Fil d'Ariane
"L'Algérie réclame la totalité de ses archives, dont une grande partie se trouve en France, qui a toujours avancé de faux prétextes, comme la déclassification de nombre d'archives pourtant réunies depuis plusieurs décennies", a déclaré M. Chikhi, cité par l'agence officielle algérienne APS.
"Les demandes de la partie algérienne sont claires et ne nécessitent pas de concertations", a estimé le directeur des archives nationales, ajoutant que "la question est immuable car le passé ne saurait être effacé ou oublié. Nous oeuvrons à ce qu'il [le passé] fasse partie de relations apaisées et équilibrées" à construire entre les deux pays, a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse au siège de la radio publique à Alger.
Abdelmadjid Chikhi a été chargé en juillet par le président algérien Abdelmadjid Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la Guerre d'Algérie, de concert avec l'historien français Benjamin Stora.
Evoquant la mission conjointe sur les questions mémorielles, M. Chikhi a précisé ne pas avoir commencé à travailler avec M. Stora qui, a-t-il dit, l'a contacté une seule fois par téléphone "pour s'excuser de ne pouvoir entamer le travail ensemble en raison d'un rapport demandé par le président Macron sur les étapes et les priorités de ce travail pour la partie française".
M. Chikhi a fait état d'"entraves" au travail de M. Stora, mentionnant "des parties en France qui cherchent à enterrer le passé et veulent que nous l'oublions".
"Il existe dans la société française des associations actives clamant que nous avons volé l'Algérie à la France, et c'est inconcevable", a accusé l'archiviste algérien.
Ce dernier a également critiqué la législation française de 2006 sur les archives publiques, stipulant qu'elles sont "inaliénables et imprescriptibles", en estimant que ce dossier "objet de négociations, n'est pas encore clos".
La France a restitué à l'Algérie une partie des archives qu'elle conservait, mais elle a gardé la partie concernant l'histoire coloniale et qui relève, selon elle, de la souveraineté de l'Etat français.
L'accès aux archives de la colonisation, déménagées en France après l'indépendance de l'Algérie en 1962, est une des principales revendications des anciens combattants algériens.
M. Macron, testé positif au Covid-19, s'est entretenu samedi au téléphone avec M. Tebboune, leur premier échange depuis que ce dernier a été hospitalisé après avoir contracté le virus en octobre, a indiqué la présidence française.
Les deux dirigeants "ont pris des nouvelles de leur santé respective et se sont souhaités un prompt rétablissement mutuel", a ajouté l'Elysée.
"Lors de leur entretien, M. Macron a informé (...) le président Tebboune que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à M. Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain", a affirmé de son côté la présidence algérienne dans un communiqué. Le rapport Stora a été annoncé initialement pour le mois de décembre.
Benjamin Stora a été chargé par Emmanuel Macron de "dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie", dans le but de "favoriser une réconciliation franco-algérienne".
M. Tebboune, 75 ans, est toujours en convalescence en Allemagne. Il était apparu dimanche dernier pour la première fois depuis son transfert médicalisé en Allemagne le 28 octobre dans un message vidéo. Visiblement amaigri, il a promis de rentrer en Algérie d'ici trois semaines au plus tard.
Souffrant de fatigue, toux et courbatures, Emmanuel Macron s'est lui isolé à la résidence officielle de La Lanterne, à Versailles, près de Paris. Son état de santé est "stable" et les résultats de ses examens cliniques et paracliniques "se sont révélés rassurants", selon un communiqué samedi du docteur Jean-Christophe Perrochon, médecin chef de la présidence.
MM. Tebboune et Macron ont également évoqué au téléphone "la relation bilatérale ainsi que les problématiques régionales" et ont convenus de s'entretenir rapidement sur ces sujets.
Emmanuel Macron a été récemment accusé d'"ingérence" après avoir salué, dans un entretien publié par l'hebdomadaire Jeune Afrique, le "courage" d'Abdelmadjid Tebboune et promis de "faire tout (son) possible pour l'aider" dans la "période de transition" que vit son pays.
Selon la présidence algérienne, les deux chefs d'Etat doivent reprendre contact début 2021 "pour aborder nombre de dossiers et de questions d'intérêts communs, notamment les questions régionales et la situation en Libye, au Mali et au Sahara occidental".