Fil d'Ariane
Arpenter Bangui en compagnie d'une patrouille de la Minusca la veille d'une visite du secrétaire général de l'ONU a quelque chose d'étrange. Comme si dans la capitale, seule ville du pays où la sécurité est à peu près assurée, les casques bleus semblaient vouloir se convaincre eux mêmes.
Depuis notre déploiement, nous trouvons que la population est rassurée parce que, quand il y a un besoin, nous intervenons rapidement. Et puis nous sommes impartiaux et neutres dans toutes les situations. Cela rassure les gens.Lieutenant Albert Axel Mvitembe, Casque bleu
Mais une fois sorti de Bangui, c'est un tout autre discours que devrait entendre le sécrétaire général de l'ONU. Car, depuis cet été, le niveau des violences rappelle les pires heures de la crise centrafricaine entre 2013 et 2014, lorsque la Séléka s'emparait du pouvoir par la force provoquant la création des milices d'auto-défense antibalaka.
Le pays s'enfoncait alors dans un cycle de représailles de plus en plus meurtrières jusqu'au déclenchement de l'opération «Sangaris»
Mais depuis le départ des soldats français il y a un an les groupes armés contrôlent 80% du territoire, réduisant à néant toute tentative de sauvetage humanitaire.
A l'heure actuelle les Nations Unies dénombre plus d'un million de réfugiés et de déplacés et selon la Banque mondiale 3 quarts des centrafricains sont en situation d'extrême pauvreté. Quant aux ONG elles mêmes prises pour cible elles se désengagent par manque sécurité.
Le pays qui regorge de matières premières comme l'uranium ou le diamant ne peut même pas compter sur son économie exangue : au classement du Programme des Nations unies pour le développement, la Centrafrique est 188eme à la dernière place.