"Terrorisme et impunité font chanceler un accord de paix fragile" : l'intitulé du rapport de la Fédération internationale des droits de l'homme sur le Mali est sans détour.
Le travail réalisé avec l'ADMH, association malienne de défense des droits de l'homme, pointe du doigt la difficile mise en oeuvre de l'accord de paix de 2015. Deux ans après sa signature, le processus de désarmement n'a toujours pas commencé au Mali. Et les violences n'ont fait que redoubler.
La situation au Nord Mali continue de se détériorer. En 2016, la région a subi plus de 385 attaques, soit une hausse de 92 % par rapport à 2015. Au delà de cette zone interdite, l'insécurité s'étend désormais au centre du pays et aux régions avoisinantes.
Dans ces espaces abandonnés par l'Etat, les groupes islamistes occupent le terrain et sont très actifs. C'est le cas de la mouvance djihadiste - le Front de libération du Macina (FLM) - qui s'est très rapidement propagée dans les régions de Ségou et Mopti. Une situation qui favorise la création de milices et de groupes d’autodéfense dans les villages.
Ce "no man's land" devient aussi une zone de non-droit pour les armées française et malienne en exercice. Et la population locale est la première victime d'une guerre qui s'éternise.
Dans ce contexte, on assiste à un regain de violences intercommunautaires entre Peuls (traditionnellement éleveurs) et Bambaras (en majorité agriculteurs), note le rapport.
La communauté peule est victime d'amalgames, régulièrement soupçonnée de collusion avec les terroristes. Principale raison : le prédicateur radical Amadou Koufa, qui a fondé le Front de libération de Macina dans la région en 2015, est lui-même peul.
Avec ce rapport, la FIDH veut inciter la communauté internationale et les autorités maliennes à prendre leurs responsabilités. Parmi les priorités, la lutte contre l'impunité et le renforcement de la force des Nations Unies, la MINUSMA, dans cette zone délaissée, la majorité des casques bleus étant absorbés par le nord du pays.