Il a fallu deux ans de préparation. Mais, aujourd’hui, le pari semble gagné. Mercredi 13 octobre, la Marche mondiale des femmes a posé ses valises au cœur de la sensible région africaine des Grands Lacs. A Bukavu, capitale du Sud-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo. Jusqu’à dimanche, plus de 2000 femmes représentant 130 pays doivent débattre des violences faites aux femmes, de l’autonomisation économique et du travail des femmes, de la souveraineté alimentaire, ainsi que de la paix et de la démilitarisation, remettant ainsi le Deuxième sexe au cœur des préoccupations mondiales. Mais, faisant halte en RDC, ce mouvement féministe international, initié en 2000 par des militantes québécoises, vise aussi un objectif bien précis et concret : faire pression sur la communauté internationale pour obtenir la démilitarisation de la région et en finir avec les crimes sexuels.
« Nous avons élaboré un cahier des charges avec les femmes rurales du Sud Kivu, explique
Chouchou Namegabe, journaliste congolaise et co-organisatrice du mouvement.
Nous allons ensuite remettre nos recommandations à l’ONU. Moi j’y mets beaucoup d’espoir dans cette Marche mondiale. Cela fait des décennies que les femmes congolaises sont soumises à l’insécurité et à la violence sexuelle. Il est temps qu’une prise de conscience se fasse et que la vraie cause soit enfin dénoncée. » CAPITALE DU VIOL En avril, Margot Wallstrom, la représentante de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en déclarant :
« Le Congo est devenu la capitale mondiale du viol ». Les chiffres sont impressionnants. 500 cas de viols ont été recensés au cours du seul été 2010, 12 000 en 2009 et plus de 200 000 depuis 1996. La plupart de ces agressions sexuelles qui tuent, humilient et déchirent les communautés, sont commises par des groupes armés dont le FDLR qui s’est installé dans cette zone de la RDC après le génocide des Tutsis au Rwanda. Ici, le viol est utilisé comme une redoutable arme de guerre que l'ONU ne parvient pas à stopper. Elle le reconnaît elle-même.
Le sous-secrétaire général, Atul Khare, a fait son mea-culpa en septembre dernier.
HOMMAGE AUX FEMMES MARTYRES