Le financement, nerf de la guerre du sommet G5 Sahel

Les dirigeants du G5 Sahel, réunis en sommet dimanche 2 juillet 2017 au Mali, en présence du président français Emmanuel Macron, sont convenus d'un budget de 423 millions d'euros pour la force conjointe régionale, la FC-G5S, destinée à lutter contre les jihadistes.
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Sommet G5 sahel
Les cinq présidents des pays du G5 Sahel et leur homologue français, Emmanuel Macron, dimanche 2 juillet 2017, à Bamako, au Mali
©AP Photo / Baba Ahmed
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Le sommet G5 Sahel pour le lancement officiel de la force conjointe FC-G5S s'est déroulé dimanche à Bamako, en présence des cinq chefs d'Etat des pays concernés, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Idriss Déby Itno (Tchad), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger), rejoints dans la nuit de samedi à dimanche par le président français Emmanuel Macron.

Face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, le G5 a réactivé, lors d'un sommet en février 2017, le projet de création de cette force, destinée à lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel.

Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, avec un effectif initial de 5.000 hommes, la force sera basée à Sévaré, dans le centre du Mali. Le FC-G5S s'ajoutera à l'opération française Barkhane, qui traque les jihadistes dans le Sahel, et à la Mission de l'ONU au Mali (MINUSMA).
 

Financement de la force conjointe G5 Sahel

La question du financement a été au coeur des discussions à huis-clos lors du sommet de dimanche. Pour être mise en place et fonctionner de manière efficace, la force conjointe a besoin de 423 millions d'euros, selon le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. "Chacun de nos Etats (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad) va faire l'effort de 10 millions d'euros", a-t-il souligné, lors d'une conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron. Ce qui fera au total 50 millions d'euros, auxquels se rajouteront les 50 millions d'euros promis par l'Union européenne, "l'amorce d'un engagement dans la durée" que compte favoriser Paris, selon le président français Emmanuel Macron.

Mais il manquera toujours un budget de plus de 300 millions d'euros. Une conférence des donateurs doit se tenir dans les prochains mois. M. Macron a ajouté avoir "bon espoir que le 13 juillet", le Conseil franco-allemand à Paris permette aux deux pays d'"annoncer des engagements communs autour de cette alliance".

Le 21 juin dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a de son côté adopté une résolution qui "salue" le déploiement de cette force mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds. La question financière est d'autant plus sensible que le président tchadien, Idriss Déby Itno, dont le pays est déjà engagé dans la MINUSMA et dans la force multinationale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer du projet pour des raisons budgétaires.

Soutien de la France aux armées nationales

La France de son côté apportera 70 véhicules tactiques et un appui opérationnel, a annoncé le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, à l'ouverture du sommet. "Sur le volet militaire, c'est un effort équivalent à plus de 8 millions d'euros que nous consacrons d'ici la fin de l'année", a-t-il dit.

Mais, "pour garantir un soutien dans la durée, ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace, dans le respect des conventions humanitaires. Les résultats doivent être au rendez-vous pour convaincre nos partenaires", a prévenu le président français à l'intention de ses pairs.

S'exprimant souvent sur le ton de la remontrance collective, Emmanuel Macron a exhorté ses pairs à éviter dorénavant de "ne pas parler des vrais problèmes et faire semblant de faire". Dans cet esprit, il a pressé les dirigeants du G5 de mener "des réformes institutionnelles et des efforts de gouvernance, appelés par vos populations".

Diffusion d'une vidéo d'otages, concomitante au G5 Sahel

Samedi 1er juillet, la principale alliance jihadiste du Sahel,  le "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans" (GSIM), liée à Al-Qaïda, a diffusé une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017: une Française, une Colombienne, un Sud-Africain, un Roumain, une Suissesse et un Australien. La vidéo de 16 minutes et 50 secondes, non datée, a été publiée samedi via la messagerie sur internet Telegram, juste avant la tenue du sommet. Comme un défi lancé aux dirigeants du G5 Sahel...

L'allégeance de nombreux mouvements jihadistes du Sahel à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique "projette notre région dans un champ de confrontation mondiale", a souligné dimanche le président malien. "Nous avons chaque jour à affronter des terroristes, des voyous, des assassins", a de son côté affirmé Emmanuel Macron, avant d'ajouter : " (ils) se sont nourris de nos faiblesses, de nos hypocrisies, des complexes du passé, de notre inefficacité collective"