Le Kenya juge sa première affaire de contrebande de fourmis : un tournant dans la lutte contre la biopiraterie

Une affaire inédite de trafic d’animaux vient de s’ouvrir au Kenya, impliquant la contrebande de fourmis reines, une première dans le pays. Quatre adolescents originaires de Belgique, du Vietnam et du Kenya ont plaidé coupables pour avoir tenté de faire sortir illégalement plus de 5,000 fourmis. 

Image
Les ressortissants belges Lornoy David, à gauche, et Seppe Lodewijckx, à droite, sortent du palais de justice de l'aéroport international Jomo Kenyatta à Nairobi, au Kenya, le mercredi 23 avril 2025.

Les ressortissants belges Lornoy David, à gauche, et Seppe Lodewijckx, à droite, sortent du palais de justice de l'aéroport international Jomo Kenyatta à Nairobi, au Kenya, le mercredi 23 avril 2025. 

(AP Photo/Brian Inganga)
Partager 1 minute de lecture

Les insectes, dissimulés dans des tubes à essai et des seringues spécialement conçus, étaient maintenues en vie grâce à un système ingénieux à base de coton, permettant leur survie jusqu’à deux mois pendant le transport. Ces contenants avaient également été modifiés pour échapper aux contrôles de sécurité des aéroports, y compris les scanners à rayons X.

Ces fourmis sont très prisées sur les marchés d’animaux exotiques en Europe et en Asie, se vendant jusqu’à 170 livres sterling (plus de 200 dollars américains) l’unité, en raison de leur popularité dans les formicariums (habitats artificiels pour fourmis).

Les suspects, entrés au Kenya avec des visas touristiques, ont été arrêtés plus tôt ce mois-ci. L’un d’entre eux fait également l’objet d’une enquête pour financement potentiel du terrorisme, ce qui soulève des inquiétudes sur les liens entre le trafic d’espèces sauvages et l’extrémisme.

Le service de la Faune du Kenya (KWS) qualifie cette affaire de moment clé dans la lutte contre la « biopiraterie », l’exploitation commerciale non autorisée des ressources biologiques d’un pays. 

Les fourmis reines vivantes destinées à l'Europe et à l'Asie, au palais de justice de l'aéroport international Jomo Kenyatta, à Nairobi, au Kenya, le mardi 15 avril. 15, 2025.

Des fonctionnaires kenyans montrent des fourmis reines vivantes destinées à l'Europe et à l'Asie, au palais de justice de l'aéroport international Jomo Kenyatta, à Nairobi, au Kenya, le mardi 15 avril. 15, 2025. 

(AP Photo/Brian Inganga)

En tant que signataire du protocole de Nagoya, le Kenya exige un consentement préliminaire et un partage équitable des bénéfices pour tout accès à ses ressources génétiques. Les actes des suspects constituent une double infraction : trafic d’espèces sauvages et biopiraterie, passibles d’au moins cinq ans de prison et d’amendes de plus de 5000 livres sterling. 

Face à cette nouvelle menace, le KWS appelle à des mesures urgentes pour lutter contre le trafic d'animaux:

  • Utiliser de meilleurs scanners dans les aéroports et aux frontières
  • Sensibiliser les entreprises de livraison et les voyageurs à repérer et signaler les activités suspectes
  • Travailler avec des chercheurs pour comprendre la demande et l’impact sur la nature
  • Éduquer les communautés pour protéger la faune locale
  • Renforçer la surveillance aux frontières et dans les zones protégées pour arrêter les trafiquants

Cette affaire expose un changement préoccupant dans les tendances du trafic animalier : le passage des grands mammifères emblématiques à des espèces plus petites, souvent non protégés mais essentielles à l’équilibre des écosystèmes. Une coopération internationale renforcée s’impose. 

Les accusés seront jugés  le 7 mai.