjan, 11 juin 2010, 09 h GMT
Le mondial 2010 en Afrique du Sud ne transforme pas seulement l’ambiance des grandes capitales Africaines ; c’est aussi la fête dans tous les hameaux et villes comme ici à Dimbokro (ville du centre est de la Côte d’Ivoire) où les parieurs s’apprêtent à se faire de l’argent au fil des matchs. On le sait, les compétitions sportives sont l’occasion pour les supporteurs et les parieurs de profession de se livrer à tous les pronostics mais pour ce mondial en Afrique du Sud les Ivoiriens sont très indécis. Comment prendre le risque de se livrer à un pronostic quand vous avez le privilège de vous retrouver dans la même poule que le Portugal et le Brésil, deux équipes qui ne vendent pas leur peau au premier venu ? Les Ivoiriens veulent bien croire aux chances de leur équipe nationale, mais après des analyses approfondies certains Ivoiriens déchantent très vite. « C’est vrai que j’aime mon pays mais je reconnais que battre le Portugal et surtout le Brésil serait un miracle. Je ne dis pas que les joueurs Ivoiriens vont en Afrique du Sud pour faire de la figuration mais soyons réalistes on ne sort pas le Brésil et le Portugal au premier tour comme on le ferait pour n’importe quelle autre équipe », affirme Bamba Ali commerçant et parieur.
« Nos éléphants ne sont pas ridicules, mais le Brésil est un gros morceau que tout le monde veut éviter au premier tour. Le Portugal de Christiano Ronaldo a aussi le vent en poupe : rien n’augure des lendemains meilleurs pour nos éléphants », craint Kouassi Lenoir enseignant vêtu d’un tee-shirt à l’effigie de Didier Drogba. Dans le camp des fans de l’équipe nationale, le moral est haut. Nous retrouvons le groupe d’animation Zouglou Djako Système en pleine répétition. « Nos tam-tams sont prêts pour pousser les éléphants à la victoire devant les écrans géants de la ville. Quelle que soit l’équipe, si nos joueurs mouillent le maillot, ils prendront le dessus » lance Laurisse, le chef d’orchestre. Ici on voit déjà de quelle manière les éléphants iront au second tour. « Face au Brésil on fera un match nul (1-1), on va battre le Portugal (2-1) grâce à un but sur coup franc dans les 15 dernières minutes et on fera une bouchée de Sud coréens (2-0) » pronostique Tibot Yao technicien de surface. Certains sont plus discrets et refusent de prévoir un résultat. « Je souhaite bonne chance aux éléphants, mais je ne ferais pas de pronostics. Seuls les meilleurs iront au second tour » assure Arsène Assiélou informaticien. Israël Yoroba Guebo est Journaliste ivoirien et blogueur
En Chine, chapeau bas à une Afrique excédentaire en talents et en valeur
par Xu Tiebing, de Pékin, 11 juin 2010, 8 h GMT
L’Afrique déficitaire, l’Afrique de pénurie, l’Afrique toujours assistée, une amère réalité au quotidien dans pas mal de domaines. Pourtant, il y a bien un champ spécifique de haute gamme où l’Afrique demeure excédentaire : les footballeurs africains d’excellente qualité, dont l’industrie d’exportation profite bien en continuité, la mondialisation aidant. L’Europe sait bien depuis longtemps, que sans ces Africains de talent, la coupe n’aurait pas cette attraction, ce prestige, et son audience actuelle. Combien sont-ils dans le monde ces footballeurs africains ? Pas de chiffres précis... Ici, en Chine, très loin de l’Afrique, on compte environ une quarantaine de footballeurs camerounais au service des équipes des clubs provinciaux et municipaux chinois. Ce sang neuf et cette vitalité nous donnent de la consolation, mais surtout de la passion pour ce sport si émotionnel, mais trop chargé de fierté gonflée. Hélas, le football chez nous est dans un état lamentable...
On entend par exemple qu’en France, des footballeurs sénégalais, voir togolais, dispersés dans différents clubs peuvent, s’ils composent une équipe à eux seuls, faire match égal avec une équipe française, qui serait uniquement composée de “Nationaux”. Ils auraient même une forte chance de gagner. Mais ce qui est sûr pour moi et pour beaucoup de mes compatriotes, c’est que si les footballeurs camerounais de Chine s’organisaient en une équipe, ils n'auraient pas seulement une chance de gagner : elle triompherait sur toutes les équipes provinciales, et même sur l’ équipe nationale de Chine ! Xu Tiebing est professeur et chercheur au Centre des Relations internationales à l'Université des Communications de Pékin
Aux États-Unis, il est plus facile d'attraper la grippe porcine que la fièvre du football
par Matt Sanchez, de Los Angeles, 11 juin 2010, 6 h GMT
Donc, la Coupe du monde 2010 est là, et comme d'habitude, nos médias font un effort pour nous rappeler que "le soccer" est un sport international et que les États-Unis font partie d'une communauté mondiale. La revue Time nous met quasiment sous occupation mentale avec le gros titre, "Le jeu global, celui que vous pouvez jouer partout". Pourtant, cette année, aux États-Unis, la ferveur du foot est plus difficile à attraper que la grippe porcine de l'année précédente. En passant par Los Angeles, la ville la plus populeuse aux États-Unis, on avait du mal à trouver des traces du célèbre mondial. J'ai demandé à une dizaine d'"angelinos" choisis par hasard (dans le supermarché, un restaurant et même l'aéroport) pour savoir qui était leurs équipes préférées. La seule personne qui était plus au moins au courant des festivités internationales était Debbie Lee, une mère "Gold Star" (étoile d'or), ce qui désigne les mères américaines qui ont perdu un enfant dans une guerre. À part de faire partie des forces spéciales, Marc Alan Lee, son fils, portait un amour spécial pour le soccer et voulait devenir joueur professionnel avant de devenir le premier Navy Seal (marin) à périr en Irak. Les Irakiens renommèrent un stade de soccer en son honneur et sa mère Debbie Lee se rendra à Ramadi prochainement pour accepter cette reconnaissance. "Sans Marc, je ne saurais rien sur le soccer, mais c'est vrai, qu'avec ce que j'en sais, je fais figure d'exception, parmi les Américains". Si les fans étaient difficiles à trouver à Los Angeles, ce n'était pas par un manque d'effort de sa part. Après la loi de l'État d'Arizona sur l'immigration, la ville de Los Angeles se veut, elle, plus internationale que jamais. Un membre du Conseil municipal a même déclaré avec provocation, que lui aussi aura désormais besoin d'un passeport pour voyager dans l'État d'Arizona ; et on attend de voir si le député dépaysé, Ed Reyes (d'origine mexicaine), choisira l'équipe américaine ou préférera plutôt le Mexique.
Au Chili, le miracle de la qualification
par Mauricio Tolosa, de Santiago du Chili, 10 juin 2010, 22 h GMT
Le Chili ne va pas souvent au « Mondial » (la dénomination populaire pour la Coupe du Monde). La dernière fois, c’était en France 1998, le dernier match gagné par une équipe chilienne à la Coupe du Monde fut en 1962. Ici, la fièvre du mondial se vit tous les quatre ans, mais le Chili ne participe en moyenne qu’une fois chaque 12 ans. Les joueurs qui ont eu le privilège d’y arriver deviennent des héros pour une décennie jusqu'à au moment où une nouvelle génération répète la prouesse de se qualifier. Cette année 2010, celle du Bicentenaire de l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne, celle du plus grand tremblement de terre dans le pays depuis cinquante ans et le cinquième plus grand de l’histoire de l’humanité, celle où la coalition de centre gauche a laissé le pouvoir au centre droit après vingt ans, rien n’est plus important que « le Chili » soit présent en l’Afrique du Sud. Les Chiliens prennent tout très au sérieux. Depuis vingt ans, ils veulent se mêler à l’Europe et au monde développé et s’éloigner du caractère et de la fête traditionnelle de l’Amérique latine. Le Chili a réussi à s’intégrer à l’OCDE et à la Communauté Economique Européenne. Son économie et sa politique sont toujours parmi les exemples et les modèles à suivre pour les autres pays de la région. Mais pas le football.
