La Somalie refuse toute médiation avec l'Éthiopie sans retrait d'Addis Abeba de l'accord avec le Somaliland

Le gouvernement somalien a exclu jeudi 18 janvier 2024 toute médiation avec l’Éthiopie. Cela tiendra jusqu'à ce que cette dernière annule un accord récemment conclu avec la région séparatiste du Somaliland, que Mogadiscio juge "illégal".

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Corne Afrique + Berbera

Berbera, dans le nord du Somaliland, est au coeur de l'accord signé entre l'Éthiopie et la région séparatiste.

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Les tensions sont fortes entre les voisins de la Corne de l'Afrique depuis un rapprochement entre Addis Abeba et le Somaliland. Cela s'est matérialisé par la signature le 1er janvier 2024 d'un accord prévoyant la location pour 50 ans à l’Éthiopie de 20 km de côtes du Somaliland.

Le Somaliland, un petit territoire de 4,5 millions d'habitants situé en face du golfe d'Aden, a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991. Mais celle-ci n'a pas été reconnue par la communauté internationale. La Somalie estime que l'accord du 1er janvier viole sa souveraineté territoriale et appelle la communauté internationale à la soutenir.

"Il n'y a aucune place pour la médiation, sauf si l’Éthiopie se retire de (ce) protocole d'entente illégal et réaffirme la souveraineté et l'intégrité territoriales de la Somalie", a déclaré le ministère somalien des Affaires étrangères dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux.

Mercredi, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine avait appelé l’Éthiopie et la Somalie à la "retenue", lors d'une réunion consacrée à ce dossier. Jeudi, le bloc régional d'Afrique de l'Est de l'Igad doit tenir une réunion extraordinaire en Ouganda sur le même sujet.

Depuis leur accord, les autorités d’Éthiopie et du Somaliland ont fait des déclarations contradictoires sur une éventuelle reconnaissance officielle par Addis Abeba de la souveraineté de la région séparatiste.

Accès à la mer Rouge

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique avec 120 millions d'habitants, l’Éthiopie, enclavée, affirme ces derniers mois vouloir retrouver un accès à la mer Rouge qu'elle a progressivement perdu. Cela a été en raison de l'indépendance en 1993 de l’Érythrée qu'elle avait annexée dans les années 1950, puis le conflit l'ayant opposé à Asmara de 1998 à 2000. L'essentiel de ses importations et exportations maritimes transite désormais par le port de Djibouti.

Région relativement stable comparée à la Somalie voisine en proie au chaos depuis trois décennies, la République autoproclamée du Somaliland dispose de ses propres institutions, imprime sa monnaie et délivre ses passeports. Mais l'absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement.

Elle reste pauvre malgré sa situation stratégique sur la rive méridionale du golfe d'Aden, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde, à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandeb menant à la mer Rouge et au canal de Suez.

Le Somaliland a conclu en 2018 un accord avec DP World pour la gestion du port de Berbera, dans la modernisation duquel le géant émirati de la gestion portuaire investit des millions de dollars. L’Éthiopie est partie à cet accord, qui lui accorde 19 % des parts du port.