La principale base navale du Soudan visée par une attaque de drone

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De la fumée s'élève du port de Port-Soudan après une attaque de drones, le 6 mai 2025

De la fumée s'élève du port de Port-Soudan après une attaque de drones, le 6 mai 2025

AFP
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Une attaque de drone a visé la principale base navale du Soudan mercredi, a annoncé une source militaire, après des frappes sur d'autres sites stratégiques de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement.

Depuis avril 2023, ce pays d'Afrique de l'Est est dévasté par une guerre opposant le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d'Etat en 2021, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Longtemps épargnée, la ville de Port-Soudan (est), plaque tournante de l'aide humanitaire qui abrite des agences de l'ONU et des milliers de déplacés, est depuis dimanche la cible de frappes que l'armée attribue aux FSR avec des "armes stratégiques et sophistiquées" fournies par les Emirats arabes unis.

Mercredi matin, des drones "ont attaqué la base Flamingo et les missiles anti-aériens sont entrés en action", a déclaré à l'AFP la source militaire sous couvert d'anonymat.

A l'aube, un correspondant de l'AFP a entendu une série d'explosions dans la zone du port et vu une colonne de fumée s'élever du secteur de la base.

Dans la journée, des habitants ont signalé que la défense aérienne était en action au-dessus de la ville.

Un dépôt de carburant en feu après une attaque de drone, le 6 mai 2025 à Port-Soudan

Un dépôt de carburant en feu après une attaque de drone, le 6 mai 2025 à Port-Soudan

Planet Labs PBC/AFP

La veille, des frappes également attribuées par l'armée aux FSR avaient endommagé des infrastructures stratégiques, notamment l'aéroport civil, le dernier encore opérationnel du pays, une base militaire, une station électrique et des dépôts de carburant à Port-Soudan, principal port du pays.

Depuis la fin avril, la ville d'Atbara, capitale de l'État du Nil, souffre d'une panne de courant majeure après une attaque de drone ayant endommagé la centrale électrique, "perturbant gravement l'approvisionnement en oxygène dans les hôpitaux", selon Médecins Sans Frontières.

"Les attaques contre les infrastructures critiques, telles que les centrales électriques, ont un impact dévastateur sur la santé des communautés locales et limitent gravement la capacité d'un système de santé déjà surchargé", a déclaré Marta Cazorla, coordinatrice des urgences de MSF au Soudan.

"Lien vital"

A près de 600 kilomètres plus au sud, "trois drones ont tenté de frapper des installations aéroportuaires" à Kassala, une ville tenue par l'armée, près de la frontière avec l'Erythrée, a rapporté mercredi une source sécuritaire.

Le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, à Port-Soudan le 29 avril 2025

Le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, à Port-Soudan le 29 avril 2025

AFP/Archives

Les frappes font craindre une interruption de l'aide humanitaire au Soudan, où la famine a déjà été déclarée dans certaines régions et où près de 25 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire grave.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est déclaré "très inquiet". "Cette escalade majeure pourrait conduire à des victimes civiles à grande échelle et à une destruction encore plus grande d'infrastructures critiques", a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué.

Ces attaques contre "le principal point d'entrée de l'aide humanitaire au Soudan", menacent également d'"augmenter les besoins humanitaires et de compliquer encore plus les opérations d'aide", a ajouté M. Dujarric.

Il a également déploré "le manque de volonté politique des parties de retourner à la table des négociations".

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déraciné 13 millions de personnes.

Des drones "disponibles dans certains pays"

L'attaque de mercredi survient au lendemain de l'annonce de la rupture par le Soudan de ses relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis, accusés par Khartoum d'équiper les FSR.

De la fumée au-dessus de Port-Soudan après une attaque de drone, le 6 mai 2025 au Soudan

De la fumée au-dessus de Port-Soudan après une attaque de drone, le 6 mai 2025 au Soudan

AFP

Abou Dhabi, qui a toujours nié ces accusations, malgré des rapports d'experts de l'ONU, de responsables politiques américains et d'organisations internationales, a indiqué mercredi "ne pas reconnaître" la rupture des relations diplomatiques.

Les drones utilisés lors des récentes attaques "ne sont disponibles que dans certains pays" et les autorités "disposent d'informations documentées sur la nature et l'origine de ces armes", a affirmé mercredi le ministère soudanais des Affaires étrangères.

Après avoir perdu plusieurs positions, dont la capitale Khartoum en mars, les FSR, privées d'aviation, recourent davantage aux drones déployés depuis leurs bases dans la région du Darfour, à quelque 1.500 kilomètres à l'ouest de Port-Soudan. Le but est de couper les approvisionnements de l'armée, selon des experts.

L'Egypte, voisine du Soudan, reste le principal soutien de l'armée soudanaise, dont le chef s'est également rapproché de la Turquie et de l'Iran, qui lui auraient fourni des drones.

La Russie, qui soutenait auparavant les FSR, a désormais rejoint le camp de l'armée, cherchant à obtenir une base navale sur la mer Rouge.