Mais, cette fois, la Fédération Chilienne du Football a appelé en renforts depuis l’autre côté des Andes, un coach argentin, Marcelo Bielsa, qui avec des méthodes sérieuses, professionnelles et méticuleuses, a réussi le miracle de la qualification. Le jour suivant de la confirmation de la participation, un groupe de députés de l’Assemblée nationale demandait qu’on offre à Marcelo la nationalité chilienne. Les deux premiers matches se jouent à 8 heures du matin. Depuis des semaines, on discute sérieusement de savoir si les lycées et les bureaux, doivent ouvrir après le match ou regarder le match tous ensemble au lieu de travailler. Quant au troisième match avec l’Espagne, c’est beaucoup plus clair, c’est un vendredi à 15 heures, or le week-end commence à midi. L’enjeu est sérieux, selon les résultats nous serons tous des «winner ou looser». En attendant,…. ALLEZ LES ROUGES ! Mauricio Tolosa est écrivain et journaliste à Santiago du Chili
Haïti : la coupe du monde sous les tentes comme dans la rue !
par Ladenson Fleurival, de Port-au-Prince, 10 juin 2010, 20 h GMT
Depuis les camps de fortune, les 1,2 million de sinistrés de la catastrophe du 12 janvier 2010 sont plongés dans la folie de la coupe du monde. Avec gadgets, des répliques du trophée, les réfugiés laissent derrière eux les mauvais souvenirs des temps de mauvais jours et les 5 mois de vie d’enfer sous les tentes pour se livrer aux jeux et aux réjouissances populaires. On vit la coupe du monde avec beaucoup de passion et d’émotions en Haïti. Le cœur des refugiés de Port-au-Prince et ses zones environnantes : Delmas (Nord), Pétion-ville (Est), Carrefour (Sud) bat au rythme de la fête du football. Certains voient dans cette manifestation une thérapie pour les plus démunis, et un moment de répit pour le gouvernement qui fait actuellement face à des contestations populaires de plus en plus soutenues. « La coupe du monde va nous aider à oublier certains problèmes et d’autres soucis de la vie », déclare un sinistré au camp du Champs-de-Mars, à quelques pas de ce qui reste du palais présidentiel d’avant le 12 janvier. Des ONG internationales et des institutions de la place ont mis gratuitement à disposition des infortunés, des génératrices et des postes de télévision à écran géant afin de leur permettre de vivre les moindres gestes de cette consécration populaire. Les artistes et artisans ne sont pas en reste. Avec crayon, pinceau, encre, tissus ou encore peinture, ils dessinent à leur manière, l’événement. par Ladenson Fleurival, journaliste au quotidien Le Matin, Port-au-Prince
Au Québec aussi, le ballon tourne rond !
par Catherine François, de Montréal, 10 juin 2010, 18 h GMT
Il y a certains sports dans certains pays qui sont comme des religions… le base-ball aux États-Unis, le football en Europe et en Amérique latine ou le hockey sur glace au Canada. Ici, au Canada, le football n’a pas encore atteint cette consécration ultime, mais il gagne du terrain, lentement mais sûrement, dans le cœur des sportifs ( les vrais ou ceux qui restent dans leurs salons ) et dans les petites jambes des jeunes qui chaque année sont de plus en plus nombreux à apprendre à passer le ballon rond, surtout au Québec, la province canadienne où vit la majorité des Francophones du Canada. Peut-être parce que c’est la province la plus « latine » du pays si je puis dire, en tous cas si on la compare avec ce que l’on appelle le « Canada anglais »… Petite précision importante tout d’abord : ici, sur le continent nord-américain, on ne dit pas « football » mais « soccer ». Nuance donc… à laquelle je n’ai jamais vraiment réussi à m’habituer au demeurant, même après mes 20 ans de vie à Montréal. Mais je vais garder ce terme si vous me le permettez puisque ici, c’est comme ça que l’on appelle ce sport. J’ai réalisé l’an dernier pour TV5 Monde un reportage qui parlait justement de l’essor du soccer au Québec au cours des dernières années… un essor qui se traduit par l’arrivée, dans la ligue nord-américaine, de joueurs européens, comme Français ou des Belges qui viennent ici vivre une deuxième carrière… ces joueurs pour la plupart ont navigué dans des clubs de deuxième division en Europe, d’ailleurs le niveau des clubs nord-américains est l’équivalent d’un niveau de deuxième division européen. Cet essor du ballon rond dans la belle province se traduit aussi par une augmentation fulgurante du nombre d’adeptes au cours des dernières décennies. Ainsi, le nombre des membres de la Fédération de soccer du Québec est passé de 33 000 mille en 1980 à 200 000 en 2008, soit six fois plus en moins de 30 ans. Et plus de la moitié de ces adeptes sont des jeunes de moins de dix ans.
Cette progression se poursuit, il y a de plus en plus de villes et de villages au Québec qui ont maintenant leurs clubs de soccer, avec des cours, des rencontres inter-clubs, des matchs, etc. La grande messe du ballon rond réunit de plus en plus de fidèles… Enfin la popularité du soccer ici a pris de l’ampleur au fil des mondiaux... il fallait voir les Français de Montréal – et tous les participants des Bleus – défiler sur la rue Saint-Denis et faire la fête des heures durant pour célébrer les victoires de l’équipe de France en 98 et en 2000, ainsi que la samba endiablée qui a enflammé le Boulevard St-Laurent un certain dimanche de 2002 quand les Brésiliens sont devenus champions du monde. Et que dire de la victoire des Italiens qui a transformé la petite Italie de Montréal en « party » géante lors de la dernière coupe de Monde ! Je me souviens aussi de la folie qui s’emparait du quartier portugais où j’habitais alors, lors des championnats d’Europe de 2004 où le Portugal est allé jusqu’en finale… des heures et des heures de coups de klaxons dans les rues avec cris et hurlements de joie en écho, les parades en autos tout drapeau dehors… Bref, chaque championnat ici est très suivi et déclenche les passions au sein des différentes communautés culturelles qui composent Montréal mais aussi au sein de la population québécoise. C’est sûr qu’on encore loin du délire messianique qui s’empare de Montréal quand le Canadien, l’équipe de hockey de la métropole, joue les séries de la coupe Stanley, mais quand même… Les Québécois sont donc prêts à suivre cette nouvelle coupe de monde et à embarquer dans la transe mondiale. Les bars – comme le célèbre Barouf, rue Saint-Denis, fief des partisans de l’équipe de France – vont se faire envahir, les drapeaux nationaux ont été lustrés, les klaxons astiqués, et même le champagne mis au frais pour les plus optimistes ( au prix de la bouteille par contre, on ne fait sauter le bouchon qu’en cas de victoire suprême…). Donc NOUS SOMMES PRÊTS ! En tous cas, le soccer a de belles années devant lui ici… le continent nord-américain est l’un des rares de cette planète que le ballon rond n’a pas encore mis sous sa coupe et ce continent compte plusieurs centaines de millions de fidèles qui pourraient entrer à leur tour dans le temple. Les portes sont maintenant bien ouvertes, et cette conquête semble s’être amorcée par le Québec… Catherine François est journaliste à la télévision de Radio-Canada et la correspondante de TV5 Monde au Canada
« Un sport sans avenir, une influence abrutissante »
par Bernard Vassor, de Paris, 10 juin 2010, 16 h 00 GMT
Comme nous l’avons vu dans une note précédente sur ce blog, le foot ball moderne est né en Angleterre autour des années 1850. Déjà, le philosophe évolutionniste Herbert Spencer (1820-1903) critiquait sévèrement le foot ball en l’accusant « d’exercer une influence abrutissante ». La romancière George Eliot (1819-1880), quant à elle, condamnait sans appel le foot ball, « comme n’étant rien qu’une fureur bestiale et une extrême violence ». Tous considéraient que cette pratique sportive n’avait aucun avenir. L’ancien communard montmartrois (du 61° bataillon) Paschal Grousset promoteur de la régénération par le sport, estimait que « c’est un jeu rude et grossier, un jeu de goujats ».
