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Un couvre-feu a été imposé dans quatre districts du sud du Malawi.
©Reuters
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La traque meurtrière des "vampires" au Malawi

Au Malawi, une étrange hystérie collective se propage au sein de la population qui craint des "vampires". Depuis plusieurs semaines, au moins neuf personnes ont été tuées, accusées d'être des suceurs de sang. Un couvre-feu a été instauré dans quatre provinces du sud du pays.
Plus de cent personnes arrêtées après le lynchage à mort, jeudi 19 octobre à Blantyre, de deux personnes accusées d'avoir bu du sang lors de cérémonies de magie noire. Ces deux décès portent à neuf, selon les autorités, le nombre de "vampires" battus à mort par la foule depuis un mois dans ce pays d'Afrique australe.

"Une personne a été tuée et une autre lapidée à mort par des foules en colère qui les accusaient d'être des buveurs de sang", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police, Ramsy Mushani. Ces incidents se sont produits dans deux quartiers de la capitale économique du pays Blantyre, Chileka et Kachere.

Les médias locaux ont diffusé via Twitter une vidéo montrant plusieurs personnes bombardant de pierres un homme ensanglanté et inanimé à terre. La police a procédé dans la foulée à un total de 124 arrestations, a indiqué le chef de la police malawite, Lexon Kachama, dans un communiqué. L'intervention des forces de l'ordre a provoqué de brefs heurts avec les habitants. "La situation est revenue à la normale à Blantyre", a toutefois assuré vendredi M. Mushani.

Selon des témoins contactés par l'AFP, la situation restait tendue vendredi dans ces deux townships, où des groupes de miliciens armés patrouillaient dans les rues en fouillant les véhicules.

La croyance en la sorcellerie est très répandue

L'existence de vampires fait l'objet de rumeurs et d'incidents récurrents au Malawi, petit pays d'Afrique australe où les croyances traditionnelles restent très ancrées dans la population. Le commissaire du district de Mulanje, Reighard Chavula, a déclaré qu'il était difficile d'aborder les meurtres sans briser la croyance basée sur le surnaturel depuis des générations.

"Les gens ont le sentiment que les allégations de sorcellerie et de magie ne doivent pas être contestées, qu'elles doivent être considérées comme vraies et que la sorcellerie, ainsi la peur qui existe dans la sorcellerie, vient de trouver un terrain fertile pour prospérer", a déclaré Reighard Chavula.

Les personnes atteintes d'albinisme sont souvent attaquées, les parties de leurs corps coupées pour des rituels. Les parties du corps des albinos, qui sont dépourvus de pigment de l'épiderme, des cheveux et des yeux, sont censées apporter de la richesse et de la chance et sont prisées dans la sorcellerie pour les charmes et les potions magiques.

La cheffe de la commune de Mulanje, Chikumbu, dit qu'elle a du mal à arrêter les rumeurs mais accuse aussi les gangs criminels d'en être à l'origine, pour terroriser les habitants.

Depuis le début de la vague d'incidents, les autorités locales ont imposé un couvre-feu dans quatre districts du sud du pays pour ramener le calme. Il y a dix jours, le président Peter Mutharika lui-même a dénoncé des "exemples très perturbants de justice populaire" et promis de mettre un terme à cette agitation.