Fil d'Ariane
Alger est quadrillée par la police ce lundi à la suite d'appels à manifester lancés sur la toile pour le deuxième anniversaire du Hirak. Le mouvement tente de se remobiliser après un an d'interruption dû à la crise sanitaire.
Des barrages de police ont été mis en place sur plusieurs axes routiers menant à la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP. Et un impressionnant dispositif policier a été déployé en ville, où l'on pouvait entendre des hélicoptères survoler Alger tandis qu'une pluie fine lavait les rues du vent de sable de la veille.
Très visibles, les forces de l'ordre procédaient à des contrôles d'identité près de la Grande Poste, lieu de rassemblement emblématique du Hirak, en particulier des jeunes.
Malgré ce dispositif, des protestataires ont commencé à défiler à la mi-journée, selon les mêmes sources. En province, des marches ont elles clairement démarré, notamment à Annaba, Oran, Béjaïa, Sétif, Bouira, Mostaganem et Constantine, selon les réseaux sociaux et des témoignages recueillis par l'AFP.
Le 16, des milliers de personnes manifestent à Kherrata pour le deuxième anniversaire du Hirak. Deux ans plus tôt, c'est dans cette ville de l'est de l'Algérie qu'avait eu lieu la première marche.
Le 18, le président fait un geste d'apaisement en graciant des dizaines de détenus d'opinion et appelle à des élections anticipées pour faire face à la crise politique.
Le 19, plus de 30 détenus d'opinion sont libérés, dont Khaled Drareni, le correspondant de TV5MONDE et Reporters Sans Frontières en Algérie, condamné à deux ans de prison en appel en septembre, et devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie. Depuis, près de 40 prisonniers ont été libérés.
Le 21, M. Tebboune dissout l'Assemblée populaire nationale (APN) et procède à un remaniement partiel de son gouvernement, sans changement d'équipe majeur, à la veille du 2e anniversaire du Hirak.
Le 22 février 2019, des milliers d'Algériens manifestent dans les grandes villes pour protester contre l'annonce du président Bouteflika, au pouvoir depuis deux décennies mais très affaibli depuis un AVC en 2013, de briguer un 5e mandat.
Le 10 mars, le chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, qui avait jusqu'alors multiplié les mises en garde envers les manifestants, affirme que l'armée "partage" les "mêmes valeurs" que le peuple. Le lendemain, M. Bouteflika renonce à se présenter à la présidentielle.
Quatre jours plus tard, des manifestations monstres ont lieu dans 40 des 48 préfectures du pays. Des diplomates évoquent "des millions" d'Algériens dans les rues.
Le 2 avril, M. Bouteflika démissionne. Les manifestations continuent, appelant au départ d'Abdelkader Bensalah (président du Sénat), de Taïeb Belaiz (président du Conseil constitutionnel) et de Noureddine Bedoui (premier ministre), trois hommes clés à qui la Constitution confie les rênes de l'intérim.
Le 9, Abdelkader Bensalah est nommé président par intérim. Les défilés se poursuivent.
Le 20 mai, le général Gaïd Salah, nouvel homme fort du pays, rejette les principales demandes du Hirak : le report de la présidentielle convoquée le 4 juillet et le départ des figures honnies du pouvoir en place depuis l'indépendance en 1962.
Le 2 juin, faute de candidats, le Conseil constitutionnel annule la présidentielle. Les Algériens continuent à manifester massivement et pacifiquement tous les vendredis, en particulier à Alger. Le 18 septembre, l'armée durcit le ton, indiquant qu'elle empêchera désormais les manifestants d'autres régions de se joindre aux cortèges d'Alger.
Le 25 septembre, un tribunal militaire condamne Saïd Bouteflika, le frère et influent conseiller de l'ancien président, perçu comme un successeur possible, et deux puissants ex-chefs du renseignement à 15 ans de prison pour "complot".
En janvier 2021, Saïd Bouteflika est relaxé, comme ses co-accusés, mais il doit encore être jugé pour corruption.
Des enquêtes pour corruption et népotisme ont été lancées après la démission de M. Bouteflika, conduisant à de multiples procès médiatisés.
En novembre 2019, Human Rights Watch, entre autres ONG, dénonce une "répression généralisée".
Le Parlement européen condamne "l'arrestation arbitraire et illégale", "les intimidations et les attaques" de syndicalistes, défenseurs des droits humains et manifestants.
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) comptabilise au moins 1.000 interpellations et 200 mandats de dépôt en 2019.
Le 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune, un ancien fidèle de M. Bouteflika, remporte l'élection présidentielle massivement boycottée par l'opposition. Il invite le Hirak au dialogue mais les protestataires le conspuent.
Le 20 mars 2020, pour la première fois depuis le début de la contestation, les rues d'Alger sont vides, après l'interdiction des rassemblements pour lutter contre le Covid-19. La progression de l'épidémie oblige les contestataires à suspendre les marches.
Le 1er novembre, le "oui" l'emporte au référendum sur une révision constitutionnelle - projet phare de M. Tebboune-, mais le scrutin est sanctionné par le taux d'abstention le plus élevé de l'histoire de l'Algérie. Le référendum se tient en l'absence du chef de l'Etat, atteint du Covid-19 et hospitalisé jusqu'à fin décembre en Allemagne.
Une dizaine de jours après son retour à Alger, M. Tebboune doit retourner à Berlin pour se faire soigner de "complications" post-Covid au pied droit. Il regagne Alger le 12 février 2021.