C’est en 1888 que naissait officiellement en France le football. D’abord pratiqué (comme en Angleterre) dans des rencontres entre écoles ou collèges, la première, interscolaire, opposant l’Ecole Monge (disparue) à l’Ecole Alsacienne. Un chroniqueur sportif chauvin et xénophobe, tout en rappelant « la décadence du peuple et la dégénérescence de la race anglaise » prétendait, au moment de l’exposition universelle de 1900, que ce jeu était d’origine française…. ! Rappelant que « la soule » était pratiquée au moyen-âge en Normandie et en Bretagne et qu’il avait traversé la Manche pendant la conquête par les Normands. Ce même brave homme prétend que les jours du football sont comptés en France, « car le français dégénéré va plus volontiers au ballon ovale ; dans vingt ans le rugby seul triomphera ». Conclusion d’un article durant l’Expo Universelle de 1900 : « Cette vogue accordée en France à « l’Association » (de football) qui compte cinquante pratiquants pour vieux crétins . Ça ne prendra jamais, jamais ! Je vous l’avais bien dit. Laissons donc aux Anglais leur bouboule ! » Bernard Vassor est historien et blogueur
Bien que quelques analystes lient la campagne menée par l’équipe nationale dans la Coupe du Monde aux résultats des élections, la relation n’est pas si évidente, si l'on regarde en arrière. Lorsque le Brésil a remporté son cinquième titre mondial en 2002, le président sortant a été battu ; et après les échecs sur le terrain, les présidents en place ont été réélus : Fernando Henrique Cardoso en 1998 et Lula en 2006. Alors si l'on estime qu'il y a une certaine influence du football dans les votes, l’Histoire récente n'est guère probante. Par contre, il est bien possible d’affirmer que la Coupe du Monde est une très agréable pause colorée en jaune et vert qui précède les élections et qui nous éloigne un peu des campagnes des partis. Malgré les différences idéologiques, les Brésiliens ont l’occasion de se rassembler devant les écrans et soutenir ensemble l’équipe nationale avant d’aller sur le terrain politique. Pour l'heure, nous donnons tous ensemble un vote de confiance au Brésil, dans la fête sportive. Ensuite, en octobre, on pourra voter les uns contre les autres, dans la fête démocratique. Gustavo Muller est membre de l´équipe du site Correio Internacional, Porto Alegre, Brésil
Au Brésil, le plébiscite puis les élections
Par Gustavo Muller, Porto Alegre, 10 juin 2010, 13 h 30 GMT
Depuis huit décennies, chaque quatre ans le Brésil se prépare pour la Coupe du Monde. Jusqu'à présent, nous avons participé à toutes les 18 éditions. Il ne s’agit pas de se battre dans les tours préliminaires pour une place dans le championnat : dans la tête de chaque Brésilien, notre place est assurée. Nous devons seulement attendre que le temps passe et voilà, nous y sommes à nouveau, en train de disputer le titre. Toutes les victoires précédentes, c’est vrai, nous ont laissés plus exigeants. Pourtant, on ne parle pas que du foot maintenant au Brésil. Depuis 1994, l’année de la Coupe du Monde au Brésil coïncide avec le calendrier électoral au niveau fédéral. Ce sont des élections qui désignent les membres de l’Exécutif et du Législatif de l’Union et des États membres de la Fédération, y compris l’élection directe pour le président de la République. Cela se déroule au mois d’octobre, mais les campagnes et les débats commencent avant, bien sûr. Pourrait-on donc supposer que le foot, tant important pour le pays, joue un rôle central dans la sphère politique ? Et bien c'est plutôt non.
L'ultime occasion de fierté des Albanais
par Ilir Yzeiri, de Tirana, 10 juin 2010, 12 h GMT
Chaque instant passe et l’attention du monde se focalise en Afrique du Sud comme si là-bas se situait le centre du monde. Quand nos ancêtres de Grèce ou de Rome ont inventé les jeux meurtriers des gladiateurs, ils n’ont pas pensé qu’un jour au lieu des gladiateurs ce serait vingt deux personnes qui courront après une balle pour la mettre dans un but. Cette sorte de plaisir collectif, d’extase est remplacée par les cris des foules qui ont choisi d’être pour ou contre les joueurs. Puis le moment est venu où ce sport est devenu l’emblème principal d’une nation entière. Si on regarde attentivement l’histoire, on constate qu’au lieu des meetings organisés par les divers leaders politiques ou nationaux, c’est désormais le stade qui devient le lieu du dialogue collectif. Je l’ai constaté dans mon pays. Durant la dictature le foot était le sport de masse le plus en vogue et presque chaque ville avait son équipe. Le championnat du foot était organisé par trois ligues. Les équipes portaient des noms quelquefois étranges et qui étaient conforme à la signification communiste de l’époque. Par exemple, une équipe du sud du pays, de Lushnja au centre des grands champs agricoles de notre pays, s’appelait « Le tracteur ». Une autre de la ville du dictateur Enver Hoxha, s’appelait « Le combattant », tandis qu’ailleurs il y en avait une qui portait le nom de « Partizan » etc.
Les équipes albanaises pouvaient participer aux compétions européennes et mondiales. Mais quelquefois ces événements étaient l’occasion de s’enfuir du pays tragiquement isolé. Je me rappelle mon ami et voisin Qemal Vogli, dit « le chat noir », ainsi surnommé pour son talent presque magique de voler à droite ou à gauche de sa porte. Il s’était enfui en Allemagne lors d’un match mais les services secrets albanais l’ont rattrapé et ramené en Albanie où il a passé presque vingt ans de sa vie en prison. Après la chute de la dictature, l’équipe nationale de foot est devenu une sorte de symbole de l’identification collective. Dans une région où les sentiment de fierté se sont réduits à cause de la pauvreté, le stade reste l’unique lieu où le sentiment romantique trouve place et où les gens ont la possibilité de chanter encore : « Oh qu’il est merveilleux d’être albanais » Ce slogan vit seulement quelques heures par an lors des quelques match internationaux, puis on se souvient tout de suite après que notre sort comme Albanais est quelques fois tragique. Que faire ? Le monde est divisé. Il y a des nations et des États qui font l’histoire, il y en a d’autres qui la consomment et il y en a encore d’autres qui sont de simples spectateurs. Je ne sais pas dans ce choix, où se situe l’Albanie… Ilir Yzeiri est journaliste et enseignant à l'université de Tirana
2010, et après ? La Russie sur la ligne de départ
Par Pavel Spiridonov, de Saint-Pétersbourg, 10 juin 2010, 9 h 30 GMT
Nous connaissons déjà le pays hôte de Championnat du monde 2014, c'est le Brésil. En ce qui concerne 2018 et 2022, le suspens durera jusqu'au 2 décembre de cette année. Ce n'est pas ras hasard que je parle de cette date, car la Russie est le pays candidat pour les deux championnats à venir. Ce projet est bien ambitieux, surtout que par exemple le Mexique a retiré sa candidature suite à ses problèmes économiques liés à la crise mondiale. Cette candidature est déjà éclaboussée par un scandale récent.
Le 16 mai, l'ex-président du comité pour la candidature anglaise Lord David Triesman a déclaré lors d'une discussion privée, que la Russie mettra la pression sur les juges en faveur de l'Espagne pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud et que l'Espagne à son tour retirera sa candidature au moment des élections pour le pays hôte de la Coupe en 2018 et soutiendra la Russie avec les pays de l'Amérique latine. Ces rumeurs ont été déclarées fausses par la FIFA, mais certains experts pensent que ce scandale peut avoir raison de la candidature anglaise. Ce qui favorisera nettement la candidature russe. On comprend beaucoup mieux l’ampleur des enjeux pour les pays candidats lorsque nous lisons les prévisions des retombées financières du Mondial 2010. Selon « The Financial Times », pour la FIFA, le bénéfice net de ce championnat peut attendre un milliard de dollars. Donc, nous pouvons nous attendre à des coups bas et à de belles bagarres médiatiques d’ici l’hiver prochain. Pavel Spiridonov est doctorant, avec pour sujet de thèse "L'Influence de l'Internet sur la littérature russe contemporaine"
En Palestine, la nakba du football (2)
Par Anwar Abu Eisheh, d'Hébron, le 10 juin 2010, 8 h GMT
En 1967, Israël a occupé le reste de la Palestine. Arrêt total de toute activité sportive dans les territoires occupés, nouvel exode… Les associations sportives et non sportives ont gelé leurs activités mais au fil des années des institutions sportives locales, des clubs ont recommencé à organiser des activités, mais la plupart du temps dans un esprit de résistance civile comme ce fut le cas par exemple du Club de Silwan à Jérusalem qui n’a jamais joué sans revêtir le tee-shirt aux couleurs du drapeau palestinien. On peut dire qu’au milieu des années 70, les sportifs palestiniens se sont réorganisés malgré l’occupation militaire. Une Ligue des Clubs a été créée en Cisjordanie, une autre à Gaza et elles ont organisé des championnats de football, pratiquement seul sport pratiqué sous occupation. Les compétitions ne se sont jamais pourtant déroulées sans problème à cause, par exemple, de l’interdiction de se déplacer et surtout des arrestations des joueurs et des dirigeants de clubs. Très souvent les clubs devenaient des antichambres de résistance.
