Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a salué un homme "qui se bat pour la dignité des femmes, la justice et la paix dans son pays", en remettant la distinction décernée au gynécologue-obstétricien de 59 ans. "Notre pays est malade, mais ensemble, avec nos amis, nous pouvons et nous allons le soigner", a dit M. Mukwege dans son discours. Il a été longuement applaudi par des eurodéputés émus, tandis qu'une délégation congolaise entonnait des chants depuis les tribunes. "C'est mon 20e prix Sakharov, mais j'ai rarement vu pleurer des hommes et des femmes en plénière", a souligné Martin Schulz. Une action contre "la soumission d'un peuple" Denis Mukwege dirige depuis 1996 l'hôpital de Panzi à Bukavu dans le Sud-Kivu. Il s'est spécialisé dans la prise en charge d'une pathologie particulièrement cruelle: la destruction volontaire et planifiée des organes génitaux féminins. Les gens disent de lui que c’est un "juste qui répare les femmes". Un gynécologue dont les mains pansent les plaies les plus intimes, et dont la voix dénonce sans relâche le viol comme arme de destruction massive. Depuis qu'il a ouvert son hôpital a Panzi, près de Bukavu, il a probablement soigné plus de 40 000 femmes et petites filles violées. Détruire le vagin des femmes dit-il, c'est commettre un génocide à bas bruit. C'est détruire un tissu social, semer l'humiliation, la terreur, le désespoir, salir ce qu'il y a de plus beau, la maternité. Dans quel but ? Soumettre un peuple, le faire partir, s'approprier ses terres. Alors, Denis Mukwege dénonce… au risque de sa vie. Victime de six tentatives d'assassinat, dont la dernière a vraiment failli lui être fatale en octobre 2012. Il a failli abandonner, partir en exil avec sa famille. Mais il y avait ces femmes qui l'attendaient. Alors il est rentré. Depuis lors, il vit derrière les barbelés qui entourent désormais l'hôpital de Panzi, cet ilot d'humanité au milieu de l'enfer… L'enfer des bandes armées, des pilleurs, des compagnies minières sans scrupules, des profiteurs de guerre, un enfer où les 20 000 casques bleus de la Monusco se croisent les bras et ferment les yeux… Depuis qu'ils sont là, depuis 15 ans donc, on estime que 500 000 femmes ont été violées… Cet article est paru sur le site info de la
RTBF