Fil d'Ariane
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Place de l'Etoile Rouge à Cotonou, Université Lumumba à Moscou... Autant de lieux et de noms qui évoquent l'histoire qui lie l'URSS au continent africain. Mais si cette page de l'histoire russo-africaine résonne encore à travers ces quelques vestiges, les premiers liens se seraient tissés bien avant : dès le Moyen-Âge, sur les terres du Proche-Orient.
A cette époque, comme l'indiquent les recherches de Alexandra Arkhangelskaya dans son article "Le retour de Moscou en Afrique subsaharienne", pélerins russes orthodoxes et chrétiens d'Afrique se rencontrent en Terre Sainte, pendant que musulmans russes et africains se croisent sur les sites sacrés de l'Islam. Des relations se créent, avant que les explorateurs russes parcourent le continent africain et que le sort d'un esclave africain, devenu aristocrate russe, marque à jamais l'histoire de la Russie : Abram Hanibal est l'aïeul du poète Pouchkine, figure nationale du pays.
Dès la fin du XVIIIe siècle, la Russie des tsars développe des liens diplomatiques avec l'Afrique. Des consulats sont ouverts en Egypte, puis progressivement dans d'autres pays : Ethiopie, Transvaal (actuelle Afrique du Sud), Maroc...
Les liens ne se tarissent pas à la chute de l'Empire russe, au contraire la Révolution d'octobre 1917 en crée de nouveaux : à travers l'Internationale communiste et via le parcours de plusieurs Africains, venus suivre à Moscou des formations politiques. Mais ces premières influences restent timides.
C'est après la Seconde Guerre Mondiale, alors que le monde est divisé entre le bloc soviétique et le bloc occidental, que l'onde de choc de la Révolution d'Octobre arrive sur les côtes africaines. Dans les années 1950 et 1960, la plupart des États du continent obtiennent leur indépendance des puissances coloniales, l'URSS défend alors les mouvements de libération nationale sur le continent. A cette époque, le puissant pays communiste considère les nations du "tiers-monde" comme des alliés potentiels contre l'Occident et peu de pays africains restent hermétiques aux idées portées par l'Union Soviétique, qu'ils choisissent comme alliée et alternative politique.
L'URSS déploie alors un contigent de conseillers dans plus de 40 pays : entre 1970 et 1975, ils seront plus de 40.000 en Afrique. L'Union soviétique signera également un accord pour la venue de nombreux étudiants africains sur son territoire.
Le bilan de l'ère soviétique en Afrique est toutefois considéré comme mitigé par de nombreux spécialistes. Des séries d'évènements ébranlent l'influence de l'URSS sur le continent : assassinats d'hommes politiques qu'elle soutenait, comme Patrice Lumumba d'abord renversé par Mobutu Sese Sekjo, avant d'être tué, expulsions de conseillers soviétiques par l'Egyptien Anouar el-Sadate...