A l’évidence la difficulté dominante pour la pratique du football reste la colonisation qui a rétréci, voir épuisé l’espace, à savoir les lieux de pratique de sport comme par exemple dans ma ville d’Hébron : on comptait en 1967 cinq terrains de football pour environ 40 000 habitants. Les colons israéliens n’ont pas cessé d’occuper l’espace de la ville au point où actuellement un seul stade est disponible … pour désormais 200 000 habitants. Seul lieu d’entraînement de toutes les équipes de la ville, cela crée des disputes permanentes au sujet des plages horaires. Mais comme c’est le seul lieu possible, les équipes de foot d’Hébron apprennent tous les jours à cohabiter en attendant d’avoir la possibilité d’avoir d’autres stades ou de récupérer les anciens. Cela explique pourquoi la majorité écrasante des footballeurs palestiniens disent : « oui je jouerai avec des footballeurs israéliens quand l’occupation militaire sera terminée ». Car le footballeur palestinien ne fréquente comme israélien, dans sa vie quotidienne, que le colon sioniste et le soldat d’occupation. Oui, une paix juste entre Israéliens et Palestiniens, c’est à dire une paix fondée sur le principe du droit international, ouvrira la porte au football pour renforcer la paix, fera tomber le mur d’isolement établi par le gouvernement israélien et établir des relations amicales, bref, en faire une paix durable. Anwar Abu Eisheh est professeur de droit à l'Université Al Quds, à Abu Dis
Israël et le football : L'amour ca fait mal
par Lior Papirblat, Jérusalem, le 10 juin 2010, 4 h GMT
Le petit État d'Israël est passionné par le football. Ce n'est pas la folie comme au Brésil, mais 22 joueurs qui courrent après un ballon peuvent inciter chez beaucoup d'hommes et de femmes en Israël, des sentiments d'excitation, de haine, de bonheur. On les entend crier de frustration, on les voit se ronger les ongles dans les moments de tension et se lécher les doigts après un but magnifique. C'est ce qu'on appelle l'amour. Le seul problème est quand il s'agit de football israélien, l'amour ca fait mal. Car l'équipe nationale de football, fondée en 1948, ne s'est qualifiée qu'une seule fois pour la Coupe du Monde - au Mexique en 1970. Que faire quand il ya des difficultés dans les relations, quand l'équipe d'Israël et la Coupe du monde ne vont pas ensemble? Alors on essaye tout ce qui pourrait marcher. Même un ménage à trois. Oui, vous avez bien lu. L'équipe d'Israël de football est la seule équipe qui ait joué dans trois confédérations continentales, en Asie, en Océanie et en Europe. Même si Israël est en Asie, le conflit israélo-arabe l'a empêché de jouer contre des équipes arabes,et dans les années 70 elle est sortie de la Confédération asiatique, suite aux pressions des États arabes. Pendant une décennie, l'équipe israélienne a participé à la qualification de la Coupe du Monde en Océanie. En 1991, Israël a été acceptée dans la Fédération Européenne de Football et l'équipe nationale a joué contre des équipes européennes pour la qualification en Coupe du Monde et au Championnat Européen. Néanmoins, jusqu'à présent le meilleur score de l'équipe israélienne est sa participation à la Coupe du Monde qui a eu lieu au Mexique. Israël a terminé le tournoi avec deux matchs nuls et une défaite.
Et malgré les déceptions, comme toutes les relations ont des hauts et des bas, un des moments les plus importants a été ors d'un match contre la France. C'était le 13 octobre 1993 au Parc des Princes où a eu lieu un événement historique. La victoire de la France aurait pu la qualifier pour la Coupe du monde, après le match à Tel-Aviv où les Français ont gagné 4-0. Personne ne croyait qu'Israël pouvait surprendre les Français. Mais Israël a gagné 3 contre 2. Avec cette défaite, la France a perdu la qualification en Coupe du Monde au profit de la Bulgarie.? Tout le monde était en état de choc, les Français qui avaient déjà prévu de fêter leur victoire, et les Israéliens qui ne croyaient pas une telle victoire possible. Même le commentateur sportif a dû calmer le présentateur de la télévision assis à côté de lui, qui s'étranglait d'emotion. "Meir, calmez-vous", lui criait-il après le but marqué une minute avant la fin du match. Même si elle n'a jamais pu obtenir quelque chose de significatif lors de la Coupe du monde, Israël laissera une marque dans l'histoire du football. C'est l'Israélien Yosef Dagan qui a proposé le premier d'utiliser la méthode de tirs au but, pour désigner un vainqueur après que l'équipe israélienne ait été éliminée en demi-finale du tournoi olympique de 1968 par tirage au sort. Michael Almog, plus tard président de la FA en Israël, a mis par écrit cette proposition dans une lettre publiée dans "FIFA Nouvelle"s en août 1969. Cette idée fut adoptée par l'UEFA et la FIFA. Lior Papirblat, 27 ans, est le chef d'édition du site internet d'informations ynet.
One, two, tré, viva l’Algiré !
par Ghania Mouffok, d'Alger, 9 juin 2010, 20 h GMT
C’est où l’Algiré ? C’est un pays caché au cœur de l’Algérie mais c’est comme un autre pays que j’ai découvert avec stupeur et curiosité quand on ne sait par quel miracle nous fûmes surpris par la victoire d’une équipe inconnue qui s’agitait dans l’indifférence nationale quand soudain ils gagnèrent. Savez-vous que des milliers de personnes enfermées dans la solitude de leurs salons, seuls face à leur télé, criant chacun chez soi, « ulieyeeeeeeeeeeeeeeeee », c’est comme une manifestation sous la fenêtre mais sans manifestants ? C’est à ce moment là que je me suis réveillée. J’ai demandé : « mais que se passe-t-il » ? Sabrina ma voisine de treize ans m’a regardé comme si je vivais sur une autre planète et elle m’a tout dit : « mais tata c’est l’équipe d’Algérie, elle gagne », puis rougissante elle m’a avoué son amour pour Saïfi , à moins que ce ne soit pour Chaouchi, le gardien de but. Elle, elle savait tout des vainqueurs, sélectionnés pour la coupe du monde, depuis leur numéro de maillot jusqu’à leur statut matrimonial en passant par leur club d’origine. L’Algérie qui gagne ??? Incroyable, nous nous étions tellement habitués à l’échec et au deuil. Les premiers à s’être rendus compte du miracle furent les jeunes, des petits bouts de rien du tout, des moins de quinze ans en descendant jusqu’au moins d’un an, et c’est ainsi qu’ils inventèrent l’Algiré.
« One, Two, tré, viva l’algiré », se mirent-ils à chanter sous nos fenêtres. Ils étaient des milliers sortis de leurs salons, ils explosèrent les barrages de police qui, depuis des années, bâillonnent nos énergies. Puis les parents suivirent et même les femmes s’emparèrent de la rue comme jamais. Tantôt femmes en liberté, tantôt femmes trophées, tantôt mères soumises au bonheur de leurs enfants, elles sont là. Les femmes en liberté conduisent elles-mêmes leurs voitures, leur drapeaux valent bien ceux des hommes et elles ne craignent ni d’être au centre de la foule, ni de mettre leur auto-radio à fond, ni même de rouler des mécaniques. Les femmes trophées, quant à elles, émergent d’énorme 4x4 avec toit ouvrant, elles accompagnent la puissance des hommes au volant, un drapeau sur les épaules, elles défilent comme au carnaval de Rio, cheveux au vent. Les mères, avec ou sans hijeb, conduisent la mine soucieuse sous la pression des enfants qui veulent être de la fête. Même les homos ont sorti leurs tenues d’apparat pour partager le délire national. Quelle incroyable énergie, je n’avais jamais vu ça. Les embouteillages furent énormes parce que, fait nouveau, nous défilons désormais en voiture dans un invraisemblable désordre. Toute l’Algérie fut ainsi transformée en stade, un stade de la transgression envahi par une foule de jeunes d’habitude invisibles, stigmatisés parce que chez nous « la jeunesse » est un « problème » avant d’être un âge tendre et les voilà libre de crier « one, two tré, viva l’algiré ». Nous ne vîmes plus qu’eux, d’habitude cachés, rabroués par la police, par les parents, par l’échec qui les attend, ils se métamorphosèrent en maîtres de la ville, maîtres du désordre, il n’y eut plus de code, et les forces de l’ordre, d’habitude omniprésentes, se sont dissoutes dans la puissance de leur nombre. Ils sont des millions, ils sont majoritaires, sans parents, sans état, ils sont notre gloire et notre échec d’adultes qui regardent passer ces inconnus qui, soudain nous émeuvent, tant ils aiment « l’Algiré » alors qu’ils disaient la haïr, en chœur ils chantent : « l’Algérie sakna fi qalbi », l’Algérie habite mon cœur. Ghania Mouffok est écrivaine et journaliste. Dernier article paru "Femmes émancipées dans le piège de Hassi Messaoud", Le Monde diplomatique, juin 2010
En Roumanie, une bouffée d'oxygène...
