Soixante ans avant l'explosion des
productions made in Nollywood, le Béninois Paulin Soumanou Vieyra était l'un des précurseurs du 7ème art sur le continent Noir. Avec une version restaurée de son court métrage
Lamb, le cinéma africain fait aujourd'hui son entrée à Cannes.
Le cinéma subsaharien est un cinéma jeune, et Paulin Soumanou Vieyra, disparu en 1987, en était le précurseur. En 1955, il réalisait
Afrique sur Seine, un court métrage d'une vingtaine de minutes filmé à Paris, faute d'autorisation de tournage au Sénégal. Un film qui parle du déracinement et de la solitude des Africains à Paris, avec, pourtant, un message d'espoir.
Par la suite, Paulin Soumanou Vieyra tournera d'autres courts métrages, qui ont influencé de nombreux cinéastes africains, tels le Sénégalais Ousmane Sembène, réalisateur, entre autres, de
La Noire de... en 1966 ou du
Mandat, prix de la critique internationale à Venise en 1968. Un an plus tard se tenait la première édition du
Fespaco, le festival panafricain du cinéma. Et puis en 1975, l'Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina remportait la Palme d'or à Cannes pour
Chronique des années de braise.
En 2014, cinquante ans après sa réalisation, une version restaurée de
Lamb, de Paulin Soumanou Vieyra, était présentée à Cannes. Aujourd'hui,
Lamb est le premier film africain en compétition. Après
Timbuktu, du Mauritanien Abderrahmane Sissako,
Fièvres, du Franco-Marocain Hicham Ayouch ou
Un homme qui crie du Tchadien Mahamt Saleh Haroun, il se passe décidément quelque chose dans le cinéma africain. Quelque chose qui, en marge de la profusion de productions grand public de Nollywood, ressemble à une reconnaissance internationale.