La justice militaire du Cameroun ordonne la remise en liberté du principal opposant Maurice Kamto
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05 oct. 2019 à 12h48 (TU)
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La justice militaire du Cameroun a ordonné samedi la remise en liberté du principal opposant Maurice Kamto, au lendemain de la décision du président Paul Biya d'exiger l'arrêt des poursuites engagées contre certains responsables et partisans de son parti le MRC, afin de tenter de sortir son pays des crises multiples qu'il traverse.
Le tribunal militaire de Yaoundé a ordonné l'arrêt des poursuites et la remise en liberté de 102 opposants, dont le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2018.
"Maurice Kamto est libéré", a indiqué Me Sylvain Souop, l'avocat à la tête du collectif de défense de M. Kamto et de ses partisans. Ils sortiront de prison après "les formalités administratives" nécessaires à leur libération, a-t-il ajouté.
Au sortir de la salle d'audience, détenus et militants ont laissé éclaté leur joie, chantant, dansant ou se prenant dans les bras. Un détenu et responsable du parti de M. Kamto, Célestin Djamen, est monté sur un banc pour haranguer la foule.
Au moment où Maurice Kamto est monté dans le camion le ramenant à la prison pour les formalités administratives, les autres détenus scandaient: "Kamto, notre président, le peuple t'a choisi". Un refrain repris régulièrement par ses partisans depuis la ré-election de Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, à la présidentielle de 2018, dont le MRC conteste les résultats, estimant que leur candidat Kamto, arrivé deuxième, l'avait remportée.
Des centaines de personnes se sont massées devant la prison où se trouve M. Kamto. Les axes routiers autour de l'établissement étaient bloqués par des gendarmes.
M. Kamto, était incarcéré depuis depuis près de neuf mois. Il avait été arrêté fin janvier avec des centaines de ses partisans à la suite de manifestations pacifiques organisées pour protester contre les résultats de la présidentielle.
Lui et plus de 90 de ses soutiens étaient, depuis, poursuivis par la justice militaire, notamment pour "insurrection", un crime passible de la peine de mort, même si celle-ci n'est plus appliquée au Cameroun. Leur procès s'était ouvert le 6 septembre et devait reprendre théoriquement mardi.
Parmi les 102 personnes ayant comparu devant le tribunal figuraient de nombreuses personnalités de l'opposition qui seront également libérées: l'ex-conseiller économique du président Biya, Christian Penda Ekoka, l'avocate Michèle Ndoki, ou encore le célèbre rappeur Valsero, connu pour ses textes critiques à l'égard du pouvoir.