Par Rodica Pricop, de Bucarest, 9 juin 2010, 19 h GMT
Le football sera la vedette à partir du 11 Juin à travers la Roumanie, pays qui a une longue histoire d’amour assez tumultueuse avec le ballon rond. Même si l'équipe nationale reste à la maison pour cette 19ème Coupe du Monde, l’enthousiasme des fans du football reste grand, comme en témoigne l’affluence dans les maisons de paris sportifs, mais aussi les nombreux articles et reportages, émissions de télévision, suppléments spéciaux, et concours de toute sorte. Il fait aussi dire que cette fois, les roumains ne se sont pas dépêchés d’acheter des nouvelles télés, comme ce fut le cas lors des précédents mondiaux du football.
La Coupe du Monde qui commence dans deux jours à Johannesburg trouve les roumains dans l'un des plus difficiles moments de leur histoire récente, avec la plus grave crise économique depuis 60 ans. Depuis l’annonce choc des gouvernants, le 6 mai dernier, sur la réalité dramatique de la crise du déficit public, des milliers de retraités et de syndicalistes sont descendus chaque semaine dans la rue afin de protester contre la diminution des retraites et des salaires. Dans ce contexte grave, la fête du football en Afrique du Sud apportera aux Roumains une bien méritée occasion pour s'évader de la réalité quotidienne morose même si c'est par l’intermèdiaire du petit écran et pour quelques semaines seulement. Il y a aussi beaucoup de nostalgie parmi les fans du football ces jours-ci, car l’équipe nationale a fait bonne figure aux nombreuses éditions de la Coupe de la FIFA. Leur meilleure performance a été enregistrée en 1994 lors de la Coupe du Monde des Etats-Unis, quand les tricolores ont atteint les quarts de finale. Rodica Pricop est Rédactrice en chef adjointe à Nine O’Clock, éditorialiste a Bucarest Hebdo
En Russie, et si on regardait le foot ?
Par Pavel Spiridonov, de Saint-Pétersbourg, 9 juin 2010, 18 h GMT
Comme vous la savez peut-être, l'équipe de Russie n'a pas réussi à se qualifier pour le Championnat du monde en Afrique du Sud. Depuis cette cuisante défaite face à la Slovénie, la presse russe boude un peu la Coupe du monde et sa couverture médiatique n'a rien à voir avec celles des pays sélectionnés. Mais le football est un sport très populaire en Russie et même si les équipes russes ne se trouvent pas souvent en haut des podiums des compétitions européennes, les joueurs russes ont déjà trouvé leurs places dans les clubs européens et beaucoup de spectateurs vont suivre avec intérêt le championnat, seulement leurs émotions seront différentes. Peut être, pendant les matches des slovènes, certains penseront que nous aurions pu être à leur place, mais je suis sûr que la passion du foot dominera l'amertume laissée par les dernières prestations de notre équipe nationale. Pavel Spiridonov est chercheur, avec pour thème le rôle d'Internet dans la littérature russe
En 1857, la France refusait ce jeu barbare de la perfide Albion
par Bernard Vassor, de Paris, 9 juin 2010, 16 h GMT
En remontant l’histoire du football, sans aller jusqu’à la Sphéristique, l’Episkyros à Spartes, ou à l’aparston, c’est en Angleterre que le « fut-ball » ou « le ball-play » apparut au moyen-âge. Et c’est dans la haute société d’Oxford que le jeu de balle aux pieds est né comme en témoigne cet article : « Depuis quelques temps, on voit se développer dans toutes les classes de la société anglaise un jeu d'une brutalité extrême. Ce jeu consiste à lancer à coups de pied un ballon en caoutchouc recouvert d'une enveloppe de cuir, au dessus d'un but marqué par une longue perche mise en travers de deux poteaux. Situé à la hauteur d'environ cinq mètres du sol, de l'autre à repousser ce ballon, à l'empêcher de franchir cette perche. Les parties durent quatre ou cinq heures. Deux camps sont formés d'environ seize joueurs chacun. Aussitôt que le ballon est lancé les deux camps se précipitent à la fois, l'un pour pousser le ballon, l'autre pour le rejeter. Les joueurs se mêlent en trépignant, se ruent sur la ballon, se poussent s'entrechoquent. Les coudes les poings, les pieds, la tête même tout est à l'œuvre pour faire lâcher prise à l'adversaire. On se bat réellement, en poussant des cris, provoquant des corps à corps et terre à terre. Après la bataille on ramasse les blessés, il y a souvent des entorses, des membres démis, des jambes ou des bras fracturés ». Dans certains établissements, il n'est pas permis de donner des coups de pieds sur les tibias de l'adversaire. Le jeu perd alors beaucoup de son intérêt. Fort heureusement ce jeu ne se pratique pas en France !!! Disait-on en 1857. Allez les bleus ! Bernard Vassor est historien et blogueur
Pour l’instant dans la presse et dans la blogosphère russe nous pouvons voir seulement quelques pronostiques inévitables, car chaque spectateur-journaliste-spécialiste connaît déjà le nouveau champion du monde. La seule édition sportive russe, le journal « Sport-Express », au tirage de plus de 1 million d’exemplaires, parle de la préparation à la Coupe du monde et s'inquiète de la retransmission de championnat en Russie, car les droits de diffusion ont été acquis par les chaînes d'État, et le journaliste pense que nous verrons uniquement les matches. En ce moment il n'est pas prévu que la cérémonie d'ouverture sera retransmise en Russie et les matches commenceront exactement à l'heure prévue. C'est à dire que nous ne pourrons voir ni l'entrée des équipes dans le stade ni leur présentation et bien sûr nous n'entendrons pas non plus les hymnes des pays. Toutes ces choses « inutiles » mais qui rajoutent une part de festivité dans n'importe quel match de foot. Ce n'est pas nouveau, pendant notre championnat national tout ce passe de la même façon, sauf que les arbitres, en connaissance de cause, retardent les matches de cinq minutes, mais maintenant personne ne fera la même chose pour les beaux yeux des chaînes russes. J'espère seulement que les responsables des émissions changeront d'avis et que nous ne serons pas, en quelque sorte, exclus de la Fête du football. Pavel Spiridonov est doctorant, avec pour sujet de thèse "L'Influence de l'Internet sur la littérature russe contemporaine"
En Haïti, sous les ruines, le football
par Ladenson Fleurival, Port au Prince, le 9 juin 2010, 14 h GMT
Les masses de bétons qui ornent encore les rues de Port-au-Prince, suite au passage du séisme dévastateur du 12 janvier 2010, n’ont rien entamé de la passion des fans haïtiens à vivre en couleur la Coupe du monde en Afrique du Sud. Concerts de klaxons, expositions de drapeaux aux couleurs des 32 nations qui participent à la grande fête du football, décoration des boutiques, magasins et entreprises de la place, discussions entre adolescents et adultes, t-shirts frappés de l’effigie des grandes stars actuelles du ballon rond… dans la capitale haïtienne, la fièvre atteint son paroxysme. Les stations de radios et de télévisions se mobilisent et organisent des concours et des jeux de pronostiques autour du mondial. Des bandes sonores de la chanson officielle de la manifestation sont déroulées à profusion. Une version haïtienne a même été adoptée. Les sponsors en quête de nouveaux marchés, patronnent des émissions de sport, tout en incitant à consommer leur produit.
