La Commission parlementaire "Congo-passé colonial" a démarré à l'été 2020. La naissance de cette commission du parlement s'inscrit dans le contexte du mouvement Black Lives Matter.
La naisssance de cette commission s'est également inscrit dans les regrets expimés par le roi Philippe pour la colonisation belge au Congo le 30 juin 2021. Le roi des Belges Philippe s'est ensuite rendu en RDC le 7 juin 2021. Au second jour de sa visite le 8 juin, le roi Philippe des belges a prononcera un discours dans lequel il a "regretté les blessures du passé".
La Commission parlementaire avait chargé alors dix experts de rendre un rapport aux parlementaires sur la question de la mémoire coloniale.
Le rapport de 689 pages a été rendu aux parlementaire de la commission "Congo-passé colonial" en octobre 2021.
Concernant les réparations, une des expertes du groupe de travail, l’historienne de l’art Anne Wetsi Mpoma avait alors milité en faveur de la reconnaissance de la colonisation du Congo comme un crime. Elle ne se prononce néanmoins pas sur l’ampleur du dommage en chiffres. "Le préjudice subi est impossible à quantifier, ce qui ne change rien au fait qu’il doit être réparé par une compensation financière."
La Chambre présente ses excuses aux peuples congolais, rwandais et burundais pour la domination et l’exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période.
Recommandation de Wouter De Vriendt, président de la Commisson parlementaire.
Le temps de lire les recommandations tenues dans les 689 pages, le président de la commission parlementaire qui s’est penchée durant deux ans et demi sur le passé colonial de la Belgique, Wouter De Vriendt vient de proposer ce mardi 22 novemmbre que l'État belge présente aux peuples colonisés "ses excuses".
Le parlement selon Wouter De Vriendt doit condamner "le régime colonial en tant que système fondé sur l’exploitation et la domination, qui reposait sur un rapport d’inégalité injustifiable caractérisé par le paternalisme, la discrimination et le racisme et qui a donné lieu à des humiliations", dit en effet l’une des recommandations formulées par le président de la Commission, Wouter De Vriendt.
"La Chambre présente ses excuses aux peuples congolais, rwandais et burundais pour la domination et l’exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le racisme et la discrimination qui les ont accompagnées", dit une autre recommandation qui demande au "pouvoir exécutif de faire des démarches analogues sur le plan des réparations symboliques".
Il y a toujours eu un mouvement en Belgique critique sur la colonisation notamment sous Léopold II. Ce n'est pas nouveau. Mais il est vrai que ce rapport et ce travail parlementaire sont inédits par leur ampleur.
François Ryckmans, journaliste spécialiste des questions mémorielles en Belgique.
Cette démarche parlementaire et ce rapport sur la question coloniale sont-ils inédits en Belgique ? François Ryckmans, journaliste à la RTBF, auteur de Mémoires noires: Les Congolais racontent le Congo belge 1940-1960, a travaillé sur la question de la mémoire coloniale en Belgique.
"Il y a toujours eu un mouvement en Belgique critique sur la colonisation. Il y a toujours eu ce mouvement en Belgique notamment sous Léopold II. Ce n'est pas nouveau", souligne François Ryckmans. "Mais il est vrai que ce rapport et ce travail parlementaire par leur ambitions sont inédits par leur ampleur", souligne François Ryckmans.
"Le travail des xperts dans le rapport était ambitieux, peut être trop à mon sens. Peut-on mettre sur le même plan la colonisation dans les années 1880-1900 et celle de 1960 ? Le Congo de Beaudoin n'était pas celui de Léopold II. Doit-on intégrer la question du racisme structurel dans la Belgique contemporaine dans la question de la réparation coloniale? En Russie par exemple les noirs et les Africains sont victimes de racisme pourtant la Russie n'a pas eu d'empire colonial en Afrique", explique le journaliste.
Voir : Passé colonial belge : quelle réparation ?
Baudouin a été roi des Belges de 1951 à 1993. Il a été roi lors de la déclaration d'indépendance du Congo en 1960. Léopold II a été roi des Belges de 1865 à 1909. Le roi de Belges contrôle directement la colonisation au Congo sous le nom de l'État indépendant du Congo. Il possède le Congo. Les exactions, les sévices et les assassinats se multiplient contre les populations. Les Congolais qui refusent d'obéir ont la main coupée. Les critiques se multiplient en Belgique contre les violences au Congo. Une Commission parlementaire est mise en place en 1904-1905 et la monarchie se voit retirer le contrôle de cette colonie. Les estimations du nombre de morts, victimes de la politique de Léopold II, varient entre 5 et 8 millions selon les historiens.
Une constante revient durant cette période cependant selon l'historien Romain Landmeters, chercheur à l'Institut de Saint-Louis, celle de la violence de la colonisation belge. "Il y a une constante, celle de la violence coloniale entre 1885 lorsque le Congo était la possession du roi Léopold II ou lorsque c'était l'Etat belge qui était le colonsateur de 1908 à 1960. Les résistances à la colonisation belge ont été réprimés dans le sang. Des émeutes en 1959 contre le colonialisme ont été également réprimés dans le sang. Le rapport va dans le sens de la vérité historique", estime pour sa part l'historien.
La question des excuses par contre pose la question effectivement des réparations financières. On s'engage dans un cadre inconnu.
François Ryckmans, journaliste spécialiste des questions mémorielles en Belgique.
Les questions liées au passé colonial en Belgique ont davantage progressé lorsque des Commissions ont été crées sur un thème précis selon le journaliste. "Nous avons davantagé avancé sur la question de l'assassinat de Lumumba avec la Commission parlementaire sur les circonstances de son exécution. Nous avons également davantage progressé sur la question de la restitution des oeuvres d'art dans ce cadre là", explique le journaliste.
Le président de la Commission parlementaire a lui souligné qu'il n' y pas d'accord politique sur cette question des réparations financière. Mais des excuses de l'Etat belge permettaient d'ouvrir justement ce débat autour de la question des réparations financières.
Romain Landmeters, historien.
La Belgique doit-elle s'excuser pour la colonisation en Afrique ? "La question des excuses implique celle des réparations. Les réparations symboliques sont fortes. Pourquoi ne pas mettre une statue de Lumumba dans Bruxelles ? Je crois dans les réparations symboliques comme la restitution des oeuvres d'art. La question des excuses par contre pose la question effectivement des réparations financières. On s'engage dans un cadre un peu inconnu. On le voit très bien avec la question de l'indemnisation par l'Allemagne envers la Namibie", explique François Ryckmans journaliste spécialiste des questions mémorielles en Belgique.
"Ce n'est pas pour rien que le roi Philippe, notamment lors de sa visite en RDC, avait employé le terme de "regrets" pour qualifier la colonisation en Belgique et non celui d''excuses' ", explique le journaliste.
En 2020, l'Allemagne a reconnu avoir commis un génocide en Namibie à l'époque coloniale et a promis plus d'un milliard d'euros de soutien financier aux descendants des victimes. Au moins 60.000 Hereros et environ 10.000 Namas furent tués entre 1904 et 1908. Le gouvernement namibien demande depuis 2021 une renégociation de cet accord jugé insufisant.