Le Mali accuse la France de soutenir les terroristes, le chef de Barkhane juge "insultantes" ces allégations

Le Mali demande au Conseil de sécurité de l'ONU une réunion d'urgence pour faire cesser ce qu'il présente comme "les actes d'agression" de la France sous forme de violations de sa souveraineté, de soutien apporté selon lui aux groupes djihadistes et d'espionnage. Le pouvoir militaire du Mali se dit prêt à faire usage des armes contre l'armée française en cas de poursuite de ces violations de l'espace aérien en évoquant la "la légitime défense". "Ces accusations de soutien au terrorisme sont insultantes pour la mémoire de 59 des camarades (soldats français), des forces maliennes et des soldats de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme", a répondu le chef de Barkhane, le général Baratz.

 
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Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali, lors d'une rencontre avec son homologue russe à Moscou, Sergei Lavrov, le 20 mai 2022.
Yuri Kadobnov/Pool Photo via AP
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"Depuis le début de l'année 2022, les Forces armées maliennes, munies de nouvelles capacités, ont enregistré plus de 50 cas délibérés de violation de l'espace aérien malien par des aéronefs étrangers, notamment opérés par les forces françaises sous différentes formes".  Ces mots du ministre malien des Affaires étrangères, dans une lettre datée du 15 août, sont adressés à l'ambassadeur et représentant permanent de la République populaire de Chine auprès des Nations Unies, Zhang Jun, et Président du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le Gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l'espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour larguer des armes et des munitions.

Le ministre des Affaires étrangères du Mali Abdoulaye Diop

Le ministère malien des Affaires étrangères diffuse  ce mercredi 17 août auprès de journalistes une lettre en ce sens adressée par le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité.

"Le Gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l'espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour larguer des armes et des munitions", ajoute dans sa lettre le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop

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Le membre du gouvernement malien parle d'un aéronef dans le secteur de Lerneb (région de Tombouctou au nord du Mali) qui aurait transporté deux élements djihadistes dans la nuit du 06  au 07 août 2022 vers 3h30 du matin. "L'hélicoptère a embarqué deux élements d'Ibrahim Ag Baba, lieutenant d'Abou Talha, chef de 'lémirat de Tombouctou pour une destination inconnue", peut-on lire dans la lettre.
 

Ces accusations de soutien aux terrorisme sont insultantes pour la mémoire de 59 de nos camarades (soldats français), des forces maliennes et des soldats de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme.
Général Bruno Baratz, chef de l'opération Barkhane.

La France réagit 


Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères a réagit, jeudi 18 août, aux accusations maliennes. Il a condamné "la multiplication des manipulations de l'information qui ne doivent aucunement détourner l'attention de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays dont les populations sont les premières victimes".

Le ministère a également affirmé la volonté de la France de poursuivre "sans relâche le combat contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l'Ouest, en soutien des efforts politiques, civils et militaires de la CEDEAO et des États de la région, et en pleine coordination avec ses partenaires européens et américain engagés".

Il a réaffirmé l'annonce du Président de la République, Emmanuel Macron, selon laquelle "le retrait de la force Barkhane du Mali est effectif depuis le 15 août dernier et a été effectué en toute transparence avec les forces armées maliennes et avec les partenaires engagés à nos côtés".

Le général Bruno Baratz au micro de notre journaliste Fanny Naoro-Kabré, chef de l'opération Barkhane, estime que de telles accusations du pouvoir militaire malien sont "insultantes".

"Nous avons toujours dits ce que nous faisions. Nous avons été toujours transparents vis à vis des autorités du Mali. Ces accusations de soutien aux terrorisme sont insultantes pour la mémoire de 59 de nos camarades (soldats français), des forces maliennes et des soldats de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme", e
stime le général Bruno Baratz depuis Niamey.

59 soldats de l'armée française sont morts depuis 2013 dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

59 soldats de l'armée française tués dans la lutte contre les djihadistes au Sahel

"En cas de persistance, dans cette posture qui porte atteinte à la stabilité et à la securité de notre pays le gouvernement du Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense, conformément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies", ajoute Abdoulaye Diop dans sa lettre.
 
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Les dernières forces françaises ont quitté le Mali le 15 août 2022, en partant définitivement de la base de Gao. Le gouvernement allemand a fait état mercredi  17 août de la "présence présumée de forces russes en uniforme" dans la ville malienne de Gao juste après le départ lundi des derniers soldats français de l'opération antijihadiste Barkhane.