Comme Haïti ne participe pas directement à la fête, les cœurs sont gagnés à la cause du Brésil, quintuple champion du monde, et de l’Argentine, doublement vainqueur. La France, la Hollande, l’Italie ou l’Allemagne se créent une petite place chez les amants du Foot. « Tu es fan de quelle équipe ? « Brésillll», répond un gamin d’une dizaine d’années, encore en classe de primaire. Ses parents sont eux aussi fans du pays de Kaka, donc farouches opposants à l’Argentine. Par ailleurs, le Portugais Cristiano Ronaldo et l’Argentin Lionel Andres Messi se partagent le vedettariat. À quelques 48 heures du lancement officiel, la fête du football a déjà démarré en Haïti. Ladenson Fleurival est journaliste au quotidien Le Matin
Le Brésil, pays aux 200 millions d’entraineurs
Par Gustavo Muller, Porto Alegre, 9 juin 2010, 13 h 15 GMT
« Ah ! Ronaldo… Ronaldinho, Adriano ! » Il est fort probable d’entendre ces trois prénoms lorsqu’on parle de foot à l’étranger, notamment pendant la Coupe du Monde. Et cette réaction s’explique facilement : ils sont, ensemble avec Kaká, les joueurs brésiliens les plus connus à travers la Planète. Quand on trouve un enfant à Soweto avec une chemise de la « Seleção », celle-ci aura, sans doute, un de ces mots imprimés sur elle. En Afrique du Sud, pourtant, ces joueurs n’y seront pas. À l’exception de Kaká, ils ne suivront le mondial que devant la télé. Ronaldo, le plus grand buteur de l’histoire du mondial FIFA ; Ronaldinho, deux fois élu le meilleur footballeur de l’année ; ainsi que l’Empereur Adriano ne pourront pas aider l’équipe nationale à remporter son sixième titre mondial. L’équipe du Brésil a changé. Et la raison de cette mutation est, d’abord, la méthode de travail de l’entraineur Carlos Caetano Bledorn Verri – ou tout simplement Dunga. Avec trois participations et un titre de la Coupe du Monde dans son curriculum, le « gaucho » Dunga n’avait jamais entrainé aucune équipe avant d’être appelé pour renouveler celle du Brésil à la suite de l’échec de 2006 en Allemagne. L’inquiétude des Brésiliens au moment de sa nomination était, en conséquence, énorme. On ne doutait pas de sa compétence comme footballeur, mais de sa capacité à commander l’équipe nationale sans avoir une expérience précédente.
Dunga a dû prouver à l'occasion de chaque match et de chaque championnat que les valeurs qu’il défend – la fidélité et l’amour pour l’équipe avant la technique – suffisaient à obtenir les victoires. Et elles sont là : depuis 2006 les Brésiliens ont pu célébrer, malgré l’absence de certains joueurs illustres, la Copa América, la Coupe des Confédérations et la première place dans les tours préliminaires. Tout ce qu’on a disputé, on l'a remporté. Mais le plus on gagne des championnats, le plus on en désire. Dunga lui-même a affirmé récemment lors d’une conférence de presse que tout ce qu’il avait fait jusqu'à maintenant ne comptera pas s’il ne ressort pas d’Afrique avec la coupe dans ses mains. C’est ça l’idée de chaque Brésilien vis-à-vis de la Coupe du Monde : le second n’est que le premier parmi les derniers. Il s’agit d’une nation de 200 millions d’entraineurs, chacun avec ses avis et ses méfiances aussi bien qu’un énorme espoir. Le Brésil a enfin changé, les supporteurs croient, qu'on peut toujours – et qu'on doit – triompher. Gustavo Muller est membre de l´équipe du site Correio Internacional, Porto Alegre, Brésil
Au commencement était le ballon
par Bernard Vassor, Paris, le 9 juin 2010, 12 h 35 GMT
Championnat du monde de sphéristique Voici une histoire extraite de "L’ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS ", certainement d'après les indications de Julius Pollux, de Naucratis en Egypte (vers 150-200 avant J.C) qui avait la réputation d'être dépourvu d'intelligence, dans son "Onomasticon". Une description faite de ce jeu chez les "anciens", dont l'origine remonterait à Pithus, à Nausicaa, aux Syconiens, aux Lacédémoniens et aux Lydiens. Ces peuples y introduisirent mille variétés (de jeux de balle) qui contribuèrent à le rendre plus divertissant et d'un plus grand commerce. Ils ne se contentèrent pas d'admettre que la Sphéristique dans leurs gymnases où ils eurent soin de faire construire des lieux particuliers destinés à) recevoir tous ceux qui voulaient s'instruire dans cet exercice (...) ils proposèrent encore des prix pour ceux qui se distingueraient en ce genre dans les lieux publics. Les balles à jouer étaient composées de différentes pièces de peau ou d’étoffes cousues ensemble en forme de sac, que l’on remplissait tantôt de plumes ou de laine, tantôt de farine, de graines de figuier ou de sable. Ces diverses matières plus ou moins pressées et condensées, composaient des balles dures ou des balles molles. Les balles molles était d’un usage d’autant plus fréquent, qu’elles étaient moins capables de blesser. Ces balles étaient de différentes grosseurs, il y en avait des petites, des moyennes et de très grosses. Il ne semble pas que les anciens aient utilisé des balles de bois, mais, ils ont connu des balles de verre…
Parmi les différents jeux de balle, pratiqués dans la Grèce antique, voici l'Aparston : "A ce jeu,, les joueurs s'arrachoient la balle les uns aux autres. Ils étoient divisés en deux troupes qui s'éloignoient également d'une ligne qu'on traçoit ( à la craie) au milieu du terrein, & sur laquelle on posoit une balle. On tiroit derrière chaque troupe une autre ligne, qui marquoit de par et d'autre les limites du jeu. Ensuite les joueurs de chaque côté couroient vers la ligne du milieu & chacun tachoit de se saisir de la balle et de la jeter au delà de l'une des deux lignes qui marquoient le but, pendant que ceux du parti contraire faisoient tous leurs efforts pour défendre leur terrein et puis envoyer la balle vers l'autre ligne. Cela causoit une espèce de combat fort échauffé entre les joueurs qui s'arrachoient la balle et qui la chassoient du pied en faisant diverses feintes (...) Enfin le gain de la partie étoit pour la troupe qui avoit envoyé la balle au-dela de cette ligne qui bornoit le terrein des antagonistes". L'article de l'Encyclopédie a pour conclusion que selon les médecins, la pratique de la Sphéristique avait divers avantages pour la santé : « Il résulteroit, selon les médecins, de ces différentes espèces de Sphéristiques, divers avantages pour la santé » (…) Bernard Vassor est historien et blogueur
À Johannesburg, que la fête commence !
