Fil d'Ariane
Le Premier ministre déclare que le Niger peut "surmonter" les sanctions imposées à la suite du coup d'État. Ali Mahaman Lamine Zeine l'affirme dans une interview réalisée ce 14 août pour le média public allemand Deutsche Welle.
Un marchand de rue à Niamey.
Pendant que la Cédéao se réunit à Addis Abeba pour discuter de "l'évolution de la situation au Niger et des efforts pour y remédier", le Premier ministre du Niger affirme que le pays est capable de fonctionner même avec les sanctions.
"Nous pensons que même s'il s'agit d'un défi injuste qui nous a été imposé, nous devrions être en mesure de le surmonter. Et nous le surmonterons", a déclaré au média public allemand Deutsche Welle Ali Mahaman Lamine Zeine, à propos des mesures prises par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Le Nigeria et la Cédéao sont des partenaires importants, a-t-il également assuré: "Nous avons un grand intérêt à préserver cette relation importante et historique et à faire en sorte que la Cédéao travaille d'abord sur des questions purement économiques".
Il met cependant en garde : "Si nous constations que le principe politique et militaire passe au premier plan, à la place de cette solidarité économique, ce serait très regrettable".
Le régime militaire a dénoncé le 13 août dans un communiqué "les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la Cédéao", prises lors d'un sommet de l'organisation le 30 juillet, au cours duquel avait aussi été fixé un ultimatum de 7 jours pour rétablir l'ordre constitutionnel, sous peine d'un recours à la force, non appliqué.
Pendant ce sommet, les États ouest-africains ont annoncé entre autres la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger, dépendant économiquement et énergétiquement de pays étrangers.
Ces sanctions "vont jusqu'à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires" et de "fourniture en courant électrique", ont déploré les militaires dans leur communiqué lu à la télévision nationale.
Ce 14 août, le Conseil de paix et sécurité, organe en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l'Union africaine (UA), tient une réunion à Addis Abeba pour discuter de "l'évolution de la situation au Niger et des efforts pour y remédier".
Cette réunion se tient après le report le 12 août d'une rencontre des chefs d'état-major de la Cédéao, qui visait à faire part aux dirigeants "des meilleures options" suite à leur décision d'activer et de déployer leur "force en attente", pour rétablir le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet.
Le calendrier et les modalités d'une éventuelle intervention militaire ouest-africaine n'ont pas été dévoilés. Les dirigeants de la Cedeao avaient toutefois réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour une résolution de la crise.
De leur côté, les auteurs du coup d'État soufflent le chaud et le froid, d'abord ouverts à la négociation selon une médiation nigériane en visite à Niamey ce week-end, puis annonçant ensuite vouloir poursuivre pour "haute trahison" le président renversé.
Dans l'interview à Deutsche Welle, le Premier ministre Zeine a jugé positive la visite de cette délégation de religieux nigérians musulmans.
La veille, le régime militaire a affirmé avoir réuni les "preuves pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger".
Il appuie ses accusations sur des "échanges" du président Bazoum avec des "nationaux", des "chefs d'État étrangers", et des "responsables d'organisations internationales".
La Maison de la presse du Niger, association regroupant les journalistes, s'inquiète des "pressions, menaces, intimidations" à l'encontre des journalistes. "Qu'ils s'agissent des journalistes locaux ou des correspondants étrangers, pourtant accrédités par les autorités nigériennes, ils sont nombreux à exercer leur profession dans une insécurité grandissante", ajoute-t-elle dans un communiqué.