par Liesl Louw, d'Afrique du Sud, le 9 juin 2010, 11 h 30 GMT
La Coupe du Monde est chez nous et ça se voit ! Dans ma rue à Melville, un quartier de Johannesburg, c’est une explosion de couleur. Il y a des drapeaux et les couleurs de l’Afrique du Sud partout dans les rues : sur des voitures, devant les maisons, pendus par les fenêtres des grandes immeubles… même déjà peint sur les visages de certains. Le son du vuvuzela, instrument incontournable des supporteurs des Bafana Bafana concurrence le bruit des voitures. C’est venu timidement: d’abord avec quelques drapeaux devant les magasins, les employés de banques et de supermarchés qui portaient les couleurs jaunes et verts de l’équipe nationale le vendredi ; ensuite des vendeurs de rues commençaient à proposer toutes sortes d’accessoires World Cup. Aujourd’hui, moi-même, je ne pouvais pas résister à coller un drapeau sur le pare-brise de ma voiture. L’ouverture tant attendue est déjà pour après-demain, et peut-être que Mandela sera là. À 92 ans on doutait que notre grand-père à nous tous, symbole de la démocratie,de la sagesse et la fierté sud-africaines, pourrait venir à Soccer City, Soweto, pour le match d’ouverture. Mais il paraît qu’il a demandé un billet…
Même emportée par cet enthousiasme et ce sentiment national, du jamais vu ici depuis les élections libres de 1994, je me pose quand même des questions de journaliste : et si ça se passe mal ? Si les bandes de criminels qui sillonnent ce pays décidaient de s’en prendre aux touristes et spectateurs ? Si la police ne faisait pas son travail ? Dimanche soir, en prenant un pot avec un groupe de journalistes français venus faire des reportages en amont de l’événement, ce sentiment s’est subitement transformée en angoisse. “Il faut que j’y aille” annonce le chauffeur/guide du groupe. “Il y a une équipe de télé à Thembisa (un ‘township’ de Johannesburg) qui parle de débandade dans le stade. Il y aura les blessées.” Heureusement, l’incident lors d’un match amical entre le Nigeria et la Corée du Nord ne s’est pas soldé par trop de dégâts. La police et les services de sécurité ont en principe très bien réagi. Mais il ne faut pas que ce gendre de choses se reproduise. Selon les spécialistes, on a quand même mobilisé des dizaines de milliers de policiers de plus pour assurer la sécurité lors des matchs – souci numéro un pour beaucoup de visiteurs. Est-ce que ce sentiment de joie et d’optimisme va se transformer en vraie cohésion nationale ? Est-ce que la nation arc-en-ciel de l’Afrique du Sud, tant rêvée par Mandela, va devenir enfin une réalité ? Ces derniers années, les problèmes économiques, l’écart entre riches et pauvres, entre citoyens et nouveaux venus d’ailleurs en Afrique, a fait éclater les clivages. On a parlé d’un revers pour la lutte contre le racisme… La Coupe du Monde, ce n’est qu’un événement sportif. Mais on peut dire en ce moment, à la veille du première match, que l’Afrique du Sud entière, est emportée par un immense optimisme : que la fête commence ! Liesl Louw-Vaudran est rédactrice en chef de African.org, revue de l'Institut d'Études de Sécurité en Afrique du Sud
À Abidjan - Le Campus universitaire se prépare pour le mondial
par Israël Yoroba, Côte d'Ivoire, 9 juin 2010, 10 h 50 GMT
Les étudiants du CUSE (Comité Universitaire de Soutien aux Eléphants) sont déjà dans le bain. Depuis le jeudi 4 juin 2010, on peut les apercevoir dans leur QG au Campus de Cocody. Ici, tout dit qu’on est déjà au cœur du Mondial. Tentes décorées aux drapeaux des 32 nations « mondialistes », trophée en miniature, animation constante… Les chants en l’honneur des éléphants footballeurs d’ailleurs ne manquent pas. L’heure est à la fête. « Nous voulons exprimer notre soutien aux Eléphants et à toutes les équipes africaines. C’est l’occasion aussi de célébrer l’Afrique du Sud qui reçoit cette coupe », explique fièrement Ernest TOHOURI, l’un des organisateurs du CUSE. Un programme d’envergure a été concocté. Lundi dernier (7 juin), a eu lieu le lancement devant les officiels et le parrain. Une conférence est également prévue sur le thème « L’Afrique du sud, un géant ». Puis, se tiendra le « Mondialito », un rapide tournoi de maracana opposant les « 32 nations mondialistes ». Il devrait prendre fin avant le début de la compétition. Le 3ème volet de ce programme intense, ce sont les projections sur écran géant des 64 matchs au forum de l’Université de Cocody.
Rien n’a donc été omis chez les étudiants - supporters. « Tout est fin prêt. Nous attendons les annonceurs », avance encore Ernest. Pour leurs amis étudiants, c’est une belle initiative qui permettra de vivre le Mondial hors des chambres devant les téléviseurs. « On pourra une fois de plus communier et s’égayer ensemble », se réjouit Oxy, résident du campus de Cocody. Une caravane est prévue dans toutes les résidences « U » de la capitale tout le long de la compétition. Une qualification au 1er tour des Eléphants ? Les supporters répondent avec prudence. L’expérience de Cabinda est encore dans les têtes. La récente fracture de Drogba n’arrange pas les choses. Mais en attendant le 11, c’est la fiesta sur le campus. Israël Yoroba est journaliste, blogueur et animateur du site ivoirien Avenue 225
En Albanie, on vit le football par procuration
par Ilir Yzeiri, de Tirana, 9 juin 2010, 10 h 40 GMT
Chaque matin avant de prendre mon auto pour aller à l’université, je passe au bar de mon quartier pour prendre un café. Là, je suis sûr que mon voisin Bashkim est déjà attablé, plongé dans l'un des quotidiens sportifs de l’Albanie « Sporti Shqiptar ». - Eh, Ilir, pour aller en Afrique du Sud ça fait 9 heures. Elle est trop loin l’Afrique du Sud, non ? - Oui, je réponds. C'est trop loin. Puis, dans mon bar de quartier d'autres arrivent et maintenant ils ne parlent plus que du Mondial. Quelqu’un se souvient que le fils de notre roi et la famille royale ont passé en Afrique du Sud presque 50 années. J’ai déjà constaté que dans mon pays, mais il me semble que c'est pareil dans les autres pays des Balkans, tous les événements se mêlent à la politique. Les Albanais comme toutes les autres Européens aiment bien le foot. Notre équipe nationale est modeste et nous ne participons à aucune compétition importante ou internationale. Comme voisins de l’Italie, la plupart des Albanais font office de tifosis pour les Italiens. Il y en a aussi qui choisissent de soutenir l’Allemagne, d'autres le Brésil et certains les Pays-Bas. Le foot est devenu un spectacle géant et mes étudiants me demandent qu’est-ce que c’est le foot ? Pourquoi les gens deviennent presque fous en voyant un match de foot ? Je leur répond que ça, c’est une question qui ressort de la mythologie humaine comme le grand savant Roland Barthes l’a expliqué. Ce que je constate, c'est que les nous les Albanais, nous avons besoin de se projeter dans un monde qui nous manque, dans une sorte de d'auto-décentralisation. On a bien besoin de changer notre air lourd, de nous évader de la corruption, de la catastrophe du Golfe de Mexique, de la crise de l’euro, de la pauvreté. Bref, on a besoin de rêver un peu. Rêvons alors ! Ilir Yzeiri est journaliste et enseignant à l'université de Tirana
Dans ma rue à Johannesburg, c'est déjà la folie
par Liesl Louw, d'Afrique du Sud, le 9 juin 2010, 9 h 30 GMT
Liesl Louw-Vaudran est rédactrice en chef de African.org, revue de l'Institut d'Études de Sécurité en Afrique du Sud
En Palestine, la nakba du football (1)
Par Anwar Abu Eisheh, d'Hébron, le 9 juin 2010, 9 h GMT
Le Mondial arrive, la majorité écrasante des jeunes autour de moi en parle ; je les surprends systématiquement en demandant : est ce que le football est un facteur de paix ou peut-il l’être ? Très spontanément et immédiatement vient la réponse : « oui bien sûr, évidemment qu’il doit l’être ! ». « Vous seriez donc contents de voir une équipe palestinienne de foot jouer contre une équipe israélienne, cela peut contribuer à instaurer la paix entre Israéliens et Palestiniens ? ». Là, les réponses ne sont ni immédiates, ni spontanées mais unanimes et centrées autour de quelques mots : occupation, soldats, liberté de circulation… Quelques exemples de réponses fréquentes dans la bouche de mes compatriotes amateurs de foot : « comment pourrais- je jouer avec un footballeur en sachant que c’est un soldat qui occupe et colonise ma terre et ou qui m’empêche d’aller jouer avec nos frères à Jérusalem, à quelques kilomètres de chez moi !... » Toutes les violations des droits de l’homme commises par l’armée d’occupation y passent. Poser une question pareille à un palestinien sous occupation le lance dans une conversation qui évoque des sujets sans fin, au cours desquelles je fais souvent l’avocat du diable pour mieux comprendre…
Les spécialistes, disons les très impliqués, m’ont rappelé, documents à l’appui, comment les Sionistes avaient politisé le football dans la Palestine historique ; la fédération palestinienne de football a été dominée par les Sionistes dès sa création en 1928… L’équipe nationale palestinienne éliminée en 1934 par l’équipe égyptienne au mondial en Italie et par l’équipe grecque au mondial de Paris en 1938 étaient essentiellement composée de « Juifs » dans la bouche des uns, de « sionistes » dans la bouche des autres, de colonisateurs du sport dans l’esprit de tous mes interlocuteurs sous occupation. L’inoubliable Nakba en 1948 a été également une catastrophe pour les footballeurs palestiniens qui sont devenus footballeurs jordaniens, égyptiens, syriens etc. en fonction du pays de refuge. A cet égard l’anecdote de Mansour Al Haj Saïd, membre de la première équipe nationale est révélatrice : iI est né alors que sa mère était sur le chemin de l’exode et avait déjà dans les bras un tout jeune enfant. Elle a laissé son dernier né sous un arbre. Le lendemain il a été recueilli par d’autres réfugiés qui l’ont remis ensuite à sa mère. Les anecdotes reflétant la souffrance des Palestiniens sont monnaie courante. (à suivre) Anwar Abu Eisheh est professeur de droit à l'Université Al Quds, à Abu Dis
J'ai fait un rêve
par Xu Tiebing, de Pékin, 9 juin 2010, 8 h GMT
Enfin, il y a un rassemblement international d’envergure sur le sol africain. Oui, du football par nature, mais sa portée va au dessus de ce sport de compétition, surtout, parce que ça va se dérouler en Afrique du Sud, ce pays de l’Arc en ciel si fameux grâce à ses expériences du post-Apartheid. On s’impatiente. On cherche à deviner, à pronostiquer et à savoir le classement final du mondial, le rang de son pays, de son équipe favorite ou de préférence. Cela dit, même pour tous ceux qui ne veulent pas rester de simples ou inconditionnels fans du foot, ils ont mille raisons de profiter de cet événement émotionnel afin de constater le changement, d’observer l’ évolution et d’essayer de cerner quelques configurations majeures de ce géant africain en émergence au Sud. L’apartheid aboli, le moment enthousiaste sous Mandela passé, on entend, bien souvent, moi y compris, depuis l’ère Mbeki, et surtout depuis la présidence Zuma, deux types d'appréciations sur l’état actuel et sur l’avenir du pays. En gros, encourageante et décourageante, chacune est étayée par des preuves et des arguments difficiles à réfuter mutuellement.
Avouons qu'on reste souvent, malgré une bonne volonté louable, le prisonnier des idéologies cimentées et le récepteur passif d'idées reçues incomplètes, impartiales, circonstancielles et c’est bien le cas pour l’image négative de l’Afrique Du Sud : criminalité incontrôlable, dégradation continuelle des Blancs, record du taux de sida, etc. S’il y a des débats ou des commentaires quelque part dans le monde extérieur sur cela, c’est bien souvent dans une compétition entre États pour se montrer en sauveur et se poser en défenseur vain de l'humanité plutôt que de faire des analyses et des propositions. Alors que le déroulement du Mondial 2010 fournit une occasion exceptionnelle à l’Afrique du Sud de montrer sa capacité de gouvernance au quotidien, et aux spectateurs de corriger bon gré et mal gré leurs angles de vue. Quant à la devinette sur le champion, j’abandonne cette charge au hasard, étant donné que depuis plus de vingt ans, je n’ai jamais réussi dans ce pronostic à l'avance, sauf quelques fois d’avoir prévu les équipes restantes pour les quarts de final. N’empêche pas que j’attendrai toujours avec patience et espoir, de voir une équipe de foot non européenne ni latino-américaine montant finalement sur le podium. Mais il est fort possible, que ce soit un rêve cette fois-ci encore... Xu Tiebing est professeur et chercheur au Centre des Relations internationales à l'Université des Communications de Pékin
Ballon, mon beau ballon
par Kichka, de Jérusalem, 9 juin 2010, 7 h 10 GMT
Kichka est l'un des caricaturistes en vue d'Israël. Dernier recueil paru en français - "Dessins désarmants" - coédition Berg et TV5Monde.
À Istanbul, j'ai même pris un taxi conduit par un hooligan meurtrier
par Mine Kirikkanat, de Turquie, 9 juin 2010, 6 h 50 GMT
La passion footbalistique est la seule pandémie qui sévit dans tous les pays, frappe toutes les couches sociales de moins en moins immunisées et pourtant, aucun vaccin en vue, au contraire sa propagation est plébiscitée, sa plébiscitée publicité et vice versa. Et les Turcs qui ont pourtant résisté miraculeusement aux VIH (sida), aux H5N1 (grippe aviaire) et naturellement aux H1N1 (grippe porcine) puisqu’il n’y avait pas vraiment matière, ne font pas exception au mouvement général et tombent en extase, dans la folie mondiale. La passion des Turcs pour le foot, peut être très violente. J’ai voyagé dernièrement dans un taxi d’Istanbul, dont le chauffeur ancien prisonnier, avait purgé une peine 5 ans pour le meurtre d’un des deux hooligans anglais tués sur la place de Taksim à Istanbul. C’était en 2000, après le match que Galatasaray avait gagné contre Leed United. Les hooligans montraient leurs postérieurs aux supporters de Galatasaray. Mon chauffeur avait frappé un d’entre eux avec un couteau de boucher en plein coeur, et n’avait pris que 5 ans de prison parce qu’il était mineur... Heureusement cette fois, la violence n’est pas a craindre, la folie sera douce, puisque l’équipe turque n’est pas sélectionnée pour le Mondial.
Puisque le fameux “honneur” du pays n’est pas concerné et que la fierté nationale n’est pas engagé sur le terrain, alors les Turcs se préparent vraiment à prendre plaisir de leur sport favori, à discuter stratégie et technique du “futbol”, autour de leur téléviseur, s’ils ne font pas le déplacement. Car beaucoup d’entre eux se déplacent pour l’événement : des tours opérateurs organisent des “paquets voyages” vers Johannesbourg, Ceux qui vont suivre Le Mondial sur TRT1, la première des 6 chaînes nationales qui a remporté le droit de diffusion aux enchères, auront l'embarras du choix : des restaurants, centres de commerce, hôtels, piscines et même des terrains de golf, ont monté des écrans géants parfois en plein air, pour ne pas perdre leurs clients. Qui dit client, dit affaire. Et un fabricant d’électroménagers, dont la cote monte avec celle du Premier ministre puisqu’il est son pote, a déjà exploité Le Mondial, pour la publicité de ses téléviseurs. La pub met en scène l’euphorie de La Coupe, un soi disant journaliste sportif micro à la main, interroge les Turcs sur les champions potentiels. Et le gagnant s’avère non pas une équipe, mais le téléviseur machin... Cette pub était de si mauvais goût qu’elle n’a pas survécu au Mondial, et l’électroménager patron-copain- du- premier- ministre est déjà le grand perdant de La Coupe. Pourtant les vrais paris font rage et les Turcs engagent énormément d’argent sur les supports électroniques de jeu qui les organisent, ainsi que sur la presse écrite qui publie des suppléments rien que pour les paris. A la veille du Mondial, le monde ne connaît pas encore l’équipe qui va emporter La Coupe. Mais il ne connaît que trop bien ceux qui ont déjà gagné les royalties de La Coupe et continueront toujours a gagner. Mine Kirikkanat est écrivaine et éditorialiste à Vatan. Dernier roman paru en français - Le sang des rêves, ed Métailié
En France, union sacrée, de l'extrême gauche à l'extrême droite
par Bernard Vassor, Paris, 9 juin 2010, 6 h 29 GMT
C’est fait, la machine à décerveler est sortie de sa révision quadriennale. Tous les rouages ont été révisés et lubrifiés. Le porte-parole du gouvernement français a prononcé une phrase définitive et martiale : « Union sacrée ». Tous les hommes politiques sont au diapason, de Marie-George Buffet à Xavier Bertrand qui ont plus ou moins condamné celle qui avait trouvé choquant l’installation luxueuse de nos joueurs peints en bleu ! La querelle qui leur est faite, est bien injustifiée ; on ne va pas installer des milliardaires dans des chambres prévues pour des pauvres tout de même ! Un golf privé est bien le minimum accordé à ceux qui se sont fait rétamer par la 85° équipe du classement mondial de la grosse balle molle ! Les chaines de télévision ont fait des ponts d’or à une kyrielle de « spécialistes » et se sont offert quelques hommes politiques (de Daniel Cohn Bendit à Eric Besson sur LCI) pour commenter les matches du « moûndiaal » comme on le disait autrefois. Michelle Alliot-Marie va dégainer sa loi contre ceux qui voudront outrager le drapeau français. Grande conquête cette loi, pour la liberté d’expression prévue même en matière artistique. Les pseudos-intellectuels et philosophes ont fait et vont faire étalage encore une fois de leur connaissances footballistiques. Dormez en paix braves gens, l’uniformisation de la pensée est en marche. Allez les Bleus ! Bernard Vassor est historien et blogueur.